Macron va commémorer la République et (surtout) envoyer des messages politiques – 20 Minutes

Emmanuel Macron à Beyrouth, le 1er septembre 2020. — Lemouton / Pool/SIPA
  • Ce vendredi, cela fait pile 150 ans que Léon Gambetta a proclamé la IIIe République. Emmanuel Macron a choisi de commémorer cette date par une cérémonie au Panthéon, à Paris.
  • Ce choix peut surprendre, car l’anniversaire était presque tombé dans l’oubli. Mais il y a actuellement « un besoin impérieux » de « remettre cette date à l’honneur », selon l’Elysée. Le président en profitera pour « défendre les valeurs de la République ».
  • Ce discours sera aussi et surtout l’occasion pour le président de préparer le terrain avant la présentation de son plan de lutte contre les séparatismes, et de répondre aux attaques de la droite et de l’extrême droite.

Il y a 150 ans, Léon Gambetta proclamait la République (la troisième), depuis l’hôtel de ville de Paris, deux jours après la défaite de Napoléon III à Sedan. Depuis, cette date du 4 septembre 1870 a été assez peu célébrée, et de moins en moins sous la Ve République. De Gaulle l’avait commémorée en 1958 sur la place de la République, saisissant l’occasion de présenter sa Constitution, puis Pompidou a fêté son centenaire en 1970, à l’hôtel de ville.

Pour le 150e anniversaire de cette fondation, Emmanuel Macron a choisi, lui, le Panthéon. Ce vendredi matin, il y prononcera « un discours de combat » pour défendre « les valeurs républicaines », avant de présider une cérémonie de naturalisation de cinq personnes. « C’est une date injustement oubliée que le président a décidé de mettre à l’honneur », explique l’Elysée. Mais à travers l’hommage historique, le chef de l’Etat entend surtout faire passer des messages politiques.

« Remettre cette date à l’honneur »

La commémoration du 4 septembre 1870 sert de prétexte à un discours d’actualité pour Emmanuel Macron. « Aujourd’hui, le président considère que compte tenu des débats qui agitent notre société, il y a un besoin impérieux de remettre cette date à l’honneur, et de célébrer la République », explique son entourage. Il veut donc parler des « principes républicains, liberté, égalité et fraternité », mais aussi de « laïcité et de liberté d’opinion », et fustiger les « forces obscurantistes » et les « replis communautaires ».

Après les débats sur le déboulonnage de certaines statues, Emmanuel Macron « va beaucoup insister sur le fait que l’Histoire de France est un bloc qu’on ne peut diviser », poursuit la présidence. L’hommage historique aura donc de nombreux échos récents.

Une cérémonie en préambule d’un projet de loi

Rien d’étonnant, selon l’historien de la Ve République Jean Garrigues. « Les commémorations sont toujours des supports de positionnement politique, des manières d’indiquer des directions ». Ce discours de vendredi sera en effet « l’acte I » d’une série d’initiatives pour combattre ceux qui « ne veulent pas d’une société des droits de l’Homme ». Un projet de loi « contre les séparatismes », notamment « islamiste », dans les tuyaux depuis février puis suspendu par la crise sanitaire, sera présenté courant septembre ou octobre, a annoncé jeudi l’Elysée.

Dans cette optique, la référence a la IIIe République est utile au chef de l’Etat, « car cela a été un moment fondateur du modèle républicain, c’est-à-dire de la démocratie parlementaire, libérale, laïque et solidaire », rappelle Jean Garrigues, tout en soulignant que « ça ne dit plus grand-chose aux Français, encore moins aux plus jeunes ». « Cette période de l’Histoire est très peu enseignée, et on sera dans le domaine de l’abstraction », poursuit l’historien.

Hommage à des immigrés naturalisés français

Les hommages historiques sont toutefois un passage quasi obligé pour l’Elysée. « Depuis Sarkozy, on observe une frénésie de commémoration chez les présidents, car il est devenu si difficile d’incarner la Nation qu’ils cherchent à l’incarner à travers des figures et des références historiques. C’est la seule manière de se raccrocher à la grandeur », analyse Jean Garrigues.

Le chef de l’Etat a aussi prévu, après son discours sur le « patriotisme républicain », de conclure cette cérémonie en célébrant plusieurs immigrés naturalisés français, dont Léon Gambetta, père fondateur de la IIIe République, né d’un père italien. Une façon de se distinguer d’une partie de la droite et de l’extrême droite, qui lient insécurité et immigration.

281 partages

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading