Les Ukrainiens encaissent durement au Donbass – Ouest-France

Alors que l’ultime carré des défenseurs ukrainiens de l’usine d’Azovstal à Marioupol, cessait le combat, vendredi midi, les affrontements entre forces ukrainiennes et russes gagnaient encore en intensité dans le Donbass, la partie orientale de l’Ukraine formée par les provinces de Lougansk et de Donetsk.

La violence des bombardements et l’ampleur des destructions ont poussé le président Volodymyr Zelensky à déclarer que c’est l’enfer là-bas – et ce n’est pas une exagération​.

Effectivement, des combats acharnés opposent Ukrainiens et Russes, ces derniers visant la conquête complète de ces provinces dont une partie échappe déjà depuis 2014 au contrôle de Kiev.

Depuis leur échec autour de Kiev et la bascule de leur effort du front nord vers le front du Donbass, et en dépit de leur incapacité à conquérir la grande ville de Kharkiv, les Russes ont enregistré des gains dans la région ukrainienne de Lougansk. Vendredi, le ministre russe de la Défense a même déclaré que la libération de la république populaire de Lougansk est presque achevée​.

Le presque ​a son importance.

Actuellement les forces russes tentent toujours d’isoler les villes de Sievierodonetsk et Lyssytchansk, en lançant un mouvement en tenaille. Ce mouvement piétine devant la ville de Lyman au nord. Toutefois, il connaît des succès plus au sud, à partir de la ville de Popasna où une tête de pont a été consolidée et où ont été rassemblées d’importantes forces mécanisées russes capables de bousculer les défenseurs ukrainiens.

L’état-major ukrainien a reconnu que la prise de Sievierodonetsk constitue l’objectif final des Russes. Mais ces derniers devront d’abord faire leur jonction avec les forces venant de Lyman (si elles parviennent à bousculer les défenseurs) puis fermer une poche que tiennent solidement quelque 5 000 soldats ukrainiens.

Vers une guerre d’attrition

Un autre effort russe, un peu plus à l’ouest, pourrait porter sur la ville de Bakhmut, déjà menacée sur son flanc sud, de façon à couper les lignes d’approvisionnement ukrainiennes entre l’éventuelle poche de Sievierodonetsk et la ville de Kramatorsk. L’axe de protection russe suivrait alors la route M03 qui monte, via Sloviansk, vers Izioum, ville aux mains des Russes depuis un mois.

Si les Russes réussissaient leur manœuvre d’enfermement, la chute de la région de Lougansk deviendrait inéluctable. Cette victoire tactique russe pourrait coûter très cher aux Ukrainiens dont les troupes commencent à montrer des signes de fatigue, voire d’abattement puisque des unités ont publiquement fait savoir qu’elles n’étaient plus en état de combattre par manque d’équipements et à cause de l’absence de relève.