LFI évite de justesse le piège de la niche RN sur la réintégration des soignants non vaccinés – Le Monde

C’est l’histoire d’une proposition de loi curieusement consensuelle. La réintégration des soignants non vaccinés – sous réserve de la présentation quotidienne d’un test négatif au Covid‑19 –, portée le 24 novembre par la députée La France insoumise (LFI) Caroline Fiat, avait les faveurs de la droite (Les Républicains), des ultramarins de gauche et du Rassemblement national (RN). Les écologistes et les socialistes étaient mitigés. Les macronistes et le gouvernement foncièrement contre, au point, lors de la niche parlementaire de LFI, d’empêcher le vote d’avoir lieu. De quoi préparer le terrain à un piège du Rassemblement national, qui a repris cette semaine, dans le texte, la proposition de leur collègue de LFI dans l’ordre du jour de leur propre niche parlementaire, le 12 janvier 2023. « Sur ces sujets on doit être capables de passer au-delà d’une vision partisane et juste politicienne », a argumenté Marine Le Pen, lundi 5 décembre, devant la presse.

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Mardi matin, lors de leur réunion de groupe, les députés « insoumis » étaient partagés. Impossible d’aller défendre un texte avec le RN, fût-il le leur, arguait une majorité. Pourquoi pas, estimaient d’autres, et notamment des proches de Jean-Luc Mélenchon. Caroline Fiat elle-même pensait avoir trouvé le moyen d’avancer, en décrochant, mardi en commission des affaires sociales, l’assurance qu’elle serait la seule rapporteuse du texte, alors que le RN voulait lui adjoindre un corapporteur venu de ses rangs : « Ce sera donc moi seule comme rapporteure ! Tel est pris qui croyait prendre ! », a-t-elle tweeté dans la soirée.

Devant la presse, dans la salle des Quatre-Colonnes, elle expliquait qu’elle n’allait pas refuser ce temps législatif « donné ». « Ils me donnent leur temps législatif, je n’allais pas dire non », disait-elle. Une prise de parole jugée « pas très bien calibrée » par ses collègues « insoumis » et de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui ont fini par juger, tard mardi soir, qu’un retrait du texte s’imposait, au risque de tomber sous la coupe du Rassemblement national.

« Jamais d’accord avec l’extrême droite »

Que la gauche porte un texte avec le RN, le 12 janvier 2023, cela aurait été particulièrement malvenu pour Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), qui jouera sa réélection précisément ce jour-là, date du premier tour du vote des adhérents socialistes. L’un de ses adversaires au congrès, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, s’est d’ailleurs engouffré dans la brèche ouverte par cette affaire, mercredi : « Nous disons non au populisme », a-t-il tweeté, « condamn[ant] » la démarche des « insoumis ». Sur Twitter, mercredi, Olivier Faure s’est lui fendu d’un : « Quand le RN tend un piège le mieux est de ne pas sauter dedans à pieds joints. A aucun moment et sous aucun prétexte, il ne peut y avoir de confusion entre la gauche et l’extrême droite. » Plus tôt, sur France Inter, le chef de file des députés du PS, Boris Vallaud, l’assurait aussi : « Nous ne frayons pas avec l’extrême droite. »

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