L’huile de palme rouvre la fracture entre économie et écologie au sein du gouvernement et dans la majorité – Le Monde

Après 24 heures de flou, l’Assemblée a finalement rejeté, lors d’un second vote, un amendement favorisant fiscalement l’huile de palme.

Par , et Publié aujourd’hui à 04h40, mis à jour à 06h04

Temps de Lecture 5 min.

Des militants de Greenpeace bloquent une raffinerie Total pour dénoncer l’importation d’huile de palme, le 29 octobre à La Mède (Bouches-du-Rhône).

Ce qui aurait pu se résumer à une sortie de route malencontreuse a révélé une fracture profonde. Vendredi 15 novembre au soir, l’Assemblée nationale a finalement rejeté à une écrasante majorité (58 voix contre, deux pour) un amendement au projet de loi de finances (PLF) 2020 favorisant fiscalement l’huile de palme. Cette dernière est considérée comme ayant des conséquences dramatiques sur l’environnement, notamment en termes de déforestation.

D’abord adopté, jeudi, en quelques secondes et à la surprise générale, l’amendement en question a semé la zizanie pendant près de vingt-quatre heures au sein de la majorité et de l’exécutif, et réveillé le débat lancinant qui oppose écologie et économie. Un épisode fâcheux au moment où Emmanuel Macron cherche à se présenter en champion de la défense de la planète, et alors que la majorité défend cette année l’idée d’un budget plus « vert ».

Déposé par le député (MoDem) des Bouches-du-Rhône, Mohamed Laqhila, cet amendement a initialement été adopté sans débat, jeudi soir, au cours de la longue litanie de l’examen du PLF, qui en est à sa cinquième semaine de discussions au Palais-Bourbon. Il prévoyait le report à 2026 de la fin de l’avantage fiscal dont bénéficie l’huile de palme, qui reste considérée, pour le moment, comme un biocarburant.

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Faire passer son amendement « sous le manteau »

L’amendement controversé visait à en modifier un autre, adopté dans le précédent budget, selon lequel l’huile de palme doit être exclue de la liste des biocarburants dès le 1er janvier 2020. Une mesure dénoncée par le groupe pétrolier Total, qui a démarré, début juillet, l’exploitation d’une raffinerie d’agrocarburants à La Mède (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, activité pour laquelle il utilise de l’huile de palme. L’amendement de M. Laqhila était cosigné par d’autres députés, notamment élus des Bouches-du-Rhône, qui émargent au MoDem, à La République en marche (LRM) et chez Les Républicains (LR).

Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, avait donné, jeudi, un avis favorable au nom du gouvernement, contre l’avis du rapporteur (LRM) du budget, Joël Giraud. Mais l’amendement n’ayant pas été défendu par ses auteurs, il n’avait pas donné lieu à discussion. Une fois le dispositif voté, l’émoi a rapidement gagné l’opposition comme la majorité. « L’amendement est passé en deux secondes, sans aucun débat. C’est une erreur à rattraper en deuxième lecture », a estimé la marcheuse Bénédicte Peyrol. « On s’est fait niquer ! », a embrayé Joël Giraud auprès de l’Agence France-Presse. Il a demandé une réunion de la commission des finances afin d’obtenir une nouvelle délibération.

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