Masques : Blanquer critiqué après avoir alourdi la liste de fournitures – Libération

«Le masque sera une fourniture comme une autre ; comme on vient avec sa trousse ou ses cahiers.» Sous entendu : c’est aux familles de les procurer à leurs enfants. Ces propos tenus jeudi soir par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, sur France 2, ont suscité l’ire des enseignants et des parents d’élèves. «C’est un déni de réalité et une confusion des genres. Le masque n’est pas un outil éducatif. Il ne viendrait à personne l’idée de dire que la ventoline d’un enfant qui souffre d’asthme est une fourniture», s’indigne Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE.

«Coût et frais»

La fédération de parents d’élèves lance d’ailleurs une pétition, dont l’un des objectifs est que «les masques soient pris en charge gratuitement par l’Etat et que les enseignants à risque et les enfants fragiles aient des masques FFP2 à leur disposition».

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Lors de son intervention, Jean-Michel Blanquer a rappelé que l’allocation de rentrée scolaire était augmentée de 100 euros cette année en raison de la crise sanitaire. Mais l’argument ne passe pas. «Les masques représentent 200 euros par mois pour une famille avec deux enfants», estime Rodrigo Arenas. Chez les enseignants, Frédérique Rolet, présidente du Snes-FSU, le syndicat majoritaire dans le secondaire, souhaite également «la gratuité des masques pour les élèves». Et considère qu’une hausse de l’allocation de rentrée scolaire n’a pas de rapport avec la question des masques puisque «chaque rentrée voit une augmentation du coût des fournitures et des frais supplémentaires» pour les familles.

«Faute sanitaire»

Les organisations syndicales ne sont pas les seules à plaider en faveur d’une prise en charge. Le maire EE-LV de Grenoble, Eric Piolle, a estimé sur France Info qu’«aller vers la gratuité et la fourniture de masques dans les collèges et les lycées semble indispensable». Et le député LFI Eric Coquerel a pointé dans un tweet une «faute sanitaire» du ministre de l’Education : «Le principe de l’école est, en théorie, d’être gratuite et obligatoire. Si y aller implique désormais de porter obligatoirement un masque alors il doit être gratuit.» Depuis le déconfinement, La France insoumise défend cette position : ses députés avaient même déposé une proposition de loi le 28 avril préconisant la fourniture gratuite de masques à tout le monde dans un objectif de santé publique. Une idée qui a depuis cheminé dans les partis. D’abord à gauche : Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale, a demandé la distribution d’un quota de masques gratuits par citoyen le 4 août. Mais aussi à droite. Lundi le député LR Eric Ciotti s’est fendu d’un tweet sur le sujet : «Le coût des masques pénalise les populations les plus précaires. Pour garantir son égal accès a tous, […] j’appelle à sa gratuité.» Le porte-parole du RN Laurent Jacobelli s’est aussi prononcé pour des masques gratis. Seule la majorité présidentielle reste muette.

Face aux réactions hostiles, Jean-Michel Blanquer a tenté de retropédaler. En déplacement dans une école de l’Oise, il s’est dit être «en situation de fournir des masques aux élèves qui en ont le plus besoin», confirmant une politique au cas par cas. «On regarderait avec l’élève et sa famille la réalité du problème», a-t-il ajouté. Ce qui ne convainc pas Rodrigo Arenas : «La gratuité des masques, ce n’est pas la politique de la débrouille, […] c’est à l’Etat de la prendre en charge.»
Thibaut Ghironi

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