Les tablettes ne remplacent toujours pas les ordinateurs – L’Éclaireur Fnac

À chaque terminal son usage. Les prochaines tablettes et les futurs OS peuvent-ils encore changer la tendance ?

Apple a lancé sa première tablette en 2010. L’iPad apparaissait alors comme une véritable révolution et a d’ailleurs rencontré un succès monumental avec plus de 15 millions d’exemplaires vendus en un an. À peine quelques semaines après la sortie de ce précurseur, Samsung annonçait lui aussi sa première ardoise, la Galaxy Tab.

Très rapidement, la concurrence s’est accélérée et les constructeurs ont placé de grands espoirs dans ces dispositifs, attendus comme les dignes successeurs des ordinateurs portables. Pourtant, 12 ans après l’arrivée de l’iPad, ces appareils restent encore marginaux. Faut-il alors parler d’échec stratégique ?

Un taux de pénétration encore faible

Les statistiques sont formelles, les tablettes sont largement en retrait des traditionnels ordinateurs. Selon une étude de l’ARCEP, à la fin du premier semestre 2021, alors que 86 % des foyers français étaient dotés d’un ordinateur, seuls 47 % d’entre eux disposaient d’une tablette, soit presque moitié moins. D’année en année, ces chiffres restent relativement stables.

Les tablettes équipent moins d'un foyer sur deux en France.
Les tablettes équipent moins d’un foyer sur deux en France.©Arcep

Globalement, les perspectives ne semblent pas encourageantes pour les tablettes. Certes, le marché des ordinateurs est en forte baisse en 2022, mais celui des tablettes devrait suivre la même tendance, et ce, sur plusieurs années. Le cabinet d’études IDC évoque à ce titre un recul de leurs ventes jusqu’en 2024, avec une reprise plus lente que pour les ordinateurs.

Pourtant, dès la première génération d’iPad, toutes les cases semblaient être cochées. Steve Jobs avait d’ailleurs immédiatement mis en avant lors de sa keynote tous les atouts de ce nouvel appareil, jusqu’alors inconnu du grand public. À mi-chemin entre PC et smartphone, il offre ultramobilité, large autonomie, facilité d’utilisation et éventuellement connectivité cellulaire en option. Des points qui peuvent venir à manquer sur un ordinateur.

Encore trop de limites et un positionnement pas assez ferme

Les tablettes, dont l’offre est aujourd’hui très large, peinent toujours à remplacer les ordinateurs. Si pour certains utilisateurs se passer d’un PC est tout à fait possible, pour d’autres la transition n’est pas encore techniquement permise. Voici pourquoi.

La première explication réside dans leur manque de compatibilité avec les logiciels professionnels. Fonctionnant sur la base d’applications, elles ne permettent pas leur installation comme le ferait un ordinateur tournant sous Windows, macOS ou Linux. À cette problématique s’ajoute le manque de puissance, pourtant recherchée par les professionnels de la création notamment. La plupart des tablettes tournent effectivement avec des puces initialement conçues pour smartphones ou à l’appui de SoC peu performants. Les cartes graphiques en sont aussi absentes. Mais la donne change progressivement, chez Apple tout au moins.

L'iPad Pro profitera dans quelques mois d'une version M2.
L’iPad Pro profiterait dans quelques mois d’une version M2.©Apple

De plus, même s’il est généralement possible d’y connecter un clavier détachable, les professionnels qui passent des journées à rédiger des rapports et autres écrits peuvent perdre en efficacité sur ce type de périphériques, davantage adaptés à des utilisations ponctuelles. Sans compter que, sur le long terme, un écran compact peut se révéler à la fois fatigant et peu pratique, même si les éditeurs tentent graduellement d’améliorer l’expérience multitâche sur ces appareils.

De leur côté, les gamers, souvent habitués à de larges moniteurs et à des périphériques optimisés pour le jeu, sont, eux aussi, limités par les tablettes. Finalement, seuls les utilisateurs qui se contentent de surfer sur Internet, d’aller sur les réseaux sociaux, d’écouteur leur musique, de regarder des vidéos en streaming, ou encore de prendre quelques notes ou de répondre à des emails profitent pleinement des atouts des tablettes sans faire face à toutes ses limitations.

Des (r)évolutions à venir

Malgré tous ces points négatifs, le marché des tablettes est à un tournant. Des changements commencent à s’établir et pourraient finalement aboutir à leur « suprématie » face aux PC.

Apple traite de plus en plus ses iPad comme des Mac. Les dernières éditions Pro embarquent à ce titre une puce M1, celle-là même qui équipe les MacBook. La performance est donc améliorée et c’est sans compter sur l’évolution d’iPadOS, qui accueille régulièrement de nouvelles fonctionnalités pour la productivité.

De plus, avec le principe de continuité développé par le groupe de Cupertino, il est possible d’utiliser ses périphériques habituels pour contrôler son iPad. À ce stade, finalement, la seule limite qui perdure pour les modèles du constructeur américain est l’impossibilité d’installer un logiciel, un point qui reste certes problématique pour bon nombre d’utilisateurs professionnels.

De son côté, Google semble confiant. Il perçoit un brillant avenir pour les tablettes et reste fermement convaincu qu’elles remplaceront à terme les PC en raison de leur facilité d’utilisation, du recours aux applications, de la puissance qu’elles acquièrent et surtout de leur prix modéré.

« Je pense en fait que dans un avenir proche, il y aura plus de tablettes vendues chaque année que d’ordinateurs portables. Une fois que vous aurez franchi ce point, il n’y aura pas de retour en arrière possible. »

Rich Miner

Directeur technique des tablettes chez Google

Le nouveau système d’exploitation Android 12L devrait d’ailleurs aider les tablettes à se développer. Cet OS a en effet été spécialement pensé pour s’adapter aux grands formats des ardoises (et des smartphones pliants) et commence progressivement à arriver au sein des différentes marques.

Reste à voir si les stratégies que des géants comme Google ou encore Apple mettent en place suffiront à redonner de l’attrait à cet appareil, dont le positionnement et l’utilité restent encore mal perçues.

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