Maître, esclave, liste noire: Red Hat modifie à son tour son vocabulaire

 

Billy Van, un comédien américain, au naturel et grimé en “blackface”, vers 1900. Un spectacle caricatural très populaire jadis, devenu inacceptable. Image: Wikimedia Commons / domaine public

Le lien entre le mouvement Black Lives Matter et plus largement le retour sur l’histoire et ses zones d’ombre (je recommande chaudement la lecture de cet article passionnant sur Tulsa, lieu d’un effroyable massacre raciste en 1921, et sa mémoire) et la tech n’était pas évident de prime abord. Pourtant dans le flot des suites du meurtre de George Floyd, Afro-Américain mort étouffé en mai par un policier à Minneapolis, outre l’éthique de la reconnaissance faciale et la question de la collaboration, ou pas, avec la police, le choix des mots est aussi pris en compte par une série d’entreprises et d’organisations tech.

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«Faire entendre des voix différentes»

Après l’agence de cybersécurité du gouvernement britannique, le NCSC, fin avril, GitHub mi-juin et d’autres organisations liées à l’informatique, c’est au tour de Red Hat d’annoncer, ce mardi, sa volonté «d’éradiquer le langage problématique pour rendre l’open source plus inclusif».

Chris Wright, Chief Technology Officer de l’éditeur Linux, l’explique dans un billet de blog:

«L’open source a toujours consisté à faire entendre des voix différentes pour partager des idées, répéter, remettre en question le statu quo, résoudre des problèmes et innover rapidement. (…) Comme tant d’autres, les Red Hatters [employés de Red Hat], se sont réunis ces dernières semaines pour parler de l’injustice systémique et du racisme actuels. (…)

Lors d’une récente réunion dans l’entreprise, Demetris Cheatham, la responsable mondiale de Red Hat pour la diversité et l’inclusion, nous a rappelé qu’avoir un espace pour écouter et apprendre, c’est s’écouter réellement les uns les autres avec empathie et sans débattre ou remettre en cause l’expérience de quelqu’un d’autre, et qu’il y a beaucoup de souffrance ressentie par des gens à travers le monde, y compris dans notre communauté Red Hat.»

Une équipe pour étudier code, documentation et contenu

Des questions ont refait surface parallèlement quant au langage utilisé chez les communautés de l’open source et du code, et en particulier quant à l’emploi de termes comme «maître» et «esclave». Chris Wright observe que dès le début des années 2000, des personnes ont soulevé ce problème, sans succès jusqu’alors.

«Red Hat s’est engagé à revoir notre propre utilisation de ce langage problématique et ce que nous pouvons faire pour l’éradiquer de nos pratiques et de notre vocabulaire.»

Une équipe est constituée par l’entreprise pour auditer son code, sa documentation et son contenu. «Nous allons commencer à apporter des modifications à la documentation et au contenu lorsque la terminologie problématique est utilisée de manière conceptuelle (c’est-à-dire ne faisant référence à rien dans le code).»

La communauté Ansible (plateforme logicielle libre et entreprise rachetée en 2015 par Red Hat) a commencé à remplacer «master» par «main» («principal») et “whitelist” et “blacklist” par “allowlist” and “denylist.”

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