Masques, cantines, écoles fermées… Les réponses aux 13 questions que vous vous posez avant la rentrée – Le Journal du dimanche

La rentrée scolaire approche en plein rebond épidémique, et les interrogations et inquiétudes se multiplient du côté des parents d’élève et professeurs autour du protocole sanitaire. Transmis aux recteurs le 20 juillet dernier, ce texte a été conçu en juillet, alors que l’épidémie refluait, notamment sur la base d’un avis du Haut Conseil de la santé publique. Le cadre qu’il fixe est bien plus souple que celui qui avait accompagné le déconfinement. Car l’objectif, insiste le ministère de l’Education nationale, c’est que tous les enfants retrouvent les bancs de l’école à temps complet.

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Selon les informations du JDD, le ministre Jean-Michel Blanquer rencontrera la semaine prochaine les syndicats des personnels de l’Education nationale, à commencer par les trois principales organisations de chefs d’établissement (SNPDEN, SGEN-CFDT, ID-FO) lundi soir, pour éclaircir les zones d’ombre. Tour d’horizon des questions que se posent les parents à l’heure de ressortir trousse et cartable des placards.

1- La rentrée va-t-elle être reportée?

“Non” a répondu le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, jeudi soir sur France 2. “L’éducation n’est pas une variable d’ajustement”, a-t-il affirmé. Les élèves reprendront donc le chemin de l’école mardi 1er septembre. Mais il a reconnu la possibilité qu’il existe “des exceptions locales” à “l’échelle d’une école, d’un établissement, ou même d’un territoire”. La décision reviendra aux préfets et aux agences régionales de santé. A La Réunion par exemple, la rentrée s’est déroulée le 17 août comme prévu, mais avec 24 établissements fermés sur 670.

2- Le protocole sanitaire va-t-il être modifié?

“Le protocole qui a été élaboré au mois de juillet prévoit tous les types de situation”, a argumenté Jean-Michel Blanquer jeudi soir. Il n’a donc pas vocation à être remplacé à court terme… mais a subi néanmoins une sérieuse correction : les collégiens et lycéens ne devront plus seulement porter le masque lorsque la distanciation physique d’un mètre est impossible, mais dans tous les espaces clos. “Il a toujours été dit que le protocole serait adapté au contexte sanitaire de la rentrée”, commente le ministère de l’Education nationale au JDD.

3- La masque va-t-il être généralisé à l’école?

A la rentrée, les collégiens et lycéens devront porter le masque en classe, dans les couloirs et dans tous les autres espaces clos. Pour les moins de 11 ans, cette obligation n’est pas encore au programme. “Il nous a souvent été dit par les scientifiques que c’était plutôt contre-productif”, a justifié Jean-Michel Blanquer sur France 2. Difficile pour les petits en effet de se conformer à la discipline qu’implique un masque. “On pourrait imaginer dans les temps futurs que les élèves de CM1 et de CM2 par exemple soient concernés, a suggéré le ministre. Les avis scientifiques que l’on a recueillis jusqu’à présent ne vont pas jusque-là.”

Concernant les espaces extérieurs, notamment les cours de récréation, l’appréciation est laissée aux chefs d’établissement. A eux d’aviser selon la configuration des lieux, la densité de l’établissement ou encore le contexte épidémique local. “Notre responsabilité est de donner un cadre général et de faire confiance au terrain pour les cas particuliers”, explique-t-on rue de Grenelle.

Une liberté qui inquiète Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du SNPDEN, principal syndicat de personnel de direction, affilié à l’Unsa. “Est-ce que les élèves pourront se retrouver et se mélanger dans la cour sans masque, avec masque? Je ne considère par avoir compétence pour évaluer cela et je voudrais que la règle soit claire”, indique-t-il au JDD. Igor Garncarzyk, secrétaire général du Snupden-FSU, redoute également une difficulté pour les proviseurs à faire respecter les règles sans l’appui d’une règle univoque au niveau national.

4- Les professeurs feront-ils classe masqués?

Là aussi, la règle a changé par rapport au texte de juillet. Tous les adultes, professeurs inclus, devront porter le masque dans les lieux clos. Pour les instituteurs en maternelle, il est seulement recommandé. En visite dans une école de l’Oise vendredi, Jean-Michel Blanquer a estimé au micro de BFMTV que “quand il y a une distanciation physique de plus de deux mètres, il est possible pour le professeur d’enlever son masque”.

Auprès du JDD, le ministère clarifie : “Le principe, c’est que tous les adultes portent le masque à l’école élémentaire, au collège et au lycée. Pour des raisons pédagogiques et en cas exceptionnel, un professeur pourrait retirer son masque mais il doit se trouver à plus de deux mètres des élèves.” Et de citer le cas d’un instituteur qui doit montrer à des écoliers de CP comment se prononce un son. Un enseignant ne peut donc pas faire cours sans masque par convenance personnelle. Ces exceptions, ajoute le ministère, seront davantage détaillées dans les jours qui viennent après consultation des syndicats et des autorités de santé.

5- Puis-je choisir de garder mon enfant à la maison si j’ai peur du virus ou si mon enfant est vulnérable?

Le ministre a insisté jeudi soir : “L’enseignement est obligatoire”. Le plan de continuité pédagogique confirme que “la présence des élèves en classe est impérative et n’est pas laissée à la libre appréciation des parents”. Les enfants sont donc tenus de se rendre à l’école. Des dérogations exceptionnelles seront accordées “sur certificat médical”, a ajouté Jean-Michel Blanquer. 

6- Est-ce que les écoles peuvent à nouveau fermer?

C’est une hypothèse envisagée par le ministère, qui prévoit d’ailleurs un “plan de continuité pédagogique” dans le cas où des établissements devraient fermer. Si un cas positif est identifié dans une classe, la fermeture de celle-ci ou de l’école toute entière n’est pas automatique : “C’est au cas par cas qu’on prend les mesures, a expliqué Blanquer. C’est avec les autorités de santé que nous décidons.”

Dans le détail, deux scénarios sont étudiés. Face à une circulation “active” du virus, les élèves pourraient alterner entre devoirs à la maison et cours en petits groupes. Tous doivent “avoir accès à des cours en présentiel chaque semaine”, insiste le texte, et les élèves de CP-CE1 en zone d’éducation prioritaire “devront impérativement être scolarisés à temps plein”. Mais si le virus venait à se propager de façon “très active”, les établissements du périmètre concerné fermeraient alors tous leurs portes.

7- Les enseignements à distance et numériques ont-ils été renforcés?

“Nous sommes prêts, a assuré Jean-Michel Blanquer sur BFMTV vendredi au sujet d’un éventuel retour de l’école à la maison. Nous avons des centaines d’heures de cours enregistrés.” Sur le plan matériel, il a évoqué une “prime d’équipement” pour les enseignants, mais celle-ci ne serait pas versée avant début 2021. Pour Sylvie Perron, secrétaire fédérale à la SGEN-CFDT, parents, élèves et professeurs pourront bénéficier de l’expérience acquise pendant le confinement. Mais ce profit sera, selon elle, limité. “On n’a eu peu de temps entre le départ des élèves en juillet et les congés pour capitaliser sur cette crise et échanger entre équipes sur ce qu’il faudrait faire si jamais ça réarrivait… et ça risque d’arriver plus vite que prévu”, relève-t-elle.

8- Les cantines vont-elles fonctionner?

Interrogé par le JDD, le ministère de l’Education nationale indique qu’il faudra respecter une distance d’un mètre entre chaque enfant. Par exemple en utilisant de nouvelles salles, en déjeunant d’un sandwich en classe, en mangeant dehors ou encore en augmentant le nombre de services pour échelonner les passages à la cantine. Si toutes ces options sont épuisées, les enfants pourraient être contraints à déjeuner côte à côte, sans distanciation. Mais il deviendrait alors impératif, poursuit le ministère, d’éviter les brassages entre groupe, a fortiori dans les zones de circulation active du virus. Traduction : les membres d’une classe mangeraient tous ensemble dans une partie du réfectoire et dans un créneau précis.

Les établissements et les collectivités territoriales, qui gèrent les cantines, devront identifier des solutions au cas par cas. En pratique, les marges de manœuvre sont minces, regrette Bruno Bobkiewicz, du SNPDEN. “Dans plein d’établissements, on est déjà au maximum de l’étalement”, observe celui qui compte demander lundi soir au ministre s’il faut “conseiller à certaines familles de ne pas s’inscrire en demi-pension dans un premier temps”.

9- Les transports scolaires seront-ils assurés?

Comme précisé dans le protocole sanitaire, les enfants pourront profiter des transports scolaires même si la distance d’un mètre n’est pas possible. Ils devront porter un masque s’ils ont plus de 11 ans.

10- Les élèves pourront-ils faire du sport, aller au cours de musique et profiter des activités périscolaires?

Certains cours comme le sport semblent moins compatibles avec le respect des gestes barrière. D’après le protocole sanitaire, ces activités seront de nouveau possibles, mais les établissements devront s’adapter au cas par cas, par exemple en désinfectant le matériel après chaque utilisation. “Nous avons eu quelques indications, par exemple sur l’impossibilité d’utiliser des vestiaires collectifs en cours d’EPS, détaille Igor Garncarzyk, du Snupden-FSU, mais des interrogations demeurent sur le maintien des chorales.” La plupart de ces activités mobilisent des petits groupes et permettent donc plus facilement la distanciation. “Mais elles regroupent aussi des élèves de différentes classes, note Igor Garncarzyk. On est confronté à des injonctions contradictoires.”

Les activités périscolaires et des temps d’activités périscolaires (prévus par la réforme des rythmes scolaires) sont elles de la charge des collectivités. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Association des maires de France a demandé une rencontre avec Jean-Michel Blanquer. “Concernant la période périscolaire, la cantine et la garderie, cela serait intéressant qu’on puisse savoir si on peut brasser les enfants ou non, ou jusqu’à combien de services on peut faire, indique Agnès Le Brun, maire (LR) de Morlaix et rapporteure de la commission éducation, au JDD. Il faut avoir quelques pistes par anticipation.”

11- Des lieux alternatifs vont-ils accueillir des enfants?

Pour gagner de la place, des établissements et collectivités réfléchissent à accueillir la cantine ou d’autres activités dans des gymnases, bibliothèques ou des salles polyvalentes. C’est le cas de la ville de Paris, selon Le Parisien.

12- Qu’est-il prévu pour remplacer les professeurs malades?

Sur certificat médical, certains enseignants faisant partie des publics vulnérables pourraient bénéficier d’un arrêt de travail. D’autres risquent de manquer à l’appel au gré des quatorzaines. Mais pour le ministère, “le besoin de remplacement ne sera pas au niveau de ce qu’on a pu connaître fin juin, car le principe c’est que tous les professeurs reviennent”.

De leur côté, les organisations syndicales sondées par le JDD sont sceptiques. “Les remplacements ont toujours été un point d’achoppement, commente Sylvie Perron, du SGEN-CFDT. Pour les arrêts de longue durée, on sait qu’on va au-devant de difficultés.” Elle craint donc que davantage d’élèves perdent des heures de cours.

13- Si l’école de mon enfant ferme, pourrais-je bénéficier d’un arrêt de travail?

Jusqu’au 5 juillet dernier, les parents qui devaient s’occuper de leur enfant dont l’école était fermée pouvaient bénéficier d’un arrêt de travail dérogatoire pour “garde d’enfant”. A ce jour, le gouvernement n’a pas annoncé le retour de cette disposition. Le ministère de l’Education nationale promet néanmoins “d’aider” certains parents confrontés à des difficultés, dans des modalités qui pourront varier “selon les circonstances et les cas”.

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