L’incendie à bord du sous-marin nucléaire « Perle » fait craindre d’importants dégâts – Le Monde

Des pompiers s’affairent autour du « Perle », sur la base navale de Toulon, le 12 juin.

L’incendie à bord du Perle, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) en cours de révision à la base navale de Toulon, n’était toujours pas maîtrisé en début de soirée, vendredi 12 juin, faisant craindre d’important dégâts, possiblement irrémédiables, pour ce bâtiment stratégique de la marine française.

La préfecture maritime, qui avait annoncé le départ de l’incendie, précise que le SNA ne contenait « aucun combustible nucléaire à bord, celui-ci ayant été retiré dans le cadre de l’arrêt technique ». « Le sous-marin a été évacué, il n’y a pas de blessés », a-t-elle ajouté. « Les équipes avancent », a communiqué en fin de journée une porte-parole de la préfecture maritime de la Méditerranée. Environ 150 pompiers sont mobilisés.

Mais à 19 heures vendredi l’incendie n’était toujours pas maîtrisé et l’inquiétude était vive dans les états-majors. La préfecture maritime de la Méditerranée explique qu’il est trop tôt pour se prononcer. Mais, cités dans Var-Matin, plusieurs techniciens proches du chantier naval émettent des doutes sur la possibilité de sauver le navire.

Ce que confirment les informations du Monde. La durée de l’incendie, depuis 10 h 30 ce matin, laisse craindre que la coque et la structure du navire soient atteintes. Si la marine perd un de ses six SNA, c’est toute l’organisation de la dissuasion nucléaire qui devra être repensée. Et la marine devra renoncer à certaines missions stratégiques.

La ministre des armées doit se rendre sur place

L’incendie a pris, pour une raison indéterminée à ce stade, dans les « parties inférieures » à l’avant du sous-marin, dans une zone « difficile d’accès », a détaillé un représentant de Naval Group, l’industriel chargé du chantier, qualifiant l’incident de « sérieux ». Une quarantaine de personnes, travaillant principalement pour le maître d’œuvre Naval Group, se trouvaient à bord quand le sinistre s’est déclenché.

Sur place, un voile de fumée était encore visible, s’échappant d’un hangar autour duquel de nombreux pompiers s’affairaient avec une lance à eau, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse (AFP) en fin de journée.

« Les marins-pompiers de Toulon, de Marseille et les sapeurs-pompiers sont mobilisés », souligne le capitaine de vaisseau Eric Lavault, porte-parole de la marine. La ministre des armées, Florence Parly, « suit de près l’évolution de la situation » et se rendra sur place « dès que les conditions le permettront », a précisé à l’AFP le ministère.

Les risques seraient limités pour l’environnement car, outre le combustible nucléaire, les armes, les batteries ainsi que le carburant du moteur de secours diesel avaient été retirés du navire pour sa période de maintenance. Le feu n’a pas atteint « le compartiment chaufferie nucléaire », a ajouté la porte-parole de la préfecture.

Un chantier retardé à cause du Covid-19

Le sous-marin nucléaire d’attaque « Perle » dans la rade de Toulon, en juillet 2014.

Le chantier de maintenance de la Perle, qui a démarré en janvier sous la maîtrise d’œuvre de l’industriel Naval Group, avait déjà été retardé en raison des mesures sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19. La fin de l’arrêt technique du sous-marin était prévue en février 2021.

Ce SNA, mis en service en 1993, est le dernier-né de la série des sous-marins de la classe Rubis, qui arrive en fin de vie et doit être remplacé à partir de 2021 par les Barracuda dont le premier exemplaire, le Suffren, a débuté fin avril ses essais en mer.

Marc Vuillemot, maire (PS) de La Seyne-sur-Mer et vice-président de la métropole toulonnaise, a fait part de son côté de la préoccupation de ses concitoyens exposés aux fumées de l’incendie « en ce jour de vent d’est ». Le préfet maritime « m’assure qu’il ne devrait pas y avoir d’incidence sanitaire sur les populations exposées aux fumées, dans la mesure où le bâtiment n’avait ni armes ni combustible nucléaire à bord », explique-t-il dans un communiqué. « Des mesures de la qualité de l’air sont toutefois effectuées pour en obtenir confirmation », ajoute-t-il.

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