Les fintechs rivalisent avec le Livret A en ouvrant des solutions d’épargne

Les fintechs rivalisent avec le Livret A en ouvrant des solutions d'épargne

La fintech Lydia, connue pour ses paiements entre particuliers, poursuit la déclinaison de ses services financiers en lançant une offre d’épargne. Ce service entièrement sur mobile est intégré à son application et repose sur un partenariat avec Cashbee, une fintech spécialiste de l’épargne mobile.

Lydia entend bien surfer sur la vague de l’épargne qui atteint des niveaux records en France dans le contexte de crise sanitaire. « Ce livret est une véritable révolution car il donne accès en deux minutes depuis son mobile à un produit d’épargne garanti rémunéré au meilleur taux du marché, avec un plafond 40 fois plus élevé que le traditionnel livret A » déclare Antoine Porte, co-fondateur de Lydia.

Les sommes épargnées via l’application de Lydia rapporteront 2% d’intérêts à ses utilisateurs pendant les deux premiers mois, puis 0,6% sur les mois suivants. Cette solution d’épargne est totalement gratuite, reposant sur la banque partenaire de Cashbee, My Money Bank, et les versements y seront plafonnés à 1 million d’euros. C’est une vraie concurrence au Livret A plus classique, déclare Cyril Garbois, avec une rémunération « supérieure à celle du livret A la première année » et un plafond également bien plus élevé, dit le co-fondateur de Cashbee à ZDNet.

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Diversifier les services

Derrière l’offre attrayante brandie par Lydia, qui ambition de devenir une “super-app” à la conquête du marché européen, se cache en effet la fintech Cashbee. Cette pépite est un établissement de paiement qui propose des service d’épargne mobile à ses utilisateurs. Elle a lancé son application d’épargne en 2019 et atteint aujourd’hui plus de 60 millions d’euros épargnés par ses utilisateur avec un service d’épargne et un produit d’assurance vie dans son portefeuille.

Cashbee s’est lancé bien avant la crise sanitaire, mais a vu son activité augmenter considérablement ces derniers mois. « Avant la crise, des sommes importantes étaient déjà accumulées sur les livrets des banques, les comptes d’épargne agrémentés. Cela correspond d’abord à une attitude culturelle des Français » explique Cyril Garbois. « Ce phénomène n’a fait que s’accentuer pendant la crise sanitaire. De façon assez mécanique, un transfère s’est opéré de la consommation vers l’épargne ». Rien que chez Cashbee, les volumes épargnés par les clients ont été « multipliés par deux depuis le début de l’année » observe-t-il.

Souhaitant élargir progressivement sa gamme de produits, Cashbee entend accompagner ses utilisateurs à plus long terme pour « les aider à déterminer leur profil de risque, et constituer une épargne plus diversifiée » avance Cyril Garbois. Il note que sa clientèle dispose déjà essentiellement d’une « certaine capacité d’épargne », avec une moyenne des dépôts située à 18 000 euros.

La coopération des fintechs et des banques

Dans l’offre d’épargne mise à disposition des particuliers, une option d’agrégation de compte est proposée pour permettre de connecter les banques des clients et faciliter les virements d’un compte à l’autre. Les banques sont toujours intrinsèquement connectées aux services mobiles. Mais alors de quels atouts disposent les fintechs sur les banques ? Les services innovants offrent une « grande simplicité » aux utilisateurs, avec un parcours de souscription de « 5 minutes montre en main » et des recommandations personnalisées, soutient Cyril Garbois. « C’est important que l’investissement des clients soit le plus bas possible. Il faut que ce soit simple pour permettre une adhésion ».

Par rapport aux banques plus traditionnelles, les fintechs peuvent s’appuyer aussi sur leur réactivité dans les relations client. La transformation numérique ce n’est « pas un sujet simple pour les banques, qui ont leur legacy informatique » commente-t-il. « C’est la raison pour laquelle les banques s’allient avec les fintechs. On est là aussi pour travailler avec elles, et c’est ce qu’on fait notamment avec My Money Bank ». Cyril Garbois se place en défenseur d’un “modèle de coopération” entre les parties prenantes. Et c’est ce vers quoi Cashbee cherche à tendre. « Les banques ont des bases clients bien installées, des solidités financières, nous on a la capacité de lancer rapidement de nouveaux produits ».

Interrogée par ZDNet sur le positionnement des acteurs plus traditionnels dans cette course à l’innovation, Valérie Lourme, directrice expertise services finances pour la région EMEA chez Teradata, affirme qu’il est « aujourd’hui crucial pour les banques françaises de capitaliser sur les mines d’or de données qu’elles possèdent, si elles veulent suivre dans ce contexte très concurrentiel. » Selon l’experte, il est de la responsabilité des banques de « mettre en oeuvre une stratégie analytique reposant sur une plateforme unifiée d’orchestration des données. Les banques bénéficieront ainsi d’une vue complète et interconnectée de l’ensemble des données dont elles disposent. »

Valérie Lourme rappelle que la gestion des risques reste le métier des banques. « Elles ont une capacité unique de maîtriser les risques liés aux paiements. En situation de crise, les consommateurs se tournent vers les établissements en qui ils ont confiance. L’enjeu est de savoir évoluer, d’offrir une expérience client sans barrière et se servir des données pour innover tout en préservant une sécurité absolue des transactions » souligne-t-elle.

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