Macron méfiant chez Poutine : pourquoi le Président français a-t-il craint de donner son ADN à Moscou – LaDepeche.fr

l’essentiel Les Russes auraient-ils pu recueillir l’ADN d’Emmanuel Macron s’il avait accepté un test PCR avant sa rencontre avec Vladimir Poutine, le 7 février. Les langues se délient peu à peu sur les coulisses de cet échange glacial à Moscou.

Apaiser les tensions, obtenir une désescalade et éviter une guerre entre la Russie et l’Ukraine. Voilà quels étaient les objectifs d’Emmanuel Macron en se rendant à Moscou lundi 7 février. Voilà pour le fond. Sur la forme, les deux chefs ont discuté assis d’un bout à l’autre d’une table de 5 mètres de long dans une salle de réception du Kremlin. Pas l’idéal pour discuter amicalement…

En amont de cette rencontre, les autorités russes ont souhaité pratiquer un test PCR sur Emmanuel Macron. Il avait alors le choix : soit il acceptait ce test et pouvait approcher Vladimir Poutine, soit il refusait et devait alors garder une plus grande distance. Emmanuel Macron a refusé. Voilà pourquoi il a dû s’asseoir au bout de la table. “Nous ne pouvions accepter qu’ils mettent la main sur l’ADN du président”, explique une source interrogée par l’Agence France-Presse.

Récolter l’ADN du président, vraiment ?

Peut-on imaginer que les Russes aient pu recueillir l’ADN d’Emmanuel Macron ? Un prélèvement naso-pharyngé peut permettre de récolter des cellules présentes dans la paroi du nez. De l’ADN est présent à l’intérieur. “Mais les tests génétiques de recherche d’ADN se font plutôt au niveau buccal avec un écouvillon plus gros qui récupère davantage de cellules et un milieu de transport dédié”, détaille Arnaud Caussanel, directeur projets biologie et innovation chez Unilabs. En France, les analyses ADN sont strictement interdites. Dans un cadre médical, le patient doit être informé et donner son consentement.

Si les Russes avaient vraiment prélevé l’ADN d’Emmanuel Macron, qu’auraient-ils pu en faire ? “Déjà le garder dans une banque de données, répond Sergueï Jirnov, ancien espion des services secrets russes du KGB. Ça rejoint les films de science-fiction américains. Avec des empreintes papillaires en silicone, on peut faire passer quelqu’un pour n’importe qui. Vous imaginez si on le fait avec un chef d’Etat ?”

L’Élysée n’a pas donné suite à nos demandes d’informations. L’ambassade de Russie en France nous a répondu qu’elle ne pouvait “ni confirmer, ni démentir cette version des faits”.

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Emmanuel Macron avait été testé avant son départ

Jean de Gliniasty, ex-ambassadeur de France à Moscou, a déjà négocié autour de cette grande table. “La crise du Covid a introduit de nouvelles règles de protocole. J’imagine que chaque chancellerie a fixé son propre protocole. Certains chefs d’Etat n’acceptent pas les tests PCR, d’autres les acceptent. Il ne faut pas attribuer une importance politique trop grande à ce genre de choses”, indique Jean de Gliniasty à La Dépêche.

Avant son départ pour la Russie, Emmanuel Macron avait subi deux examens : un test PCR et un test antigénique. Ces tests sont effectués par le médecin personnel du chef de l’Etat. Le Dr Jean-Christophe Perrochon est à la tête de l’équipe médicale chargée du suivi de la santé du président. C’est cet ancien urgentiste de l’armée qui avait testé Emmanuel Macron lorsqu’il avait été positif au Covid-19.

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Selon l’ancien espion Sergueï Jirnov, “pour préparer une visite diplomatique, il y a toujours des discussions entre les services de protocole. L’Élysée avait certainement envoyé le résultat du test négatif du président Macron et des membres de toute la délégation. En exigeant un test PCR sur place par des médecins russes, c’était aussi un moyen de pression de la part de Poutine pour créer un malaise psychologique chez Macron avant qu’il n’entre dans la pièce pour discuter. C’était une humiliation. C’est clair et net”, explique Sergue Jirnov à La Dépêche.

Deux poids, deux mesures ?

Cette mise en scène avec Emmanuel Macron à Moscou, Vladimir Poutine l’avait déjà appliquée le 1er février en recevant au Kremlin le Premier ministre de Hongrie Viktor Orban. Entre les deux, le président russe s’est rendu en Chine pour la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver de Pekin le 4 février. Cette fois sans masque, ni geste barrière apparent, il a approché le président chinois Xi Jimping.

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Vladimir Poutine est très strict sur les règles sanitaires. Tout son entourage doit respecter une quarantaine de deux semaines avant un contact physique. Pourtant ses proches n’échappent pas au variant Omicron. “Poutine est parano, il est vraiment parano. Il a peur d’attraper tout”, se souvient Sergueï Jirnov. Le président russe se déplace avec sa propre voiture blindée, ses propres toilettes chimiques, ses draps. Ses mains sont même recouvertes de silicone pour ne pas laisser de traces, selon l’ex-espion du KGB.

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