Loi de sécurité globale : forte mobilisation dans le pays, ternie par des heurts à Paris – Le Parisien

46 000 manifestants à Paris, 7500 à Lyon, 1500 à Strasbourg, 6000 à Bordeaux… Le très controversé projet loi de sécurité globale a réussi, samedi, à fédérer contre lui des dizaines de milliers de manifestants – 133 000 selon le ministère de l’Intérieur, 550 000 d’après l’organisatrice, la coordination StopLoiSécuritéGlobale – dans un peu plus de 70 villes françaises, après avoir rassemblé environ 22 000 personnes la semaine passée.

Alors que les discussions étaient déjà tendues concernant ce texte – et notamment son article 24, qui prévoit de restreindre la possibilité de filmer les forces de l’ordre – l’évacuation musclée de migrants place de la République lundi, puis l’interpellation virant au tabassage du producteur noir Michel Z., rendue publique jeudi, ont achevé d’électriser le débat.

« Floutage de gueule », « Qui nous protégera des féroces de l’ordre ? », « Baissez vos armes on baissera nos caméras », pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les participants. À Paris, certains avaient même affiché les portraits dessinés des députés ayant voté le texte de loi.

Un kiosque, une brasserie et une façade de restaurant incendiés

Avec la présence de nombreux journalistes, membres d’ONG, associations et élus de gauche – dont certains réclamaient la démission du préfet de police Didier Lallement – l’ambiance dans les cortèges était très majoritairement pacifique. Mais pour les disperser, les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène dans plusieurs villes, dont Rennes, Lille ou Bordeaux. À Lyon, des manifestants et un policier ont été blessés par des jets de projectiles.

À Paris, la manifestation, interdite dans un premier temps par la préfecture de police, a finalement pu se tenir après une décision du tribunal administratif. Dès le milieu d’après-midi, des heurts entre casseurs et forces de l’ordre ont jalonné ce cortège massif, qui a rallié la place de la Bastille depuis celle de la République à partir de 15 heures. Plusieurs voitures et du mobilier urbain ont été incendiés par des casseurs le long du parcours, ainsi qu’un kiosque, une brasserie et une façade de restaurant, lors de leur arrivée sur la place symbolique.

37 policiers et gendarmes blessés

Peu avant 17 heures, alors que la très grande majorité des manifestants continuaient à rejoindre la Bastille dans le calme, des manifestants encagoulés et vêtus de noir ont, dans les rues adjacentes, jeté des projectiles sur les policiers et gendarmes, essuyant des charges en retour. Certains des casseurs ont aussi forcé l’ouverture d’un chantier installé sur la place et se sont servis de pavés, matériel de construction et barrières contre les forces de l’ordre.

La préfecture de police indiquait à 19h45 avoir procédé à 46 arrestations. Un peu plus tôt, le parquet de Paris a annoncé avoir placé 27 personnes en garde à vue. Selon le ministre de l’Intérieur qui, dans un tweet, « condamne des violences inacceptables contre les forces de l’ordre », 37 policiers et gendarmes ont été blessés (dont 23 dans la capitale). L’un d’eux a notamment été filmé alors qu’il était roué de coups au sol.

D’autres images montrent également un manifestant inerte au sol, puis exfiltré par un policier. Dans la soirée, le président de Reporters sans frontières Christophe Deloire a déploré sur Twitter, en partageant une impressionnante photo, les blessures au visage subies par le photographe indépendant Ameer al Halbi, qui a selon lui reçu des coups de matraque place de la Bastille alors qu’il était « identifiable comme journaliste ».

Les derniers participants au cortège parisien ont été évacués de la place de la Bastille vers 19 heures, avec le renfort de canons à eau.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading