Les incendies et la forêt deviennent des sujets politiques d’urgence – Le Monde

Canicules à répétition et sécheresses record ont placé la forêt et les incendies qui la dévorent au cœur de l’actualité politique de cet été 2022. Une urgence illustrée par les données du système européen d’information sur les feux de forêts, mardi 2 août : 47 286 hectares ont déjà brûlé en France depuis janvier, avec 243 feux, des chiffres supérieurs à l’ensemble de l’année 2019, la plus intense de la décennie, avec 43 602 hectares consumés en douze mois.

Sujet brûlant qui voit donc, semaine après semaine, les députés, quel que soit leur bord (LFI, RN, EELV…), interpeller le gouvernement sur les moyens de la lutte contre les incendies, sur l’état de la forêt ou encore sur l’extrême sécheresse.

Les sénateurs se sont aussi emparés du dossier. Mercredi 3 août, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, et celle des affaires économiques, ont adopté un rapport « Feux de forêt et de végétation : prévenir l’embrasement ». A l’origine de la mission des sénateurs, le retour d’expérience sur l’incendie de Gonfaron, dans le Var, en août 2021, qui a détruit 7 000 hectares et causé la mort de deux personnes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les feux de forêt, un casse-tête scientifique

« Nous sommes partis de cet incendie pour étudier l’occurrence des “feux extrêmes” de forêt. Et la situation de cet été 2022 en fait un sujet politique d’actualité », estime Pascal Martin, sénateur (Union centriste) de Seine-Maritime et corapporteur de la mission. Le but est de se servir de ce travail pour élaborer une proposition de loi avant la fin de l’année. Les sénateurs se sont aussi appuyés sur le travail réalisé par deux anciens députés François-Michel Lambert (Libertés et territoires) et Alain Perea (La République en marche), dans le cadre d’une « mission d’information flash sur la prévention des incendies de forêt et de végétation », en décembre 2021.

La forêt n’est pas adaptée

Les sénateurs ont rédigé soixante-dix propositions réparties en huit grands axes, dont « anticiper », « aménager le territoire », « gérer la forêt », « mobiliser le monde agricole », ou encore « reboiser ». Une large place a aussi été accordée au financement de « la lutte incendie à la hauteur du risque ». Les sénateurs proposent d’augmenter le budget de la protection civile pour l’acquisition de moyens aériens, et si nécessaire la location d’appareils. « Il faut faire jouer la solidarité nationale pour aider les SDIS [services départementaux d’incendie et de secours] et c’est à l’Etat de l’organiser », avance Pascal Martin. Trois ministères (l’intérieur, la transition écologique et l’agriculture) chargés de ce dossier : cela n’aide pas à construire une réponse efficace. « Il existe dans certains pays, comme en Grèce, un ministère [de la protection civile] spécifique pour ce risque, il nous faut une meilleure coordination nationale », ajoute celui qui fut, pendant trente ans, colonel de sapeurs-pompiers.

Il vous reste 32.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading