L’impression 3D prend son temps pour s’installer dans le paysage industriel

L'impression 3D prend son temps pour s'installer dans le paysage industriel

Pendant la crise, les industriels ont été séduits par la rapidité de l’impression 3D pour procéder dans l’urgence à la production de pièces détachées ou de matériel médical, comme des écouvillons, des pousse-seringues ou encore des masques respiratoires. Cela a-t-il aidé à faire connaître davantage l’impression 3D au-delà du cercle d’initiés ?

L’étude annuelle “State of 3D Printing”, réalisée par Sculpteo, a mis en lumière qu’en 2020, 30 % des entreprises interrogées ont connu une croissance des opérations d’impression 3D durant la pandémie. L’étude constate en revanche que si l’intérêt augmente, les investissements dans cette technologie ont légèrement fléchi par rapport à l’année précédente, puisque 23 % des entreprises déclarent y avoir investi plus de 100 000 euros l’année dernière, contre près de 30 % dans un paysage prépandémique.

Ce décrochage est une conséquence des contraintes budgétaires qui pèsent sur les industries. Clément Moreau, DG de Sculpteo, veut croire qu’il s’agit d’un phénomène conjoncturel. « La fin du premier trimestre a marqué un redémarrage de l’activité, particulièrement aux Etats-Unis. On voit que le secteur est en ébullition de nouveau. On est en train de relancer les projets, et on s’attend à ce que l’Europe suive aussi », indique-t-il à ZDNet, en marge de la publication du rapport.

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Et au-delà de la crise ?

Pour Clément Moreau, l’impression 3D s’impose comme une solution industrielle à part entière en temps de crise. « Ce genre de crise bouscule, provoque le changement et fait prendre des risques », souligne-t-il.

Mais de quoi l’industrie a-t-elle besoin pour dépasser ces situations d’urgences et faire de l’impression 3D une norme de production ? L’étude a permis de mettre en évidence trois éléments principaux limitant l’adoption de cette technologie. Selon les répondants, un coût d’entrée plus faible, des technologies plus fiables et de nouveaux matériaux sont les clés de sa croissance.

La personnalisation de masse fait partie des axes de développement majeurs, indique Clément Moreau. Selon l’étude, la tendance à la “customisation de masse” – à savoir la capacité à produire des objets personnalisés en grande quantité – a gagné des points sur l’année écoulée : 41 % des utilisateurs la citent comme un avantage, soit une augmentation de 9 % par rapport à l’année dernière. Pour certains objets, comme les semelles orthopédiques, les appareils auditifs et les gouttières dentaires, les applications sont déjà visibles. En revanche, pour tout ce qui concerne la personnalisation des objets de décoration ou encore des équipements sportifs (comme les chaussures et les semelles), la valeur d’usage n’est pas encore au rendez-vous, constate Clément Moreau.

Un intérêt plus marqué pour les matériaux durables

De la même façon, les arguments de durabilité et de réparabilité qu’offre cette technologie ne sont encore qu’un épiphénomène qui ne se voit pas dans les chiffres, reconnaît Clément Moreau. Dans cette perspective, il note que bien que Sculpteo engage un partenariat avec un fabricant d’électroménager en Allemagne, le volume de production associé « n’est pas conséquent ».

Pour soutenir son effort sur les matériaux durables, Sculpteo a recruté un responsable en développement durable à temps plein, en anticipation de ce marché qui devrait s’accroître, et dans l’optique de travailler plus étroitement avec les clients sur cette problématique. C’est d’ailleurs une tendance pour 2021 que Clément Moreau observe. « Depuis la fin de l’année dernière, on voit arriver la durabilité des matériaux parmi les critères de choix dans les appels d’offres, en complément des critères de prix et de qualité », indique-t-il. Clément Moreau estime d’ailleurs que beaucoup de jeunes ingénieurs sont « surmotivés par le sujet du développement durable ».

Dans une logique prospective plus optimiste, l’étude rapporte que 61 % des utilisateurs déclarent qu’ils augmenteront leurs investissements dans l’impression 3D en 2021. En définitive, « les choses s’installent », résume Clément Moreau. « On a la certitude qu’on n’est pas dans une bulle qui va s’effondrer. C’est une technologie qui prend son temps pour s’installer. »

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