Matignon, perchoir de l’Assemblée et présidence de groupe: trois femmes au pouvoir, une situation… – BFMTV

C’est un moment historique. Depuis Matignon jusqu’à la présidence de groupes parlementaire d’opposition, en passant par celle du groupe de la majorité et peut-être par le perchoir de l’Assemblée nationale, des femmes politiques ont accédé aux plus hautes fonctions de la République à l’issue de ces législatives. Toutefois, la présence des députées au Palais-Bourbon est en recul.

L’une a été fraîchement choisie par la majorité pour diriger son groupe parlementaire, l’autre est sa candidate pour présider l’Hémicycle du haut du “perchoir”. Aurore Bergé et Yaël Braun-Pivet forment, avec Elisabeth Borne à Matignon, un trio de femmes au pouvoir, un tel alignement – qui doit encore se concrétiser par l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale mardi – constituant une première.

Bien que fragilisée après les législatives, et déjà mal aimée dans l’opinion, Elisabeth Borne, deuxième femme à la tête d’un gouvernement après Edith Cresson il y a trente ans, a été “confirmée” samedi par Emmanuel Macron “dans la durée”. Aurore Bergé, elle, a été élue mercredi dernier à 35 ans présidente des députés Renaissance (ex-LaREM). C’est la première fois sous la Ve République qu’une femme devient patronne du groupe majoritaire à l’Assemblée.

Montées en grade en série pour Yaël Braun-Pivet

Autre première: la présidence de l’institution devrait revenir mardi à une femme également, Yaël Braun-Pivet, via un vote de l’ensemble des députés. La députée élue dans les Yvelines est en tout cas la candidate désignée en vue de cette fonction par la majorité, certes relative. Elle succèderait alors à Richard Ferrand, un proche d’Emmanuel Macron défait dans les urnes. Novice en politique en 2017 et bombardée présidente de la commission des Lois au Palais Bourbon à l’époque, l’élue de 51 ans ne sera restée qu’un mois ministre des Outre-Mer. Elle a quitté ce week-end le gouvernement en vue du perchoir.

Réélue députée des Yvelines le 19 juin, elle a profité d’une fenêtre d’opportunité pour se présenter mercredi à une primaire interne pour la présidence de l’Assemblée, l’emportant sur un autre ex-président de commission (celle dédiée aux Affaires économiques) LaREM, Roland Lescure.

Solution de crise

Cette soudaine promotion des femmes à ces fonctions-clés a inspiré à Laurence Rossignol, ancienne ministre socialiste des Droits des femmes, une phrase reprise à Simone de Beauvoir.

“Il suffira donc d’une crise… pour qu’on laisse les femmes monter au feu”, a-t-elle ainsi tweeté.

Pour la députée sortante de la majorité Valérie Petit, il s’agit du “Glass Cliff Effect” ou effet “falaise de verre”, soit “la surreprésentation des femmes dans les postes de pouvoir en période de crise aigüe”.

“Ceux qui d’habitude ignorent leur talent se disent ‘On a tout essayé, faisons quelque chose qu’on n’aurait jamais imaginé: nommons une femme'”, a-t-elle relevé sur Twitter.

Ces victoires ont aussi l’allure d’une revanche sur les procès en incompétence ou le sexisme ambiant à l’Assemblée. “Certains députés ont pu me dire ‘Ne faites pas votre maîtresse d’école’, ou ‘Merci pour vos réflexions quasi maternelles'”, rapportait en 2019 dans Elle Yaël Braun-Pivet, avocate de profession et mère de famille nombreuse. Une référence transparente à des commentaires prononcés par le député LR – dernièrement réélu sous les couleurs d'”Ensemble” – Robin Réda lors d’une réunion de commission en janvier 2018.

Des promotions pour un trompe-l’oeil?

La féminisation de l’Assemblée, avec un record de quelque 39% de députés femmes en 2017, a cependant eu “beaucoup d’effets”, relevait encore Yaël Braun-Pivet auprès de l’AFP il y a quelques semaines. “De facto, certains comportements sexistes ont disparu et les femmes prennent davantage la parole”.

Mais l’accession de figures féminines à ces hautes reponsabilités de l’Etat s’accompagne d’un recul arithmétique. Car la proportion de députées a légèrement reflué avec les dernières élections législatives, passant à 37%.

“La faute à la fois au RN qui a présenté beaucoup de femmes dans des circonscriptions perdues d’avance, et à LR dont le féminisme n’a jamais été la tasse de thé”, explique à l’AFP la politologue Mariette Sineau, co-autrice de Femmes et République.

Et la poussée de la France insoumise, qui avait investi légèrement plus de femmes que d’hommes, “n’a pas suffi” à inverser la tendance. “Ce recul du nombre des femmes à l’Assemblée, ça fait mal”, lâche la chercheure Marlène Coulomb-Gully. Selon cette spécialiste des questions de genre, “quelque chose doit radicalement changer si l’on veut rendre l’engagement politique désirable pour les femmes”, notamment les horaires de travail.

Elle espère toutefois que “l’ordre du jour, la priorité du type des questions” – le “care“, l’enfance, les seniors, plutôt que le régalien – puissent “être infléchis par une assemblée où le nombre de femmes est relativement élevé même s’il est en baisse, et où des femmes occupent des postes décisionnels”.

L’opposition fait aussi la part belle aux dirigeantes

Trois groupes d’opposition sont de sucroît présidés ou coprésidés par des femmes. C’est le cas de la France insoumise qui a reconduit Mathilde Panot la tête de son contingent à l’Assemblée nationale, poste auquel elle avait remplacé Jean-Luc Mélenchon lors de la précédente législature, et du Rassemblement national avec Marine Le Pen.

Enfin, Cyrielle Chatelain codirige quant à elle le groupe écologiste, aux côtés de Julien Bayou.

R.V. avec AFP

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