Les concessions de l’exécutif sur la réforme des retraites – Le Monde
Après des mois de cacophonie et de valse-hésitation, l’exécutif a enfin apporté des éclaircissements sur sa réforme des retraites. Alors que la contestation contre ce projet s’installe dans la durée avec son septième jour de mobilisation, notamment à la SNCF et à la RATP, Edouard Philippe a présenté, mercredi 11 décembre, ses arbitrages devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
La démarche du gouvernement vise à tendre la main aux organisations de salariés, à commencer par celles qui, comme la CFDT, sont favorables au principe d’un système universel – dont l’instauration avait été promise par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2017. Deux points en particulier sont mis dans la balance pour la faire pencher du bon côté : les mesures d’économies pour mettre à l’équilibre le système de retraites et les périodes de transition vers le nouveau régime.
- Délai supplémentaire pour assainir les comptes
Désormais, il n’est plus question d’assainir, dès 2025, les comptes de l’ensemble formé par les 42 régimes de pensions. Un délai supplémentaire sera accordé pour combler le déficit, ce qui donne satisfaction à la centrale dirigée par Laurent Berger.
L’architecture générale du dispositif reste conforme aux orientations tracées par M. Macron quand il briguait l’Elysée. Le futur système repose sur un principe de répartition, où les cotisations des actifs paient les pensions des personnes à la retraite. Il sera exprimé en points et non plus en annuités. L’âge légal de départ en retraite reste fixé à 62 ans, comme s’y était engagé le candidat d’En marche ! en 2017.
- Bascule vers le régime universel en 2037
Par ailleurs, les générations nées avant 1975 ne seront pas concernées par la réforme. La pension de ceux qui liquideront leurs droits à 62 ans (c’est-à-dire avant 2037) sera donc calculée intégralement selon les anciennes règles. La bascule se fera en 2037 pour les actifs nés à partir de 1975 et les années suivantes. Dans son rapport remis en juillet, le haut-commissaire chargé du dossier, Jean-Paul Delevoye, préconisait que le système entre en vigueur en 2025 pour les personnes nées en 1963.
L’exécutif a donc choisi de se donner du temps pour tenter d’apaiser les craintes qui se sont exprimées dans la rue ces derniers jours. En revanche, dès 2022, c’est-à-dire en principe deux ans après le vote de la loi, les jeunes qui entreront sur le marché du travail cotiseront directement au régime universel.