Lourd bilan lié aux intempéries et aux inondations dans le sud-est de la France – Le Monde

Des résidents inspectent les dommages causés par les inondations, à Fréjus (Var), le 2 décembre.

Le nouvel épisode méditerranéen qui a touché l’est du Var et l’ouest des Alpes-Maritimes, a provoqué la mort de cinq personnes, dimanche 1er décembre. Un éleveur de chevaux qui voulait mettre en sécurité ses animaux a été emporté par les eaux sur la commune de Fréjus (Var) dans la soirée et le corps sans vie d’un berger a été retrouvé à l’intérieur de son véhicule, dans la commune de Saint-Paul-en-Forêt (Var), emporté alors qu’il essayait de franchir un gué sur le petit cours d’eau de l’Endre.

Trois membres de la sécurité civile et du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) ont également péri dans la nuit de dimanche à lundi, dans l’accident de leur hélicoptère Eurocopter EC145 de la sécurité civile. Pour une raison encore inconnue, l’appareil, dont le nom de code était Dragon 30, s’est écrasé en heurtant probablement le relief accidenté du Rove, à l’ouest de Marseille, quelques minutes après avoir décollé de la base de Marignane (Bouches-du-Rhône) alors qu’il volait en direction du Luc, dans le Var, pour des opérations de secours.

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La météo difficile, avec des rafales de vent, de fortes pluies et, surtout, un plafond nuageux très bas, pourrait expliquer cet accident. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a rendu hommage aux trois hommes, Jean Garat, Michel Escalin et Norbert Savornin, dans un communiqué de presse : « Alors que la France s’apprête aujourd’hui [lundi 2 décembre, jour de l’hommage national aux soldats qui ont péri dans un accident d’hélicoptères au Mali le 25 novembre] à rendre hommage à treize de ses soldats, morts pour la servir, notre pays perd trois héros du quotidien qui ont donné leur vie pour protéger les Français. »

Le bilan des intempéries de dimanche s’ajoute aux six morts du week-end précédent, dans le Var, déjà frappé par un épisode méditerranéen particulièrement violent.

Communication intensive de la préfecture

Lundi en début de matinée, les autoroutes de la région, interdites à la circulation dimanche pour les poids lourds ont été rouvertes pour tous les véhicules, et la circulation des trains, interrompue dimanche entre Toulon et Nice, devait être rétablie.

Les six centres d’hébergement, répartis sur quatre communes varoises, ont accueilli 117 personnes, mais d’autres, selon la préfecture du département, ont trouvé refuge chez des proches. Cent quarante-neuf interventions ont été réalisées par les sapeurs-pompiers du Var, dont 32 sauvetages – dix hélitreuillages ayant été nécessaires parmi eux, a précisé la préfecture du Var. Une cinquantaine d’établissements scolaires étaient fermés lundi dans les Alpes-Maritimes, et 28 écoles dans le Var.

La décrue des petits cours d’eau du littoral, qui ont vu leur niveau monter soudainement dimanche, était entamée lundi matin, a communiqué au Monde le préfet du Var, Jean-Luc Videlaine. Malgré la communication intensive de la préfecture dimanche, demandant aux habitants de ne pas sortir et prendre leur véhicule, deux personnes sont mortes dans le département. M. Videlaine a déclaré :

« Mon seul message était : ne prenez pas la voiture, ne franchissez pas une flaque d’eau dont on ne connaît pas la profondeur, et les réflexes commencent à être pris. Heureusement que l’on était un dimanche, sans école ouverte et activités professionnelles. »

A Fréjus, le 2 décembre.

La zone la plus touchée, dimanche, se situait aux confins ouest des Alpes-Maritimes et est du Var. Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo-France précise :

« C’est une zone géographique relativement restreinte, à l’ouest de Cannes, sur laquelle les pluies les plus violentes ont été enregistrées, plus de deux mois de précipitations en l’espace de douze heures. On a atteint 50 centimètres par heure et 201 mm sur l’ensemble de l’épisode enregistrés par notre station de Cannes. »

L’intensité de cet épisode, comparable à celui du 3 octobre 2015, a eu des conséquences moins dramatiques : vingt personnes avaient alors trouvé la mort dans le département des Alpes-Maritimes. « L’épisode a été bien anticipé et mieux balisé qu’il y a quatre ans », assure le prévisionniste.

Remontées d’air chaud, humide et instable

Le phénomène des épisodes méditerranéens, fréquents en automne au moment où la mer est la plus chaude, favorisant une forte évaporation, est dû à des remontées d’air chaud, humide et instable en provenance de la Méditerranée, qui génèrent des orages violents. M. Demaël poursuit :

« Il existe ce que nous appelons des convergences avec des reliefs montagneux, comme le massif des Maures, qui bloquent les écoulements des masses d’air, et leur confrontation avec des entrées de vents venus du nord-ouest, comme le mistral, qui bloquent le phénomène et le rendent stationnaire pendant plusieurs heures. »

Par ailleurs, la répétition de ces fortes pluies aggrave le phénomène, avec des terres saturées d’eau qui ne peuvent plus absorber la sortie des cours d’eau de leur lit.

Les pluies et les orages, plus localisés, ont quasi quitté le littoral, annonce encore Météo-France, et les jours prochains devraient permettre une amélioration de la situation. Lundi matin, les Alpes-Maritimes étaient repassées en vigilance jaune et le Var en orange pour le risque de crues et en jaune pour celui des pluies et inondations.

En images : Le Var et les Alpes-Maritimes sous les eaux au lendemain de l’alerte rouge

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