Les salariés-actionnaires d’Orange poussent pour une acquisition d’Atos

Les salariés-actionnaires d'Orange poussent pour une acquisition d'Atos

Alors qu’Orange vient de mettre un terme au marathon judiciaire pour faire annuler l’amende de 2,2 milliards d’euros prononcée en 2013 à son encontre dans le cadre d’un litige fiscal remontant aux années 2000, certains chez l’opérateur historique savent d’ores et déjà quoi faire de cette manne. Pour la CFE-CGC – syndicat majoritaire chez les 140 000 salariés de l’opérateur comme au sein du personnel-actionnaire – cette somme pourrait en effet être allouée à l’accomplissement d’un projet pour le moins ambitieux, à savoir se lancer dans l’acquisition d’Atos.

« Une analyse rapide fait apparaître qu’un mariage avec Atos serait profitable pour les deux groupes avec un fort effet de transformation et de très bonnes synergies en perspective », font ainsi valoir les administrateurs salariés et salariés-actionnaires, dans une lettre communiquée à la rédaction de ZDNet France. Ces derniers soutiendront cette mesure lors du prochain conseil d’administration d’Orange, qui se tiendra le 2 décembre prochain. Selon eux, la capitalisation boursière d’Atos, chiffrée à 7,7 milliards d’euros, « rend l’opération accessible pour Orange, moyennant un emprunt complémentaire, à un moment où Orange sait lever des fonds à des taux très bas (1,75 % pour notre dernière émission d’obligations) ».

« Ce qui donne tout son sens à l’opération, c’est la perspective de synergies susceptibles de générer des gains économiques à court terme liés à l’obtention de tailles critiques et de ventes croisées dans de multiples activités », explique-t-on du côté des représentants du personnel actionnaire d’Orange pour justifier cette opération. Pour ces derniers, l’entité nouvellement créée ferait alors figure de leader de la cybersécurité en Europe et d’acteur de poids face aux GAFAM sur le cloud, capable d’investir significativement dans la recherche et le développement.

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Elie Girard pour succéder à Stéphane Richard ?

Dans l’esprit des représentants des salariés-actionnaires d’Orange, qui détiennent environ 5,5 % du capital de l’opérateur et constituent le second actionnaire du groupe après l’Etat (27 %), ce mariage concernerait avant tout Orange Business Services (OBS), la branche B to B d’Orange que l’opérateur souhaite mettre de plus en plus en avant dans le cadre de son plan stratégique Engage 2025. « L’une des ambitions majeure du plan Engage 2025 étant de renforcer OBS et d’achever sa transformation, c’est bien dans ce périmètre qu’une acquisition pourrait produire les meilleurs effets », expliquent ces derniers.

Et de faire valoir qu’une telle opération permettrait de soutenir la croissance d’OBS à l’international, alors qu’Atos ne réalise aujourd’hui que 15 % de son chiffre d’affaires (11,5 milliards d’euros en 2019) en France, alors qu’une bonne partie des revenus d’OBS découle de son activité sur son marché domestique. D’autant que la spécialisation d’Atos dans les domaines du cloud computing et de l’informatique quantique permettrait selon eux de renforcer le panel de services que l’opérateur B to B pourrait proposer à ses clients.

Un tel « rapprochement permettrait en outre un rééquilibrage du groupe entre les activités grand public et les activités sur le marché des entreprises », vantent en outre les représentants des salariés-actionnaires de l’opérateur, citant le profit que pourrait tirer OBS d’un tel mariage afin de pousser la commercialisation de ses offres 5G auprès de la clientèle entreprise. Selon eux, une telle opération « permettrait aussi d’organiser une gouvernance assurant le succès d’un tel rapprochement », ces derniers voyant bien l’actuel directeur général d’Atos, Elie Girard – déjà passé par Orange en qualité de directeur de la stratégie et du développement international du groupe – prendre la tête de l’opérateur historique à l’issue du mandat de Stéphane Richard, en mai 2022.

Un scénario parmi d’autres

Reste qu’un tel scénario est loin de faire l’unanimité du côté de l’opérateur historique. Lors de la résolution de son litige l’opposant au fisc, la direction d’Orange avait déjà fait savoir que « le montant perçu – principal et intérêts – sera enregistré comme un produit d’impôt courant et contribuera à la réduction de la dette nette de l’entreprise ».

Celle-ci souhaite également « proposer une attribution juste et équilibrée de ces fonds au bénéfice du développement de l’entreprise, de ses salariés et actionnaires, via notamment une offre réservée au personnel et un engagement sociétal renforcé dans le contexte de crise économique et sanitaire que nous traversons ». Et si les orientations de l’opérateur sont encore à définir lors du conseil d’administration du 2 décembre prochain, il est fort probable que la voix des salariés-actionnaires soit minoritaire, alors que ces derniers ne sont représentés que par un administrateur sur les 15 que compte ce conseil.

A noter que les représentants du personnel actionnaire de l’opérateur soutiendront également d’autres mesures lors de ce conseil d’administration, comme la mise en place d’une prime ou d’un intéressement exceptionnel à destination des effectifs de l’opérateur dans le but de « réengager les équipes pour le futur ».

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