Mali : Etats-Unis, UE, Algérie… Les militaires sous pression au lendemain du coup d’Etat – 20 Minutes

Rassemblement place de l’Indépendance à Bamako, au Mali, le 19 août 2020. — Arouna Sissoko/AP/SIPA

Le Mali s’enfonce un peu plus dans la crise. Le pays s’est réveillé sans chef d’Etat ce mercredi, après la démission du président, arrêté par un groupe de militaires. Face à cette situation, la communauté internationale se dit préoccupée, et accentue la pression sur les militaires. Les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA), tous réclament la libération « immédiate » du président Ibrahim Boubacar Keïta.

A l’issue d’un sommet extraordinaire de l’UE, les 27 ont réclamé un « retour immédiat de l’état de droit » au Mali. « La stabilité de la région et du Mali, la lutte contre le terrorisme doivent demeurer des priorités absolues », a déclaré le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, soulignant « l’extrême préoccupation » des Européens.

L’Afrique du Sud appelle l’armée à « rentrer dans les casernes »

Les Etats-Unis « condamnent fermement la mutinerie du 18 août au Mali comme nous condamnerions toute prise du pouvoir par la force », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, sans parler de coup d’Etat. Il a appelé à « œuvrer au rétablissement d’un gouvernement constitutionnel ».

Le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, a également condamné le « changement inconstitutionnel » de régime à Bamako et « exigé la libération immédiate du président, du Premier ministre et des autres ministres » toujours aux mains des militaires, appelant l’armée à « rentrer dans les casernes ».

L’Algérie, qui partage 1.400 km de frontières avec le Mali et a joué un rôle important dans les pourparlers de paix dans ce pays, « réitère son ferme rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement ». Le Maroc, partenaire du Mali, s’est dit « attaché à la stabilité de ce pays ».

« Ai-je réellement le choix ? »

Le président Keïta et le chef du gouvernement, Boubou Cissé, étaient toujours au camp militaire de Kati, le quartier général des auteurs du coup d’Etat près de Bamako, a indiqué à l’AFP une source au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), l’instance créée mardi par les putschistes. D’autres responsables civils et militaires ont également été arrêtés mardi.

Le président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans, a annoncé à la télévision publique sa démission dans la nuit de mardi à mercredi, puis la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale. « Ai-je réellement le choix ? », a-t-il déclaré, disant vouloir éviter que du sang ne soit versé pour qu’il se maintienne au pouvoir.

Les militaires ont ensuite expliqué avoir « décidé de prendre (leurs) responsabilités » face au chaos, à l’anarchie et à l’insécurité. Ils ont appelé la société civile et les mouvements politiques à « créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles » dans un « délai raisonnable ».

Les accords passés seront respectés

Les putschistes ont annoncé la fermeture des frontières et l’instauration d’un couvre-feu, tout en tentant de rassurer la communauté internationale sur ses intentions. « Tous les accords passés » seront respectés, a affirmé le colonel Wagué.

« La (mission de l’ONU) Minusma, la force (antidjihadiste française) Barkhane, le G5 Sahel (qui regroupe cinq pays de la région), la force Takuba (un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat) demeurent nos partenaires », a-t-il assuré, en ajoutant que les militaires étaient « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays.

Le silence des leaders contestataires

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), médiatrice dans la crise qui frappe le Mali depuis juin, a condamné le putsch, et suspendu le pays de ses rangs. Elle doit se réunir jeudi en visioconférence.

Le coup d’Etat prolonge la crise socio-politique à laquelle est confronté le Mali depuis plusieurs mois et que la médiation de la Cédéao n’a pas pu résoudre. Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile a multiplié les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, avait refusé jeudi une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Mercredi après-midi, ni le M5, ni la figure de proue de la contestation, l’influent imam Mahmoud Dicko, n’avaient encore fait part de leurs intentions après le renversement du pouvoir.

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