L’exécutif veut décaler les élections régionales d’une semaine, à la fin de juin – Le Monde
Des élections régionales maintenues en juin… mais décalées. Le premier ministre, Jean Castex, va proposer aux parlementaires d’organiser les élections régionales et départementales les 20 et 27 juin – elles étaient initialement prévues les 13 et 20 juin.
C’est ce que Matignon a confirmé au Monde, mardi 13 avril : « C’est une semaine de plus pour la vaccination, une semaine de plus pour faire campagne », invoque l’exécutif. M. Castex s’exprimera à l’occasion de débats suivis de votes consultatifs à l’Assemblée nationale mardi 13 avril et au Sénat mercredi 14 avril.
Le chef du gouvernement avait déclaré la semaine dernière qu’il privilégiait « à ce stade » le maintien des deux scrutins aux 13 et 20 juin. Changement de plan, donc, mardi matin. « Le premier ministre va proposer que les élections aient lieu au mois de juin, peut-être en décalant jusqu’au 27 juin le deuxième tour (…) je le pense et je m’en félicite », a souligné Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, au micro de RTL.
Tollé après la consultation des maires
Vendredi 9 avril, prenant tout le monde par surprise, à commencer par les premiers concernés, M. Castex avait déclenché une consultation express des maires par les préfets afin qu’ils répondent par oui ou par non, avant lundi 12 avril à midi, s’ils estimaient les conditions réunies pour tenir les scrutins régionaux et départementaux prévus les 13 et 20 juin. Provoquant immédiatement un tollé des oppositions. Il s’était attiré les foudres des associations d’élus et de l’opposition, qui l’ont soupçonné de vouloir reporter des élections a priori défavorables à la majorité.
D’autant que l’Association des maires de France (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France s’étaient déjà prononcées pour le maintien des scrutins, dans un courrier, daté de jeudi, adressé à l’exécutif.
Une majorité (56 %) de maires directement consultés ont voté pour le maintien et, au total, environ deux tiers (69 %) d’entre eux ont répondu. L’AMF, dirigée par l’ancien ministre François Baroin, s’est immédiatement félicitée que les élus « conformément à l’avis formulé par ses instances représentatives (…) aient manifesté leur volonté que le calendrier électoral soit respecté » et « su placer l’intérêt général au-dessus de toute considération politique ».
Ces atermoiements sont aussi la conséquence de la clause de revoyure prévue dans la loi approuvée cet hiver, qui devait se baser sur un avis du conseil scientifique. Celui-ci ne s’est finalement pas prononcé sur un éventuel report, laissant au début d’avril la responsabilité en la matière à l’exécutif.
« Le gouvernement ne doit pas se défausser »
Du côté de l’opposition, les critiques ont également fusé, principalement chez Les Républicains (LR), qui sont à la tête de plusieurs régions, et qui comptent se servir du scrutin comme d’un tremplin pour la présidentielle. « C’est comme si on envoyait aux maires une sorte de sondage pour leur demander si les Français devraient payer leurs impôts », a ironisé l’eurodéputé (LR) François-Xavier Bellamy au micro de Sud Radio. « Ne faisons pas la différence entre des élections essentielles et celles qui ne le seraient pas », a aussi martelé sur BFM-TV et RMC, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat pour 2022, qui a dit quitter la vie politique s’il était battu aux régionales.
Aussi le débat annoncé au Parlement au dernier moment a également suscité de vives critiques : « C’est à 16 h 27 par SMS, puis à 16 h 43 par un courrier du cabinet du premier ministre que nous avons appris officiellement la tenue d’un débat 50-1 (…) Au bout du compte, le gouvernement est le seul décideur du maintien ou pas des élections, il ne doit pas se défausser », a résumé la sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis Eliane Assassi.