L’ombre de la Russie plane sur la visite de Macron dans deux pays baltes – Le Monde

Des soldats français à Rukla, en Lituanie, dans le cadre de la « présence avancée renforcée » de l’OTAN, en 2018.

Derrière lui, les gracieuses statues du musée d’Orsay composaient un public figé. En avril 2018, Emmanuel Macron célébrait le centenaire de l’indépendance des Républiques de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie en recevant leurs dirigeants. A l’occasion de l’inauguration d’une exposition sur le symbolisme dans ces pays, le chef de l’Etat avait exprimé sa détermination à « refuser toute logique de bloc en Europe », entre le sud et le nord du continent, l’ouest et l’est. Son voyage en Lituanie et en Lettonie, les 28 et 29 septembre, confirme l’attention que M. Macron prête, depuis le début du quinquennat, aux Etats membres de petite taille, trop négligés par Paris dans le passé.

Emmanuel Macron s’était rendu en Estonie en septembre 2017, dans le cadre du sommet du numérique. Dix ans plus tôt, ce pays avait été un précurseur, à ses dépens, en étant la victime d’une vaste cyberattaque, en pleine période de tensions avec la Russie. Cette fois, le président français se trouvera à Vilnius et à Riga, alors que deux crises majeures concernant Moscou mettent à l’épreuve la cohésion et la détermination européenne : l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny et la répression de la mobilisation populaire en Biélorussie.

Lors de son déplacement en Lituanie, Emmanuel Macron rendra visite aux 300 militaires français basés à Rukla depuis cet été. Cette mission « Lynx » est intégrée au sein d’un bataillon sous commandement allemand, dans le cadre d’une opération de l’OTAN. En 2016, l’Alliance a décidé de déployer une force de « présence avancée renforcée », à vocation purement dissuasive, dans les pays baltes et en Pologne. Il s’agissait d’un geste politique et militaire important à l’égard de ces pays, les plus sensibles à la question des agissements agressifs de la Russie dans son voisinage immédiat.

« Ecran de fumée »

Emmanuel Macron veut donner des gages de solidarité et « être à l’écoute » des dirigeants lituanien et letton, selon l’Elysée. Il s’agira à la fois d’afficher des convergences, comme sur la lutte contre la désinformation et la sécurité numérique, et d’entendre les traumatismes historiques subis par ces pays. Une approche identique à celle que le président français avait adoptée au cours de sa visite officielle en Pologne, début février, où il avait tenté de faire la pédagogie de « l’architecture de confiance et de sécurité » qu’il recherche avec la Russie.

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« Le dialogue est toujours important, les bons comme les mauvais jours, mais tout dépend de ses fondations et de ses règles, confie au Monde le ministre lituanien des affaires étrangères, Linas Linkevicius. Le dialogue pour le dialogue n’est pas utile, il sert parfois d’écran de fumée pour ne rien faire. Généralement, quand la Russie parle de dialogue, je crains qu’elle ne réclame une exception, un traitement spécial. Même lorsqu’ils parlent de droit international, les Russes ont leurs propres règles, avec des amendements récents à la Constitution qui affirment la supériorité des législations nationales. Et quand ils parlent de “reset” [relance] dans les relations, j’ai bien peur qu’ils souhaitent, en réalité, appuyer sur le bouton “effacer”, pour repartir sur une page blanche, en oubliant ce qui a été fait, les violations du droit international, l’annexion, l’occupation… »

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