Les noces à un milliard de Cellnex et Bouygues Telecom

Les noces à un milliard de Cellnex et Bouygues Telecom

Après avoir déjà cédé une partie de son réseau d’infrastructures mobile à Cellnex, Bouygues Telecom a annoncé avoir conclu un nouvel accord stratégique de taille avec le géant espagnol. Celui-ci porte en effet sur la création d’une co-entreprise (détenue à 51 % par Cellnex et à 49 % par Bouygues Telecom) destinée au déploiement et l’exploitation du réseau de fibre optique de l’opérateur en France, pour un investissement chiffré, à l’horizon 2027, à pas moins d’un milliard d’euros.

Une somme qui permettra au géant espagnol de déployer un réseau de 31500 km reliant les toits et pylônes télécom qu’opère Bouygues Telecom (et dont 5 000 appartiennent et sont exploités par Cellnex) au réseau de « metropolitan offices » destinés à héberger des centres de traitement de données (Edge Computing).

De quoi donner naissance à “un véritable anneau de fibre optique reliant plusieurs éléments clés de l’écosystème fixe et mobile, qui vont des pylônes raccordés à la fibre, aux small cells en passant par les centres de traitement de données”, s’est réjoui le directeur général de Cellnex, Tobias Martinez, lors de l’annonce de cette opération. Et de consolider la place de Cellnex sur le marché français, alors que celui-ci est désormais devenu un partenaire central pour Bouygues Telecom, mais également pour Free Mobile.
L’accord, qui se place dans le cadre d’une joint-venture créée entre les deux sociétés, portera également sur le déploiement de 90 nouveaux « metropolitan offices » d’ici 2027, qui viendront s’ajouter aux 150 centres prévus selon les deux accords successifs conclus avec Bouygues Telecom en décembre 2018 et février 2019. L’opération renforce encore l’influence de Cellnex sur les infrastructures mobile de Bouygues Telecom, à qui le géant espagnol avait déjà racheté un premier paquet de 500 sites lors de sa première incursion sur le sol français, en 2016.

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9 192 sites mobiles en France en 2019

Présent en France depuis cette date via sa branche locale, dirigée par Vincent Cuvillier, le groupe compte aujourd’hui 130 collaborateurs chargés de la gestion d’un patrimoine – à date – de 9 192 sites mobiles répartis dans tout l’Hexagone. Une croissance rapide qui conduit aujourd’hui Cellnex France à tutoyer les deux autres champions du secteur, à savoir Hivory (la TowerCo d’Altice France) et TDF.

De quoi illustrer les fortes ambitions du groupe en France et en Europe, alors que celui-ci a dégagé en 2019 – et pour la première fois –  51 % de son chiffre d’affaires et 60 % de son ebitda hors d’Espagne. « Si nous détenons aujourd’hui environ 9 500 sites mobiles passifs dans l’Hexagone, nous allons porter notre réseau à 13 750 sites d’ici à 2027 », confiait ainsi son directeur général à ZDNet au début du mois.

Une stratégie portée par un investissement conséquent consenti par l’ogre espagnol en France. Celui-ci a injecté pas moins de 4,3 milliards d’euros en France depuis la création de sa branche locale. De quoi le faire passer au rang de premier investisseur espagnol dans l’hexagone et l’élever au statut d’acteur de référence des infrastructures mobiles sur un territoire français comptant aujourd’hui environ 50 000 sites mobiles, selon les derniers chiffres de l’Agence nationale des fréquences (ANFR).

Rappelons qu’outre son partenariat avec Bouygues Telecom, Cellnex France a également mis la main sur 5 700 sites passifs de Free via l’acquisition de 70 % de la TowerCo d’Iliad, Iliad7 (aujourd’hui baptisée On Tower France), dans le cadre d’un accord global conclu en 2019 et valorisé à deux milliards d’euros. Le partenariat entre Cellnex France et Free Mobile ne devrait pas s’arrêter là et devrait encore se garnir de 2 500 sites mobiles supplémentaires dans les prochaines années.

36 471 sites en Europe

Une stratégie payante pour Cellnex, dont 67,5 % des revenus sont désormais tirés des services d’infrastructures aux opérateurs mobiles. Alors que le géant espagnol compte aujourd’hui 36 471 sites opérationnels en Europe (dont 9 794 en Espagne, 10 121 en Italie, 9192 en France, 921 aux Pays-Bas, 608 au Royaume-Uni, 565 en Irlande et 5 270 en Suisse), celui-ci a annoncé avoir dépassé le cap du milliard d’euros de revenus en 2019.

Au titre de son exercice 2019, le groupe a en effet enregistré un chiffre d’affaires global en hausse de 15 % sur l’année, à 1,03 milliard d’euros , ainsi qu’un Ebitda en hausse de 16 % par rapport à l’exercice précédent, à 686 millions d’euros. Et cela ne devrait pas s’arrêter, comme l’a confirmé la direction du groupe, dont le carnet de commande (qui comprend les transactions à clôturer et les déploiements annoncés au Royaume-Uni et en France) atteint aujourd’hui 44 milliards d’euros.

Des performances qui doivent beaucoup à un investissement hors-norme de la part de l’ogre espagnol des infrastructures mobiles, qui a injecté pas moins de 8 milliards d’euros en opérations de croissance en 2019. Des investissements appuyés par deux augmentations de capital réussies, pour un montant de 3,7 milliards d’euros. L’endettement net du groupe s’élevait au 31 décembre  à 3,938 milliards d’euros tandis que ce dernier dispose en février de 6,1 milliards d’euros de liquidités (une somme qui comprend cette dette non tirée ainsi que sa trésorerie).

“2019 aura sans aucun doute été une année de transformation avec un bond prodigieux en termes de taille et un saut qualitatif dans le renforcement de la position du groupe sur ses marchés clés, ainsi qu’une expansion de notre présence géographique en Europe”, s’est réjoui le président du groupe Franco Bernabè, lors de la présentation des résultats annuels du géant espagnol tenue ce mercredi. Celui-ci a fait savoir que la belle santé du groupe devrait continuer en 2020, avec un Ebitda estimé entre 1,06 et 1,08 milliards d’euros au terme de l’exercice actuel.

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