Macron fait l’éloge de la recherche et tente de répondre au malaise étudiant – Le Figaro

À Saclay, le chef de l’État s’est agacé de voir la France devenir «une nation de 66 millions de procureurs».

Emmanuel Macron n’a pas tout compris. Scientifiques, chercheurs et spécialistes ont eu beau se succéder dans son bureau pendant plusieurs mois pour l’aider à préparer son discours sur la recherche quantique, le chef de l’État n’a pas réussi à percer le mystère. Comme tout le monde, après tout. Comment admettre cette science qui, selon la fameuse expérience théorique de Schrödinger, permet d’affirmer qu’un chat enfermé dans une boîte est à la fois mort et vivant, jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la boîte pour « fixer » l’état du chat, mort ou vivant ?

Alors, jeudi, à l’université de Saclay (Essonne), pour présenter son grand plan d’investissement dans la recherche quantique, Emmanuel Macron n’a pas cherché à faire le malin en jouant à celui qui maîtrise son dossier sur le bout des doigts. Pour contourner l’obstacle, il a parlé politique. Du temps long qui permet de préparer l’avenir du pays. De ce 1,8 milliard d’euros investis dans ce secteur de pointe, avec pour objectif de faire naître en France dans les prochaines années les « Gafa du quantique ». Du ­secteur de la recherche, « élément capital de notre nation ».

Il s’agit d’installer le pays sur le podium des nations à la pointe de la recherche quantique, derrière les États-Unis et la Chine. C’est la France des projets d’avenir, celle qui se réforme à tour de bras pour retrouver sa splendeur passée. Problème, pour l’instant elle se heurte à la crise sanitaire qui exige une gestion de court terme, dans l’urgence, au jour le jour, et dans le brouillard. Le chef de l’État tente malgré tout d’imbriquer ces deux temporalités. « Les ordinateurs quantiques pourraient devenir l’une des armes les plus puissantes dans la lutte contre les crises sanitaires », souligne-t-il.

Mais comme le chat de Schrödinger, Emmanuel Macron est enfermé dans une boîte, celle de la crise du Covid. À l’intérieur, deux états coexistent : celui où le quinquennat du président est à l’arrêt et en même temps celui où le quinquennat du président prépare l’avenir à coups de réformes incessantes. Ce sont les Français qui détermineront lequel des deux l’emporte lorsqu’ils ouvriront la boîte pour l’élection présidentielle en 2022.

Un « chèque-psy »

Or la crise marque les esprits. Et la gestion d’Emmanuel Macron est critiquée. Pour le fiasco des masques. Pour le retard sur les tests. Pour la lenteur de la campagne de vaccination… Tout débouche sur des polémiques. Au grand agacement du chef de l’État. « Ce qui va avec la défiance française c’est aussi cette espèce de traque incessante de l’erreur, s’emporte-t-il devant les chercheurs. Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs. Ce n’est pas comme ça qu’on fait face à la crise ou qu’on avance. » C’est en agissant. D’où le deuxième volet de son déplacement à l’université de Saclay, celui consacré au malaise étudiant né de la crise sanitaire.

Cette fois, le très solennel pu­pitre frappé de l’inscription « Plan quantique » a laissé la place à une petite chaise en plastique installée au milieu d’une douzaine d’étudiants, façon groupe de parole. Il écoute leurs doléances, note leurs suggestions, pose des questions. Et avance trois propositions. D’abord l’accès à deux repas par jour pour un euro dans les restaurants universitaires. La mesure concerne l’ensemble des étudiants et vise à lutter contre la précarité.

Ensuite, la possibilité d’assister physiquement aux cours un jour sur cinq pour lutter contre l’isolement. Enfin, la création d’un « chè­­que-psy » pour les étudiants en détresse qui souhaiteraient consulter un psychologue et suivre des soins. Voilà pour parer à l’urgence. Et tenter d’articuler temps court et temps long qui se télescopent comme jamais dans ce quinquennat. « Les prochaines semaines, je vais être honnête avec vous, vont être assez dures », a-t-il mis en garde. Quelques instants plus tôt, il demandait aux chercheurs de « toujours continuer à regarder l’horizon et préparer le lendemain ». Le président de Schrödinger n’est pas encore sorti de sa boîte.

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