Marine Le Pen quitte la présidence du RN, un tournant dans l’histoire du parti? – Le HuffPost

GEOFFROY VAN DER HASSELT via AFP
Marine Le Pen lors du deuxième tour des élections régionales dimanche 27 juin au siège du parti à Nanterre.

POLITIQUE – Dans la vie, certaines choses semblent éternelles. Le cycle des marées, la rotation de la Terre autour du soleil et la présidence du Rassemblement national occupée par un membre de la famille Le Pen. Or, à l’occasion du congrès du parti d’extrême droite qui s’ouvre ce samedi 3 juillet à Perpignan, une modification des statuts va entraîner une petite révolution au RN: la possibilité pour Marine Le Pen de se mettre en retrait de la présidence du parti le temps de la campagne présidentielle. 

Un changement symbolique, puisqu’il est question par cette manœuvre de souligner que la députée du Pas-de-Calais ne fera pas campagne en qualité de présidente du RN, mais en tant que représentante d’une aspiration plus large. Ce qui est censé parachever son processus de “normalisation”. Pour autant, pas question d’abandonner sa mainmise sur les troupes. Et pour cause, Marine Le Pen, seule candidate à la présidence du parti, va bien être reconduite par un vote de l’assemblée générale ce week-end. Et ce, jusqu’au prochain congrès, qui, selon les statuts du parti, doit se tenir dans trois ans.

″Ça ne va pas changer la donne”

Dans un second temps, une assemblée générale extraordinaire va voter une modification statutaire, prévoyant que la présidente puisse se mettre en congé de la présidence pour une durée d’un an: le temps de la campagne présidentielle. Pendant ce temps, la présidence par intérim du parti reviendra au premier vice-président du RN (lequel sera choisi ce week-end dans le cadre du vote sur le renouvellement de son état-major). Au terme de cette période, Marine Le Pen retrouvera automatiquement son siège de présidente. Alors, cet ajustement symbolique constitue-t-il une rupture au sein d’un camp qui n’a connu que deux présidents en près de 50 ans d’existence: Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine? 

Pour un haut cadre du parti à la flamme, cela ne change en réalité pas grand-chose. “Il n’y a aucun enjeu de pouvoir ni aucun enjeu de succession. Ça ne va pas changer la donne, puisque c’est Marine à la fin qui conserve le pouvoir réel”, observe un membre du bureau exécutif du RN. Raison pour laquelle, selon cette même source, le nom du futur président par intérim importera peu.

“Je pense que ce sera Jordan Bardella, mais il ne faut pas en tirer des conclusions trop politiques. Cela ne va en réalité rien changer”, veut croire notre interlocuteur, alors que Louis Aliot, victorieux aux élections municipales dans la ville qui accueille le congrès, a pourtant fait acte de candidature par voie de presse. “Ce ne serait pas déconnant que je prenne la présidence par intérim. Il faudra travailler à l’ouverture pour les législatives de 2022. Je connais un certain nombre de zozos”, a-t-il insisté dans les colonnes de L’Opinion. Comme si une brèche avait été ouverte, et que cette expérience à la tête du parti pourrait être utile en cas d’échec de Marine Le Pen à la présidentielle. En effet, quelle meilleure position pour assoir sa légitimité et contester un leadership en cas de troisième défaite consécutive?      

Une PME familiale pour toujours?

Un hypothétique opportunisme d’appareil auquel ne croit pas le député RN Nicolas Meizonnet. “Que ce soit Jordan ou Louis, les deux feraient d’excellents présidents par intérim”, démine auprès du HuffPost l’élu gardois, pour qui le congrès du RN sera davantage l’occasion “de tirer les leçons des élections régionales tout en conservant la cohésion” que de rebattre durablement les cartes du parti. Spécialiste de l’extrême droite, l’historien Nicolas Lebourg est beaucoup moins catégorique. “La vérité, c’est qu’on ne sait pas vraiment ce qu’il en sera. Marine Le Pen n’a pas dit ce qu’elle comptait faire en cas de défaite”, observe le chercheur.

“En cas de troisième échec, statutairement, rien ne l’empêchera de revenir. Mais après une telle défaite, elle pourrait avoir la sagesse de se retirer de la vie politique. Et là, la personne qui l’aura remplacée aura un coup d’avance sur les autres prétendants à la présidence du RN, le parti étant traditionnellement loyaliste”, poursuit Nicolas Lebourg.

Un renouvellement qui permettrait au parti lepéniste de se libérer des accusations en PME familiale? Pas sûr. Puisque Jordan Bardella vit en couple avec Nolwenn Olivier, fille de Marie-Caroline Le Pen et de Philippe Olivier, respectivement sœur aînée et conseiller spécial de la cheffe du parti. Quant à Louis Aliot, il n’est autre que l’ex-compagnon de Marine Le Pen. Preuve s’il en est que la dimension familiale sera toujours prégnante, quel que soit le scénario qui s’imposera à l’issue de l’élection présidentielle. 

À voir également sur Le HuffPost: Marine Le Pen veut “laisser le sport en dehors de la politique” tout en faisant régulièrement l’inverse

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading