Loi « sécurité globale » : à Paris, les revendications des manifestants éclipsées par les violences – Le Monde

Manifestation contre la loi « sécurité globale », le chômage et la précarité à Paris, samedi 5 décembre.

Plus de 90 rassemblements, et un même mot d’ordre : le retrait de la loi sur la « sécurité globale ». Selon le ministère de l’intérieur, 52 350 personnes ont manifesté samedi 5 décembre dans toute la France, dont 5 000 dans le rassemblement parisien qui a difficilement pu faire entendre ses revendications.

Six cents mètres, soit à peine un arrêt de métro. C’est en effet ce qu’il aura fallu à la marche des libertés parisienne pour finir bloquée dans les heurts et les gaz lacrymogènes. Résultat : 21 gardes à vue. Et un dialogue une nouvelle fois impossible entre les deux camps, qui voient chacun dans cette journée la démonstration des violences inadmissibles de l’autre. Pour le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, « les casseurs cassent la République. Soutien à nos policiers et nos gendarmes », a-t-il tweeté. Pour l’avocat Arié Alimi, membre de la Ligue des droits de l’homme et présent dans le cortège, « le préfet Lallement a délibérément saboté la manifestation ».

Si les tensions sont rapidement montées entre les black blocs et les forces de l’ordre, le cortège a bien tenté de tenir, presque habitué désormais à devoir attendre que les heurts se calment à l’avant pour pouvoir continuer son parcours. Pas cette fois. Noyés sous les gaz lacrymogènes, les manifestants en deuxième ligne sont poussés à reculer plusieurs fois. Les gigantesques ballons des syndicats finissent eux-mêmes par refluer, et la grande majorité des manifestants quittent le rassemblement, les yeux rougis par les gaz, la colère et la déception. Et la violence reprend. Jets de projectiles, voitures incendiées, banques vandalisées, abribus détruits et barricades montées… De jeunes hommes en noir tenteront même d’empêcher une camionnette de la CGT de fuir par une rue adjacente pendant qu’une autre estampillée du drapeau du syndicat SUD claironne « Etat d’urgence, état policier, on nous empêchera pas, de manifester »tout en reculant. Une partie des manifestants parviendra tout de même à rejoindre la place de la République, lieu d’arrivée prévu d’une manifestation qui a tourné à la catastrophe.

Un objectif : « converger »

La mobilisation avait pourtant bien commencé, notamment après les propos d’Emmanuel Macron la veille, ayant concédé pour la première fois dans une interview sur Brut le terme de « violences policières ». Certes, les rangs étaient plus clairsemés que la semaine précédente, où 46 000 personnes s’étaient rassemblées à Paris selon le ministère de l’intérieur – 200 000 selon les organisateurs – contre la proposition de loi « sécurité globale », adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale mardi 24 novembre, et contre sa mesure-phare, qui prévoit de restreindre la possibilité de filmer les forces de l’ordre.

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