MÉTÉO. L’ouragan Lorenzo va-t-il toucher les côtes françaises à la fin de la semaine ? – Ouest-France
L’ouragan Lorenzo, certes rétrogradé en catégorie 4 sur 5, mais qui génère des vents de plus de 200 km/h, continue sa progression vers les Açores, cap sur l’ouest de l’Europe. L’archipel portugais devrait être durement touché par des rafales dévastatrices et des pluies diluviennes. Tandis que la France va sans doute heureusement échapper à ce phénomène violent. Voici pourquoi.
Cette fois, tout le monde ou presque est d’accord : l’ouragan Lorenzo ne devrait pas toucher nos côtes à la fin de la semaine. Pour au moins deux raisons.
Plus un ouragan mais une tempête
La première, triviale, est qu’il ne sera plus un « ouragan », au sens météorologique du terme, mais une tempête. Il perdra peu à peu ses caractéristiques tropicales après être passé sur les Açores, les eaux de l’Atlantique Nord n’étant plus assez chaudes pour alimenter sa démesure : même rétrogradé en catégorie 4 (sur 5), il balance ce lundi matin des vents établis à plus de 200 km/h et des rafales à 250 km/h.
Qu’on ne s’y trompe pas, cependant, à l’approche de l’Europe, cette tempête à centre chaud sera violente : les modèles prévoient de 55 à 60 nœuds établis. Il est donc heureux que ce phénomène assez exceptionnel passe a priori au large de nos côtes.
Car, et c’est la deuxième raison : les modèles européens et américains sont ce lundi midi sur la même longueur d’onde – ce matin tôt, ce n’était toujours pas le cas : la carte ci-dessus montre les différents scénarios possibles de la trajectoire de Lorenzo qui prévalaient encore voici quelques heures.
Le Centre européen de prévision météo à moyen terme (CEPMMT), le Global Forecast System (GFS) et le National Hurricane Center (NHC, carte ci-dessous) voient maintenant tous les trois Lorenzo passer sur le nord-ouest des Açores, mercredi matin, cap au nord-est ; puis infléchir sa course pour franchement grimper vers le nord, grâce à un anticyclone quasiment centré sur la France.
Lorenzo repoussé ?
Ce bouclier de hautes pressions va en effet « repousser » les assauts de Lorenzo (carte en tête d’article), qui devrait se cantonner aux abords immédiats de l’Irlande. Laquelle va peut-être même échapper aussi aux plus fortes rafales, ce point méritant quand même d’être affiné à mesure de la progression du phénomène vers le nord.
Les cartes ci-dessous montrent la progression de Lorenzo mercredi, jeudi et vendredi, alternativement selon les modèles du CEPMMT et de GFS.
Notez au passage comme Lorenzo va garder, voire creuser, son minimum de pression : il suffit pour cela de comparer les valeurs de mercredi à jeudi ; et comme il conserve une physionomie ramassée, dense, homogène, puissante, délivrant une énergie remarquable malgré la baisse de la température de l’eau.
Côté évolution, mercredi en milieu de journée, Lorenzo quitte les eaux açoriennes.
Jeudi à 0 h, il se retrouve à la latitude de Londres et, douze heures plus tard, il continue sa route vers le nord au voisinage immédiat de l’Irlande.
Vendredi à 0 h, les modèles européen et américain diffèrent quelque peu sur la position exacte de la tempête, tout comme sur sa trajectoire (cartes ci-dessous).
Une chose semble acquise, en tout cas vu d’ici : elle finira par perdre de sa dangerosité à mesure de sa montée en latitude.
Une bonne nouvelle : les ex-ouragans subtropicaux qui remontent plus ou moins directement vers nos contrées, sans faire de boucle vers l’ouest et les Caraïbes, peuvent être redoutables. Souvenez-vous d’Ophelia, en octobre 2017. Après être passé lui aussi sur les Açores, l’ex-ouragan avait durement cogné l’Irlande, emportant dans son sillage les sables du Sahara et les fumées des incendies espagnols et portugais, générant ainsi un ciel jaune hallucinant sur l’ouest de la France.
Quoi qu’il en soit, il va de soi que Lorenzo sera de toute façon à suivre de près jusqu’à la fin de la semaine. On sait la capacité de ces phénomènes violents à parfois déjouer les prévisions…