Manifestation interdite à Paris : la crise israëlo-palestinienne enflamme la classe politique française – Le Parisien

Comme à chaque embrasement au Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien s’invite sans tarder dans la vie politique française. « Pourquoi les gens ne prennent pas un livre tranquillement et lâchent leur téléphone en ce week-end de l’Ascension, se lamente un poids lourd du Parlement. Ce n’est pas le moment de rajouter du bazar. On a suffisamment de boîtes d’allumettes à l’intérieur de notre pays, pour ne pas aller en chercher d’autre à l’extérieur. »

Seulement voilà : le sujet est trop explosif à gauche, comme à droite. Les commentaires ont fusé immédiatement après les heurts sur l’esplanade de la Grande mosquée à Jérusalem, puis les tirs de roquettes en direction d’Israël, suivies des frappes en répliques de Tsahal. « Ce qui est à l’œuvre, c’est la colonisation systématique et illégale de Jérusalem-Est par le pouvoir extrémiste de Netanyahou, par une armée d’occupation et par des colons fanatisés », s’est par exemple insurgé au Sénat le communiste Pierre Laurent.

La tension est encore montée d’un cran après la décision de Gérald Darmanin d’interdire la manifestation propalestinienne prévue samedi à Paris entre Barbès et Bastille qui, à Paris, a suscité l’ire de la gauche de la gauche. La France est le « seul pays au monde où sont interdites toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens et de protestation contre le gouvernement d’extrême droite israélien ! C’est évidemment dans le seul but de provoquer des incidents et pouvoir stigmatiser cette cause », a tweeté le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Le gouvernement s’est justifié par la crainte de « troubles à l’ordre public », comparables à ceux qui avaient émaillé les rassemblements de 2014 dans le même quartier de Barbès. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs envoyé un télégramme à tous les préfets pour leur demander de la « vigilance » et de « mobiliser les services de renseignement ».

Mais ce sont surtout les messages de soutien à Israël qui ont été les plus nombreux. Notamment à droite. « À la suite des pluies de bombes envoyées sur Israël par le Hamas, organisation terroriste, et des légitimes ripostes d’Israël, mes pensées vont à toutes les victimes, a réagi la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse. Je souhaite pour les Israéliens et les Palestiniens le respect du droit international et le retour de la paix ». Le député LR Éric Ciotti a réclamé pour sa part l’interdiction des manifestations pro palestiniennes à Nice.

Dossier ultrasensible

Dans la majorité, de nombreux parlementaires ont exprimé leur condamnation des tirs de roquettes. « Il y a clairement un agresseur et un agressé, commente le député LREM, Sylvain Maillard. Le Hamas bombarde une démocratie, balance des missiles au hasard sur la population, on ne peut pas rester insensible. » L’ancien Premier ministre socialiste, Manuel Valls, proche des macronistes, a haussé le ton : « La France doit soutenir clairement Israël et son droit à se défendre. Et le gouvernement doit veiller à interdire toutes ces manifestations de soutien au Hamas, prévues dans les jours prochains, qui seront une nouvelle fois des rassemblements antisionistes et antisémitismes. »

Conscient du caractère ultrasensible du dossier, Emmanuel Macron a réagi par le biais d’un communiqué, publié jeudi en fin d’après-midi. Le chef de l’Etat dit « fermement condamner les tirs revendiqués par le Hamas et d’autres groupes terroristes visant le territoire israélien, mettant en grave danger la population de Tel Aviv et d’autres villes et nuisant à la sécurité de l’État d’Israël. » Le président s’est entretenu avec Mahmoud Abbas. Il a également prévu d’échanger avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour « dire l’urgence d’un retour à la paix, d’une relance décisive des négociations » et « la volonté de la France d’y contribuer dans le respect des aspirations légitimes de chacun ». Une position d’équilibriste.

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