Les câbles sous-marins au centre des tensions entre Pékin et Washington

Les câbles sous-marins au centre des tensions entre Pékin et Washington

Alors que le multilatéralisme est de plus en plus attaqué et que la diplomatie internationale s’avère impuissante à faire reculer les tensions mondiales, un secteur n’échappera pas à la tourmente : celui des câbles de fibre optique sous-marin, à la base même d’Internet. Ces dorsales de l’internet mondial – chargées de transmettre la quasi-totalité du trafic de données Internet dans le monde – pourraient en effet faire l’objet d’un nouvel encadrement juridique aux Etats-Unis.

“Nous devons examiner de plus près les câbles ayant des points d’atterrissage dans des pays adverses”, a déclaré mercredi un responsable du gendarme américain des télécoms, la FCC, lors d’une réunion de la commission relayée par l’agence Reuters. “Cela comprend les quatre câbles sous-marins existants qui relient les États-Unis et la Chine, dont la plupart sont partiellement détenus par des entreprises publiques chinoises”, a fait savoir ce dernier, qui appelle à une nouvelle revue d’effectif des câbles sous-marins transitant par les Etats-Unis.

Aujourd’hui, ce sont près de 300 câbles sous-marins qui forment l’épine dorsale de l’internet, transportant 99% du trafic de données mondial. Pour autant, les câbles transitant entre la Chine et les Etats-Unis font aujourd’hui l’objet de fortes suspicions.

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Google et Facebook trinquent

Dernière illustration en date début septembre, lorsque Facebook et Google ont du renoncer à leur ambitieux projet de câble sous-marin reliant Los Angeles à Hong Kong, baptisé “Pacific Light Cable Network” (PLCN). Annoncé initialement en 2016, ce projet constitué de six paires de fibres optiques visait pourtant à connecter directement Hong Kong à Los Angeles. Un trajet de près de 13 000 kilomètres qui a dû être remanié en catastrophe afin d’obtenir l’approbation du régulateur américain, dont la direction est réputée proche de l’administration Trump – particulièrement hostile au régime chinois.

En juin dernier, le gendarme américain des télécoms avait en effet refusé l’exploitation de ce système de câbles sous-marins se connectant directement à Hong Kong, arguant que ce projet serait contraire à l’intérêt de la sécurité nationale américaine.

La FCC faisait également valoir que la grande capacité et la faible latence du réseau encourageraient le trafic de communication américain traversant le Pacifique à faire un détour par Hong Kong avant d’atteindre la destination prévue, ce qui augmenterait inutilement la quantité de données passant par les infrastructures contrôlées par le gouvernement chinois. Ce qui a conduit Google et Facebook à revoir leurs plans. Si Google et Facebook ont indiqué qu’elles déposeraient bientôt une nouvelle demande de licence “pour un système reconfiguré” acceptable par l’administration de Trump, celle-ci n’a toujours pas été rendue publique.

Les tensions gonflent

Au-delà de la destination géographique des câbles, les autorités américaines souhaitent également se pencher sur l’identité de leur exploitant. C’est d’ailleurs cette raison, à savoir la présence de la société Hong Kong Pacific Light Data Co (PLDC) dans le consortium formé par Google et Facebook, qui avait joué un tour aux deux géants américains.

“Les préoccupations ne concernent pas seulement les sites d’atterrissage des câbles, mais aussi leur propriétaire et leur exploitant”, a ainsi fait savoir un responsable de la FCC.

Le gendarme américain des télécoms avait déjà rejeté en avril dernier la demande de China Mobile d’opérer aux États-Unis. Celle-ci a également rendu public son intention d’interdire à trois opérateurs chinois – China Telecom Americas, China Unicom Americas, et Pacific Networks Corp – d’opérer outre-Atlantique. La guerre continue entre Pékin et Washington.

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