
Levée de fonds Mistral AI. Une licorne toujours française ?
Après une première levée de fonds de 105 millions d’euros en amorçage (seed) en juin, Mistral AI serait en passe de faire entrer de nouveaux investisseurs à son capital.
Selon des informations de Bloomberg, un nouveau tour de table de la startup fondée par trois Français experts de l’intelligence artificielle devrait lui permettre d’accéder en moins d’un an au statut de licorne.
Horowitz, Salesforce et Nvidia aux manettes
Mistral AI lèverait 487 millions de dollars auprès de plusieurs géants américains, à commencer par le fonds VC américain Andreessen Horowitz. Ce dernier mènerait l’opération en apportant environ 216 millions de dollars.
Salesforce et Nvidia contribueraient à hauteur de 130 millions de dollars. Au total, la valorisation du concepteur de modèles open source grimperait à près de 2 milliards de dollars.
Dans ce cadre, les cofondateurs cèderaient des parts, tout comme Cédric O. L’ancien secrétaire d’Etat au numérique du président Macron, présent aux côtés des dirigeants, empocherait potentiellement une importante plus-value.
Avec plus de 325 millions d’euros de capitaux propres supplémentaires, Mistral AI se doterait de moyens financiers conséquents pour développer une alternative crédible à OpenAI et aux autres Gafam.
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Mistral AI toujours européen ?
Se poserait toutefois alors la question de l’ambition initiale de Mistral AI d’offrir une alternative européenne aux technologies d’intelligence artificielle générative américaines du fait de la place occupée par les capitaux américains.
Cet objectif ne serait-il pas remis en question ? Le poids du dollar ne constituerait-il pas aussi un risque pour la réglementation de l’IA en Europe et en France ? Le comité de l’IA générative, composé de 15 membres et installé par le gouvernement français, compte dans ses rangs deux représentants de Mistral AI.
Il s’agit de Cédric O et d’Arthur Mensch, cofondateur et CEO de Mistral AI. Par ailleurs, en collaboration avec l’Allemagne et l’Italie, la France s’efforce de peser sur la future réglementation européenne sur l’IA, l’AI Act.
Bataille au sommet sur l’AI Act
Une importante réunion du trilogue est prévue aujourd’hui 6 décembre pour décider des contours de l’AI Act. Deux lignes principales s’opposent. L’une préconise de réguler les usages, quand la seconde privilégie un encadrement de la technologie elle-même.
Mistral AI et son patron, qui siège comme conseiller de la stratégie nationale française, préconisent clairement la première option, plutôt qu’une régulation des modèles de fondation. Arthur Mensch considère que le projet actuel favorise “les entreprises en place qui peuvent se permettre de faire face à de lourdes exigences de conformité.”
“D’un point de vue mécanique, cela va à l’encontre de l’essor de l’écosystème européen de l’IA”, juge-t-il. Cédric O défend lui aussi cette ligne et intervient donc comme lobbyiste à l’Élysée comme à Bruxelles.