Macron entrouvre la porte des universités et met les restos U à 1 euro – Libération

Les universités savent enfin comment s’organiser pour le deuxième semestre, qui a déjà commencé pour certaines d’entre elles. Il ne faudra pas dépasser la jauge de 20% de cours en présence. «Un étudiant doit avoir les mêmes droits qu’un salarié. […] S’il en a besoin, il doit pouvoir revenir à l’université un jour par semaine», a expliqué Emmanuel Macron ce jeudi, en déplacement à l’université Paris-Saclay (Essonne). Cette jauge est prévue pour tout le semestre… sauf flambée incontrôlable de l’épidémie de Covid-19 ou, moins probable, amélioration de la situation. Le Premier ministre, Jean Castex, avait annoncé la semaine dernière que les étudiants de première année pourraient reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir de lundi prochain.

Venu pour annoncer la nouvelle stratégie française sur l’informatique quantique, le président de la République en a profité pour discuter avec quatorze étudiants. Une rencontre policée avec des étudiants choisis par les vice-présidents et les doyens de l’établissement qui n’ont pas manqué de remercier Emmanuel Macron pour certaines actions du gouvernement, comme le maintien de l’ouverture des bibliothèques universitaires ou la mise en place de tuteurs rémunérés pour encadrer les étudiants les plus fragiles. On ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait donné la même rencontre avec les étudiants mobilisés dans la rue ou en ligne derrière le mot-clé #EtudiantsFantomes, qui témoigne du mal-être des étudiants, privés depuis plus de deux mois de cours en présentiel.

«Chèque psy»

Sur le dossier de la précarité étudiante, le chef de l’Etat avait une deuxième annonce dans sa manche : «Permettre à tous les étudiants qui le demandent d’avoir accès aux paniers repas à 1 euro dans les restaurants universitaires», deux fois par jour, les restos U restant ouverts avec des repas à emporter. Cela revient à étendre un dispositif mis en place en septembre pour les étudiants boursiers. Emmanuel Macron répondait à Enzo, étudiant en Staps à l’université de Nanterre (Hauts-de-Seine) et référent au sein de sa résidence Crous, venu parler des difficultés financières des étudiants. Il a évoqué ceux qui, dans sa résidence universitaire, peinent à s’acheter de quoi manger en raison de la perte de leurs jobs d’appoint et du travail des associations qui font des distributions de nourriture. L’étudiant a été appelé la veille pour participer. «Une grande responsabilité» : «On a des situations de dépression lourde qui débouchent parfois sur des tentatives de suicide. Je n’ai pas reçu de consigne avant la rencontre, je pouvais aborder tous les sujets en restant respectueux», explique le jeune homme à Libération.

Pour faciliter leur prise en charge psychologique, Emmanuel Macron a également confirmé la création d’un «chèque psy» qui permettra de consulter un psychologue et suivre des soins. Ce chèque devrait concerner, à partir du 1er février, «tous les étudiants qui le souhaitent», selon une précision apportée par l’Elysée à l’AFP.

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Le moment le plus savoureux : quand une étudiante interpelle le Président sur le manque de communication entre le gouvernement, qui prend des décisions, et les universités qui doivent les appliquer. «C’est le boulot de la ministre», répond Emmanuel Macron, renvoyant la balle à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, également présente. Cette dernière se défend en expliquant que, même si un décret est publié à la dernière minute, les discussions préparatoires ont préparé la communauté universitaire à son arrivée. Pour mémoire, la circulaire autorisant les établissements à accueillir des groupes de 10 étudiants dès le 4 janvier était tombée le 20 décembre, soit après le départ en congés des personnels, qui n’étaient au courant de rien.

Alors que le ministre de la Santé, Olivier Véran, doit faire le point ce jeudi soir sur l’évolution de la situation sanitaire, Emmanuel Macron a prédit des semaines à venir «assez dures» et n’envisage pas «le retour à la normalité» avant septembre. «C’est dur d’avoir 20 ans en 2020, pas sûr que ce soit infiniment plus simple en 2021», a-t-il prévenu.

Olivier Monod envoyé spécial à Saclay (Essonne)

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