Macron défend le maintien «tout à fait légitime» de Kohler à l’Élysée malgré sa mise en examen – Le Figaro

Soupçonné de «prise illégale d’intérêts» dans le cadre de l’affaire MSC, le secrétaire général de la présidence conserve «toute (la) confiance» du chef de l’État.

C’est la troisième fois qu’il vole publiquement à son secours. Lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet européen à Prague (République tchèque) ce vendredi, Emmanuel Macron a justifié et défendu le maintien à son poste du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, récemment confirmé comme numéro deux de la présidence de la République malgré sa mise en examen dans l’affaire MSC. «Il n’est pas ministre. (…) Pour ce qui est d’un homme qui, depuis plusieurs années, passe ses nuits et ses jours à servir l’État avec un dévouement et une intégrité dont je peux témoigner, (…) je considère que la décision que je prends est tout à fait légitime. La justice suit son cours en totale indépendance, mais ce ne sont pas des décisions de procédure – sur un dossier qui est instruit depuis plus de cinq ans, et qui a déjà fait l’objet d’un classement – qui doivent conduire à prendre des décisions administratives. Et, pour moi, à choisir mes collaborateurs. Il a donc toute ma confiance», a martelé le chef de l’État ce vendredi.

Soupçonné de «prise illégale d’intérêts» dans le cadre de l’information judiciaire visant ses liens familiaux et professionnels avec l’armateur italo-suisse, le plus proche collaborateur d’Emmanuel Macron a également été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour «trafic d’influence», et ne fait l’objet d’aucune mesure de contrôle judiciaire. Ce, dans un dossier né de la publication, en 2018, de plusieurs articles de Mediapart sur un éventuel conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec la Mediterranean Shipping Company, fondée et dirigée par les cousins de sa mère, la famille Aponte.

Basé à Genève, MSC – l’un des plus grands transporteurs de conteneurs au monde – est un important client de l’entreprise STX France (aujourd’hui renommé Chantiers de l’Atlantique) qui gère les chantiers navals de Saint-Nazaire. Suite aux articles de Mediapart, le Parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminaire, qu’il avait classée sans suite en août 2019 en indiquant que l’analyse des éléments recueillis «ne (permettait) pas de caractériser les infractions initialement suspectées». Mais l’association anticorruption Anticor a obtenu la relance des investigations en juin 2020 grâce à une plainte avec constitution de partie civile, qui permet la plupart du temps la désignation d’un juge d’instruction.

Autant de rebondissements qui ont chaque fois conduit Emmanuel Macron à voler au secours de celui qui est souvent présenté comme son jumeau de l’ombre. Quitte à s’exposer à un procès des oppositions, qui lui reprochent de porter ce faisant atteinte à la séparation des pouvoirs. Ainsi le président a-t-il, en 2018, loué la «probité exemplaire» de son principal collaborateur, en marge d’un déplacement au Canada à l’époque. De même qu’il n’a pas hésité, en 2020, à signer un courrier de sa main pour dédouaner son bras droit de toute intervention illicite durant leurs années communes à Bercy.

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