Liban, Biélorussie, relance économique… Emmanuel Macron fixe le cap de sa rentrée politique devant la presse présidentielle – Le Monde

Emmanuel Macron en déplacement dans une usine du groupe pharmaceutique Seqens, à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le 28 août.

A une semaine de l’annonce du plan de relance économique voulu par l’exécutif et au terme d’une séquence de communication sur la rentrée scolaire dans un contexte de recrudescence de l’épidémie due au nouveau coronavirus, Emmanuel Macron a déroulé, vendredi 28 août, les grandes lignes de ses choix politiques pour les mois à venir devant les 70 journalistes de la presse présidentielle.

Marquée par la nomination, attendue depuis plusieurs semaines, de François Bayrou à la tête d’un Haut-Commissariat au Plan, l’intervention du président de la République a surtout porté sur des thématiques internationales. La position de la France sur la situation au Liban, en Biélorussie et les relations du pays avec la Russie ont notamment été évoquées.

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  • Une intervention russe en Biélorussie serait « le pire » qui puisse arriver

« Toute intervention extérieure en Biélorussie (…) conduirait à internationaliser cette question », et « le pire est l’intervention russe », a déclaré le chef de l’Etat, alors que son homologue russe, Vladimir Poutine, s’est dit prêt jeudi à déployer des forces dans ce pays voisin si la situation dégénère. Avec la chancelière allemande, Angela Merkel, « nous ne voulons pas avoir la réitération de ce qui s’est passé en Ukraine », a insisté Emmanuel Macron.

Pour le chef de l’Etat français, toute intervention extérieure « serait malvenue ». « Notre volonté est d’engager la Russie dans un dialogue sur la Biélorussie et de nous aider à convaincre le président Loukachenko de la nécessité d’accepter une médiation de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] », a-t-il poursuivi.

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« Ce que le président Poutine a pu dire à la chancelière Merkel et à moi-même, c’est que lui était favorable à une médiation OSCE mais pas le président Loukachenko. Donc il a des efforts à faire pour nous aider en ce sens », a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a déjà appelé Moscou vendredi à s’abstenir d’intervenir dans la crise en Biélorussie et à « respecter les choix démocratiques » du peuple biélorusse.

  • Les déploiements turcs en Méditerranée : une « provocation »

Le président français a assuré vouloir « réengager un dialogue positif » avec la Turquie mais avec des « préalables ». « Ces dernières années, la stratégie qui a été celle de la Turquie n’est pas la stratégie d’un allié de l’OTAN », a souligné le président Macron.

Il a déclaré « assumer complètement » le déploiement par la France mi-août de deux navires de guerre et deux avions Rafale pour soutenir la Grèce. « Nous n’avons pas déployé une armada en Méditerranée orientale mais nous avons simplement dit que nous considérons que les déploiements faits [par la Turquie] sont une provocation », a ajouté le président français.

Les tensions entre Ankara et Athènes, qui se disputent certaines zones maritimes en Méditerranée orientale, riches en hydrocarbures, sont montées d’un cran cette semaine, avec des manœuvres militaires rivales, incluant d’un côté des navires de guerre turcs et américains, et de l’autre des bâtiments grecs, chypriotes, français et italiens.

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  • Interrogé sur 2022, Macron dit se concentrer sur le présent

Emmanuel Macron a botté en touche sur la question de ses ambitions pour la présidentielle de 2022, se disant pleinement concentré sur son mandat actuel, d’autant plus que la France n’a pas encore surmonté la crise sanitaire du Covid-19 et ses répercussions économiques.

« Il y a suffisamment d’imprévus depuis le début du quinquennat pour que je puisse avoir de l’ambition à long terme pour le pays mais une espèce de concentration à court terme pour ce qui me concerne », a déclaré le chef de l’Etat devant les journalistes.

« J’ai été élu pour cinq ans. Ce que je dois aux Françaises et aux Français, c’est d’œuvrer pendant cinq ans, d’être diverti le moins possible », a-t-il ajouté, en précisant qu’il était « à la tâche, au service ».

  • L’absence d’aides au Liban mènerait à une « guerre civile »

« Si nous lâchons le Liban dans la région, si en quelque sorte nous le laissons aux mains des turpitudes des puissances régionales, ce sera la guerre civile » et « la défaite de ce qui est l’identité même du Liban », en crise et victime d’une explosion dévastatrice début août au port de Beyrouth, a déclaré le chef de l’Etat devant l’Association de la presse présidentielle à Paris.

Le président français a évoqué les « contraintes d’un système confessionnel » qui, « ajoutées pour parler pudiquement aux intérêts liés », ont conduit « à une situation où il n’y a quasiment plus de renouvellement [politique] et où il y a quasiment une impossibilité de mener des réformes ».

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Suivant une ligne d’« exigence sans ingérence », il a cité les réformes à conduire : « Passer la loi anticorruption, réformer les marchés publics, réformer le secteur de l’énergie » et le système bancaire. « Si on ne fait pas cela, l’économie libanaise va s’effondrer » et « la seule victime sera le peuple libanais (…) qui ne peut pas s’exiler », a-t-il mis en garde.

Emmanuel Macron avait déjà effectué une visite éclair deux jours après l’explosion qui a tué au moins 180 personnes le 4 août. Le chef de l’Etat retournera mardi matin dans les quartiers ravagés, où il fera le point sur les opérations de déblaiement et la distribution de l’aide.

  • La nomination de Bayrou haut-commissaire au Plan confirmée

Enfin, Emmanuel Macron a confirmé qu’il nommerait son allié du MoDem François Bayrou au poste de haut-commissaire au Plan et à la prospective lors du conseil des ministres du 3 septembre. « Nous avons besoin de retrouver un sens du long terme », a plaidé le président de la République.

« Nous avons besoin évidemment de gérer la crise au quotidien », a développé le chef de l’Etat, faisant référence au plan de relance économique, « mais on a besoin d’avoir aussi, au service du président et du gouvernement, une instance qui réfléchit à plus long terme et avec moins de contraintes, en connaissant le pays ». « J’écrirai moi-même sa lettre de mission », a ajouté le président, en saluant « l’expérience » de l’ancien ministre et élu local, « grand responsable politique » et « Européen convaincu ».

Le Monde avec AFP

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