Limitation à 110 km/h sur l’autoroute : les Français disent non – Le Parisien

« Une contrainte de plus », « une mesure gadget », « démagogique », « un chiffon rouge qu’on agite sous le nez du taureau »… La Convention citoyenne pour le climat venait à peine de proposer vendredi dernier d’abaisser de 130 à 110 km/h la vitesse sur autoroute que déjà les réseaux sociaux s’enflammaient contre cette mesure. Une semaine après, d’après un sondage Elabe pour le Réseau action climat (RAC) que nous vous dévoilons, il apparaît que 68 % des Français y sont opposés.

« C’est un rejet massif, reconnaît Laurence Bedeau, associée au cabinet Elabe. Mais c’est sans doute parce que les conducteurs sous-estiment le poids de la voiture individuelle dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’impact que peut avoir une baisse de 20 km/h sur les émissions polluantes. Du coup, ils se disent à quoi bon. »

Perte de temps

Si les citoyens réunis au sein de la Convention pour le climat ont suggéré au gouvernement d’adopter cette mesure parmi 149 autres, c’est parce qu’elle permettrait de réduire de 20 % les rejets d’oxydes d’azote et de particules fines des véhicules tout en fluidifiant le trafic. « Elle a aussi un effet immédiat sur la consommation de carburant et les rejets de CO2 puisque l’on roule moins vite et que l’on utilise moins de carburant, relève Anne Bringault, responsable transition énergétique du RAC. Mais je ne suis pas étonnée que cette mesure symbole soit rejetée et ait beaucoup agité l’opinion car elle peut apparaître aux yeux de certains comme liberticide et intervient après l’application du 80 km/h sur les routes. »

Limitation à 110 km/h sur l’autoroute : les Français disent non

Beaucoup d’automobilistes mettent aussi en avant la perte de temps sur un long trajet et le risque d’endormissement. « Les débats de la semaine montrent que cette proposition n’est pas acceptée ou comprise par les Français, reconnaît le consultant en environnement Lionel Bordeaux. Mais il est rarement rappelé que la voiture est la deuxième cause d’émission de gaz à effet de serre en France (16 % derrière l’industrie à 18 %), loin devant les 600 000 poids lourds (6 %) ou même le chauffage et l’eau chaude des particuliers (11 %). »

54 % favorables à un malus renforcé pour les voitures polluantes

Déjà vent debout contre la limitation à 80 km/h sur les routes, l’association 40 millions d’automobilistes a lancé dès le week-end dernier une pétition contre la baisse des vitesses sur autoroute et affirme avoir recueilli 400 000 signatures. Preuve que tout ce qui touche à la voiture individuelle constitue un sujet épidermique en France, seuls 54 % des Français se disent favorables à un malus renforcé pour les voitures polluantes (sauf pour les familles ayant trois enfants et plus) comme le suggère la Convention citoyenne.

« Cette mesure est délirante et socialement injuste car elle exclurait de fait les familles ayant un ou deux enfants », tacle le secrétaire général de 40 millions d’automobilistes Pierre Chasseray. « Il est plus facile d’accepter ce qui ne nous touche pas directement, reconnaît Laurence Bedeau. Mais on voit néanmoins que les Français sont à 67 % favorables à l’interdiction aux centres-villes des véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre. »

Une mesure déjà adoptée par certaines grandes villes comme Paris. « Les Français voient bien qu’en centre-ville, il existe désormais de nombreuses alternatives à la voiture, comme le vélo ou les transports en commun », souligne Anne Bringault. « Tout dépend ce que l’on entend par véhicule polluant, souligne le secrétaire général de 40 millions d’automobilistes Pierre Chasseray. L’âge moyen des voitures en France étant de dix ans, cela signifie qu’une majorité de Français ne pourrait plus du tout rouler en ville. »

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