Loi « sécurité globale » : le collectif appelle à poursuivre la mobilisation, 67 membres des forces de l’ordre blessés samedi – Le Monde

Un manifestant brandit une pancarte appelant au retrait de la loi « sécurité globale » à Paris, le 5 décembre 2020.

Le collectif qui rassemble journalistes, syndicats et ONG réclamant le retrait d’articles de la proposition de loi sur la « sécurité globale » a appelé, dimanche 6 décembre, à « poursuivre la mobilisation ». Au lendemain de manifestations partout en France, parfois émaillées de violents incidents, la coordination revendique toujours le « retrait des articles 21, 22 et 24 » et du « schéma national de maintien de l’ordre ».

« Emmanuel Macron n’a apporté aucune réponse lors de son interview accordée le 4 décembre à Brut » et, « à ce jour, l’Elysée n’a pas répondu à notre demande d’entrevue », déplore ce collectif. « La diversité et l’ampleur des cortèges » lors de la journée de mobilisation samedi « témoignent de l’enracinement de la contestation contre la proposition de loi sécurité globale, tandis que d’autres villes ont rejoint le mouvement », estime-t-il, revendiquant « des dizaines de milliers » de manifestants à Paris.

Près de 90 rassemblements ont eu lieu en France, réunissant 52 350 personnes, dont 5 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur – aucun chiffre n’a été donné côté organisateurs. La mobilisation était en net recul par rapport à la semaine précédente, où 133 000 personnes avaient défilé dans toute la France, dont 46 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur.

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  • 95 interpellations, 67 membres des forces de l’ordre blessés

Dans la capitale, la progression du cortège a, cependant, été considérablement ralentie, voire bloquée, par une série de violences (voitures incendiées, mobilier urbain saccagé, vitrines endommagées…). Des incidents ont également été signalés à Lyon, Dijon ou encore à Nantes.

« A Paris, la manifestation autorisée (…) a été très vite dénaturée par la stratégie délibérée de la terre brûlée mise en place par la Préfecture de police de Paris », qui « a abouti à de nouvelles violences, à des mutilations et à des blessures graves », dénonce la coordination opposée à la loi « sécurité globale ».

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Quatre-vingt-quinze personnes ont été interpellées samedi dans toute la France, et 67 membres des forces de l’ordre ont été blessées lors des affrontements avec les manifestants, a annoncé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dimanche matin. A Nantes, quatre policiers et un gendarme ont été blessés, dont l’un par un cocktail Molotov, selon un bilan communiqué par la préfecture de Loire-Atlantique. A Paris, où les violences et les dégradations ont été les plus importantes, 48 policiers et gendarmes ont été blessés, a précisé le ministre sur Twitter. Un sapeur-pompier a également été blessé dans la capitale par des jets de projectiles, selon une source policière.

A Paris, 25 personnes, dont deux mineurs, ont été placées en garde à vue, a fait savoir le parquet. La majorité des gardés à vue le sont pour « participation à un groupement formé en vue de la commission de violences », selon la même source. Une personne est également entendue pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

A la mi-journée, deux personnes sont ressorties avec une convocation devant le tribunal correctionnel après un défèrement et devant le tribunal de police. Huit rappels à la loi, dont six ont été accompagnés d’un défèrement, ont été prononcés, ainsi que trois classements sans suite. Douze gardes à vue se poursuivaient dimanche en début d’après-midi, selon le parquet.

  • Colère des syndicats de policiers

Les affrontements de samedi ont également provoqué la colère des syndicats de police, déjà indignés par les propos d’Emmanuel Macron sur les violences policières et les contrôles au faciès lors de son entretien au média en ligne Brut. « Etrangement aucun bien-pensant ni donneur de leçon ne s’exprime sur les violences faites à l’encontre des forces de l’ordre », a, par exemple, dénoncé dans un communiqué Arnaud Bernard, secrétaire régional adjoint zone ouest du syndicat Alliance, classé à droite.

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Des personnalités politiques se sont, cependant, exprimées pour dénoncer les scènes de tensions de samedi. A commencer par Gérald Darmanin, qui a affirmé sur Twitter son « soutien à nos policiers et nos gendarmes, une nouvelle fois très violemment pris à partie ».

« Hier, il y a eu une manifestation à Paris, qui, en réalité, a été un moment de casse, un moment où des individus se sont livrés à une charge extrêmement violente, avec parfois l’intention de tuer des forces de l’ordre », a aussi déclaré sur Europe 1 et Cnews le numéro un de LRM, Stanislas Guerini.

« Condamnation la plus ferme des violences commises par des casseurs en marge de la manifestation d’hier à Paris », a également réagi la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, sur Twitter. « Plein soutien aux forces de l’ordre, aux pompiers et aux agents sur le terrain pour réparer les dégâts. Nous sommes aux côtés des commerçants et des riverains », a-t-elle ajouté.

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Le Monde avec AFP

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