L’idée d’un passeport vaccinal connecté fait son chemin chez les géants du numérique

L'idée d'un passeport vaccinal connecté fait son chemin chez les géants du numérique

Alors que la vaccination contre le Covid-19 avance dans de nombreux pays, l’idée de créer des “passeports vaccin” numériques s’accélère. Bien que ces laissez-passer sont loin de faire l’unanimité en France, d’autres pays européens comme l’Estonie, la Hongrie ou l’Islande se sont à piloter une technologie qui permettrait aux personnes ayant reçu le vaccin de prouver leur état de santé par la lecture d’un code QR.

Baptisée VaccineGuard, la plateforme a pour objectif de relier entre eux différents agents, depuis le point de fabrication du vaccin jusqu’au garde-frontière contrôlant un voyageur individuel, afin de créer un système dans lequel des informations fiables sur le processus de vaccination peuvent être partagées entre une myriade de sources et de pays différents.

Pour les citoyens, VaccineGuard serait, en termes simples, une version numérique du document de certification du vaccin déjà délivré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), également connu sous le nom de carte jaune, qui fonctionne comme un passeport médical reconnu au niveau international et qui contient les dossiers de vaccination des individus. 

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La technologie au secours de la vaccination

VaccineGuard s’accompagne néanmoins de certaines améliorations technologiques : lors de l’administration d’un vaccin, les prestataires de soins de santé devront générer un certificat numérique sous la forme d’un code QR, auquel les patients pourront à leur tour accéder par courrier électronique, via une application ou sous forme d’impression. Le code servira de preuve vérifiée de la vaccination et pourra être affiché en cas de besoin, que ce soit pour voyager, retourner au travail ou assister à un événement public.

L’entreprise à l’origine de la plateforme, Guardtime, a également annoncé un partenariat avec le fabricant de vaccins AstraZeneca en Estonie, afin d’élargir encore la portée de l’écosystème de données de VaccineGuard. Grâce à la technologie des chaînes de production, les fabricants de vaccins pourront sérialiser les flacons qu’ils produisent, créant ainsi une sorte de certificat de naissance qui permettra de suivre les produits jusqu’à leur point d’administration.  

Cela jouera non seulement un rôle clé pour garantir qu’aucun vaccin n’est contrefait, mais permettra également aux autorités sanitaires de vérifier que le nombre de certifications de vaccins délivrées sur la plateforme correspond au nombre de vaccins qui ont été effectivement livrés et administrés.

Un processus de vaccination plus fiable ?

Pour Ain Aaviksoo, le médecin en chef de Guardtime, l’objectif final est de renforcer la fiabilité du processus de vaccination et de garantir que lorsqu’un citoyen présente son certificat de vaccination numérique, la validité de ses certificats de santé peut être effectivement vérifiée. “Toutes les données sont conservées dans un seul espace d’information”, explique-t-il à ZDNet. “Cela renforce l’intégrité et la fiabilité de la vaccination en tant que procédure. Nous pouvons donner une garantie indépendante et vérifiable que les données présentées sont basées sur la vérité”.

VaccineGuard est piloté dans le cadre d’un accord signé entre l’Estonie et l’OMS en octobre dernier, afin de collaborer au développement d’un certificat numérique de vaccination qui fonctionnerait au-delà des frontières, également appelé “carte jaune intelligente”.  

Guardtime n’est que l’une des entreprises à avoir sauté sur l’occasion de créer une version numérique des passeports de vaccination. La semaine dernière, par exemple, Microsoft, Salesforce et Oracle ont rejoint la Vaccination Credential Initiative (VCI), en vue de développer une technologie qui permettra aux personnes ayant reçu le vaccin COVID-19 de conserver une trace de leur historique de vaccination dans une application numérique “Health Wallet” sur leur téléphone.

Des initiatives mondiales

En Inde, l’application Co-Win est déjà à l’œuvre, fournissant des informations en temps réel sur les stocks de vaccins et un suivi individualisé des personnes qui ont été vaccinées. D’autres plateformes telles que CommonPass ont également été développées pour permettre aux individus de documenter leur statut vaccinal, par exemple lorsqu’ils voyagent.

“Guardtime est l’une des différentes options de certification des vaccins qui existent”, explique Marten Kaevats, conseiller numérique du gouvernement estonien, à ZDNet. “Et il est probable que chaque pays choisira un type de certification de vaccin différent qui ne sera pas nécessairement VaccineGuard”.

“Nous ne poussons pas une entreprise du secteur privé en particulier”, poursuit-il. “Notre objectif principal est plutôt de faire en sorte que toutes ces différentes solutions fonctionnent ensemble”.  Fondamentalement, explique ce dernier, les passeports de vaccins ne peuvent fonctionner au-delà des frontières que s’il est certain que tous les fournisseurs de certificats de vaccination sont légitimes. En d’autres termes, c’est une chose de numériser les certificats de vaccination, mais c’en est une autre de s’assurer que tous les certificats des différentes plateformes sont fiables dans le monde entier.

Un accord à visée internationale

Permettre cet accord mondial sur la certification des vaccins est au cœur de l’accord conclu entre l’OMS et l’Estonie. L’idée est de mettre en place un cadre auquel adhéreront différentes plateformes numériques, allant d’une liste blanche de prestataires de soins certifiés aux informations clés devant figurer sur la certification des vaccins.  Sans normes unifiées, en effet, même les solutions technologiques les plus pointues ne pourront pas fonctionner, car elles n’auront pas la fiabilité nécessaire pour étayer l’initiative en premier lieu.

Le service offert par VaccineGuard, par exemple, repose sur des établissements de santé “dignes de confiance” qui délivrent des certifications de vaccins, et les QR codes ne peuvent être créés que par des émetteurs qui appartiennent à une liste d’organisations autorisées – mais il reste beaucoup à faire pour définir qui doivent être ces participants autorisés, et quels critères ils doivent remplir. “Si vous vous faites vacciner dans un hôpital à Londres, comment puis-je avoir confiance dans la fiabilité des informations fournies par cet hôpital ? Comment puis-je savoir que cet hôpital existe ?”, résume Marten Kaevats.

La question a donc plus à voir avec le droit international qu’avec la technologie, explique ce dernier. “Il s’agit de créer la confiance entre les gouvernements, et entre les entités gouvernementales qui certifient les institutions médicales. Ce que nous pilotons, en réalité, c’est cette architecture de confiance mondiale qui doit être mise en place”, dit-il.

Vers un “cadre de confiance universel” ?

Le gouvernement estonien et l’OMS ont commencé à jeter les bases de ce “cadre de confiance universel” avec l’Islande et la Hongrie, qui ont également décidé d’utiliser la technologie de Guardtime. D’autres pays devraient s’y associer au cours des prochains mois. D’ici la fin mai, alors que les pays se réuniront pour l’Assemblée mondiale de la santé, Marten Kaevats espère mettre en place un projet pilote pour encourager les nations à s’engager dans le projet.

Il faudra donc peut-être un certain temps avant que les conceptions d’une carte jaune à puce proposées par les entreprises technologiques n’ouvrent la voie aux voyages internationaux à une échelle véritablement mondiale. Ain Aaviksoo de Guardtime se prépare pour sa part à une forte collaboration entre le secteur privé et le secteur public dans les semaines à venir. “Il est très important que nous définissions qui surveille l’accès à ces documents”, dit-il.

“Il est absolument nécessaire de construire cela de manière solide. Même si vous ne voyez pas l’autre côté de l’écosystème, vous devez être certain que ce qui vous est révélé sous cette forme numérique est valide”, explique ce dernier.

Source : ZDNet.com

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