Les soutiens au peuple palestinien comptent toujours manifester samedi à Paris malgré l’interdiction – Le Monde

Les soutiens au peuple palestinien maintiennent leur appel à manifester samedi 15 mai à Paris en dépit de l’interdiction des autorités, confirmée par le tribunal administratif, tandis que plusieurs autres rassemblements ou défilés, autorisés, sont prévus à travers la France.

« Parce que nous refusons de taire notre solidarité avec les Palestiniens, et que l’on ne nous empêchera pas de manifester, nous serons présents [au métro] Barbès » samedi « à 15 heures », a affirmé l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, ainsi qu’une petite trentaine d’autres organisations, tels Attac, l’Action antifasciste Paris-Banlieue ou le Nouveau Parti anticapitaliste. Le cortège se rendra ensuite vers la place de la Bastille, a précisé à l’AFP Walid Atallah, l’un des organisateurs.

Une interdiction confirmée par la justice

L’interdiction de manifester dans la capitale a été prise jeudi soir par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, à la demande du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en la justifiant par des risques de « troubles à l’ordre public ». Il a aussi mis en avant le précédent de 2014, lorsqu’une manifestation propalestinienne à Paris s’était soldée par des violences.

Saisi en référé-liberté par l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, le tribunal administratif a confirmé vendredi cette interdiction. Ce dernier a estimé que le contexte « tant international qu’intérieur » ne permettait pas « d’estimer que les risques de troubles graves » ne « seraient pas aussi importants voire supérieurs à ceux avérés en 2014 », selon la décision.

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Le tribunal a aussi jugé que les forces de l’ordre, déjà « fortement mobilisées » dans le cadre de Vigipirate, seraient par ailleurs appelées ce week-end à veiller au respect des mesures sanitaires. Il rappelle aussi que 26 autres manifestations sont prévues à Paris ce samedi. « Dans ces conditions », le préfet de police n’a pas porté « une atteinte grave » à la liberté de manifester, explique la décision, notant toutefois que cette interdiction « circonstanciée » ne pouvait valoir comme interdiction de principe de toutes les manifestations propalestiniennes.

La préfecture de police de Paris a prévenu sur Twitter que « participer à une manifestation interdite fait l’objet d’une verbalisation à hauteur de 135 euros ». « La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations », ont protesté Sefen Guez Guez, Dominique Cochain et Ouadie Elhamamouchi, avocats de l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, en annonçant faire « appel devant le Conseil d’Etat de ce rejet ».

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Des rassemblements prévus dans plusieurs villes

La manifestation était au départ prévue pour commémorer la Nakba, l’exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d’Israël en 1948, avant que la flambée de violences en Israël et dans la bande de Gaza ces derniers jours ne vienne dessiner la perspective d’un rassemblement important. Gérald Darmanin a demandé aux préfets de suivre de près les rassemblements de soutien au peuple palestinien prévus dans d’autres villes et d’assurer la protection des lieux fréquentés par la communauté juive.

Ce samedi, certaines manifestations ont été interdites, comme à Nice. En revanche, des rassemblements – statiques – ou des manifestations sont autorisés, à Lyon, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Nantes, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Lille, Metz ou Saint-Etienne.

L’affaire divise la classe politique, entre soutiens de la demande du gouvernement – essentiellement dans la majorité, à droite et à l’extrême droite – et ceux qui dénoncent une interdiction « inacceptable », en particulier La France insoumise.

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a jugé « sage » la décision du gouvernement. « Je crains des violences puisque, en 2014, nous avons tous gardé le souvenir d’une manifestation extrêmement difficile où des propos terribles comme mort aux Juifs ont été proférés », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Ces appels à manifester interviennent dans un contexte international tendu, alors que 126 Palestiniens sont morts à Gaza et 10 en Cisjordanie occupée depuis la reprise d’un nouveau cycle de violences et de bombardements israéliens. En Israël, où le bouclier antimissiles Dôme de fer a intercepté environ 90 % des roquettes tirées depuis Gaza, 9 personnes sont mortes, dont un enfant.

Le Monde avec AFP

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