Méfiez-vous des agents immobiliers

Méfiez-vous des agents immobiliers

Quand on a éclusé plus de la moitié du catalogue horreur de Netflix, difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Heureusement, la comédie horrifique d’Osmany Rodriguez est venue enrichir la plateforme.

Gentrification

Miguel, Luis et Bobby sont amis depuis leur naissance. Surnommé le petit maire, Miguel se bat pour aider une bodega à survivre après une augmentation de loyer. Flanqué de Luis et Bobby, il sillonne le Bronx, affiches à la main pour récolter des fonds. Il est d’autant plus inquiet qu’autour de lui, de plus en plus de commerces ferment, rachetés par Murnau Properties.

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Les scénaristes n’ont pas eu à chercher loin pour trouver l’inspiration. En 2016 et 2018, plusieurs articles de presse faisaient état d’une gentrification du Bronx. Spike Lee s’en est ému, car les loyers ont flambé, poussant les locataires historiques hors de chez eux.  

La métaphore gentrification = invasion de vampires est parfaitement assumée par les créateurs du film, même si on ne peut pas dire qu’ils ont procédé avec subtilité. L’autre point assez réaliste est la disparition des habitants. Entre deux affiches annonçant le rachat ou la cession de propriété, fleurissent sur les poteaux des avis de disparition. Personne ne semble plus perturbé que cela dans la mesure où les disparus ne sont pas exactement des piliers de la communauté.

Vidéo et vampire

On savait depuis que le mythe du vampire existe qu’ils ne peuvent pas se refléter dans les miroirs. Cela tient au fait qu’ils n’ont pas d’âme et que seule une personne qui possède encore son âme peut avoir un reflet. Évidemment, cela ne s’applique qu’aux vampires. Bizarrement, dans tous les films d’extra-terrestres, le problème ne se pose pas. Est-ce dire que les aliens ont une âme ? Que dire de cyborgs de Terminator qui se reflètent aussi ? Ont-ils une âme ? Et les zombies de Resident Evil ?

C’est grâce à ce détail que nos trois compères vont comprendre que des vampires sont à la manœuvre. Ils ont bien révisé leurs classiques, notamment en jouant à Blade. Filmant une tuerie avec son smartphone, Miguel tente de démontrer sa bonne foi aux habitants du quartier. Mais il n’y a pas de vampire dans le film.

Heureusement, ils vont recevoir l’aide d’une adolescente qui connaît bien les vampires, les zombies, le vaudou. Comme elle le dit elle-même, elle est d’Haïti, sa grand-mère la prépare à ce genre d’éventualités depuis qu’elle est venue au monde. Toute ressemblance avec le pitch de Buffy contre les vampires serait évidemment purement fortuite.

Hacking et influenceuse

Si nos trois chenapans ont bien révisé leurs classiques pour débusquer et tuer les vampires, ils n’en sont pas moins des produits de leur époque. Pour prouver les intentions machiavéliques de Murnau, ils se rendent au siège et volent les données de l’ordinateur de la secrétaire. On notera que dans les films, la copie de données sur un support externe se fait toujours en quelques secondes. Dans la « vraie » vie, on a le temps de se faire un café, de lancer une machine à laver, de sortir les poubelles et de se faire alpaguer par sa voisine. Bien évidemment, il n’y a aucun mot de passe nulle part : ni sur l’ordinateur ni sur les dossiers.

Le tableau ne serait pas complet sans une influenceuse Instagram. Apparaissant au début du film, elle est accrochée à son smartphone, filmant ses déambulations dans le quartier, commentant tout ce qui passe devant ses yeux. C’est aussi elle qui conclut le film, lors d’une grande fête de quartier. Si on poussait la comparaison, on dirait qu’elle est la version 3.0 des commères de quartier, qui passaient leur temps à leur fenêtre, à cancaner à longueur de journée.

Même si le film est une comédie, il fait de multiples clins d’œil à des œuvres respectés du genre : Salem, que lit Luis, Blade, Dracula, Nosferatu, Buffy, etc. On notera que l’histoire a quelques traits communs avec Salem sur le plan géographique. En ce sens, Rodriguez a montré qu’il connaissait bien ses classiques. On apprécie également la présence de Method Man, qui joue un prêtre et de Shea Whigham, qu’on avait pu apercevoir dans Boardwalk Empire.

Des vampires dans le Bronx est un bon film à savourer un soir de confinement, sans prétention. Quant aux trois acteurs principaux, on leur souhaite une belle carrière.   

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