L’Ordre des médecins adresse un “blâme” à Didier Raoult – France Bleu

Il encourait la radiation, ce sera finalement un “blâme”. L’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine sanctionne Didier Raoult. L’instance a fait part ce vendredi de cette décision, la deuxième en importance après le simple avertissement, sans l’assortir de ses motivations, qu’elle réserve aux avocats la semaine prochaine. Le conseil de l’Ordre des Bouches-du-Rhône doit se réunir ce lundi pour analyser cette sanction, à propos de laquelle le principal intéressé n’a pour l’heure fait aucun commentaire.

Pour Me Fabrice Di Vizio, l’avocat du professeur Raoult, il s’agit en fait “d’une belle victoire pour la défense” et “pour la paix sociale”, a-t-il écrit sur Twitter. “Aujourd’hui Didier Raoult a reçu une tape sur les doigts, on est loin du Didier Raoult dangereux, assassin et toutes ces autres conneries racontées depuis un an” a-t-il ajouté.

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d’intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d’utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.


Gérer mes choix


“C’est exceptionnel qu’un médecin reçoive un blâme, c’est un signal fort”, a réagi de son côté sur franceinfo Pierre Tattevin, infectiologue au CHU de Rennes à l’origine d’une des deux plaintes auprès de l’Ordre des médecins. Selon lui, “c’est tout à fait satisfaisant”. Il a insisté sur l’importance de cette décision. “Les blâmes sont assez rares, mais on ne cherchait pas de sanction plus élevée, on voulait surtout arrêter ce comportement délétère pour les patients et les médecins”, a-t-il ajouté.

“C’est la reconnaissance qu’on a bien fait de porter plainte, le conseil de l’Ordre a reconnu que le comportement de Didier Raoult n’est pas du tout ce qu’on attend d’un médecin.” (Pierre Tattevin, infectiologue et plaignant)

Pour lui, le comportement de Didier Raoult au sujet de l’hydroxychloroquine reste incompréhensible. “Ce n’est pas une querelle de spécialiste, c’est juste rappeler l’esprit même du métier de médecin qui n’a pas à faire la promotion des produits, on n’est pas des vendeurs de médicaments”, a-t-il rappelé. “Son comportement était à côté de tout ce que la science nous a appris, je ne le comprends toujours pas.”

Petite victoire cependant pour le Pr Raoult : le Dr Guillaume Gorincour, que l’infectiologue poursuivait pour “non-confraternité”, a de son côté été sanctionné ce vendredi d’un “avertissement” par la chambre disciplinaire de Nouvelle-Aquitaine, composée de huit médecins et présidée par un magistrat administratif.

Deux plaintes de médecins contre le Pr Raoult

Depuis la fin 2020, l’infectiologue marseillais de 69 ans était visé par deux plaintes déposées par ses pairs devant l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône et le conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Il était reproché à Didier Raoult d’avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, “sans données scientifiques établies”, ce qui s’apparente à du “charlatanisme”, avait affirmé la rapporteure de la chambre disciplinaire lors d’une audience dépaysée à Bordeaux, loin de Marseille, le 5 novembre. Le professeur Raoult était également accusé d’avoir pris des “risques inconsidérés” en soignant des patients avec ce traitement “non éprouvé par la science”.

Déposées sur la base de plusieurs signalements initialement effectués par la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), les plaintes accusaient également Didier Raoult d’avoir enfreint, par sa communication, l’article 56 du code de déontologie, en “manquant à son devoir de confraternité” envers d’autres médecins.

“Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients.” (Didier Raoult)

Présent devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins début novembre, par “respect pour cette institution”, le Pr Raoult, à la retraite depuis le 31 août de sa chaire de professeur d’université-praticien hospitalier, s’était estimé “pas concerné” par d’éventuelles sanctions. “Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients”, avait-il lancé à l’avocat des plaignants, assurant avoir reçu durant la crise sanitaire “plus de 600.000 patients” au sein de l’IHU Méditerranée Infection qu’il dirige à Marseille, “sans aucune plainte” de leur part. Il avait défendu “la réussite” de son traitement conjuguant hydroxychloroquine et azythromicine pour traiter les malades du Covid-19, malgré l’absence d’effet prouvé aujourd’hui encore.

D’autres enquêtes autour des essais cliniques pratiqués à l’IHU

En plus de cette procédure, Didier Raoult est visé par plusieurs autres enquêtes sur les conditions dans lesquelles l’IHU, qu’il a créée en 2011, a conduit ses études autour du Covid-19. Ces investigations ont été ouvertes cette année par l’université Aix-Marseille, par les hôpitaux de Marseille (AP-HM) et par l’agence nationale du médicament (ANSM), après des articles de presse sur de “possibles manquements à la réglementation des essais cliniques”.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading