Les autotests vont-ils fausser les chiffres du Covid? – Le HuffPost

BEN STANSALL via AFP
Un kit d’autotest covid à Brenchley dans le sud-est de l’Angleterre le 05 avril. Photo d’illustration.

AUTOTESTS – Olivier Véran l’a annoncé sur Brut le 2 avril dernier: les autotests pour détecter le Covid arrivent en pharmacie ce lundi 12 avril. Administrables sans assistance, faciles à produire et délivrant leurs résultats rapidement, les autotests étaient très attendus par les praticiens, comme nous l’expliquait Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels de la HAS, lors d’un précédent entretien accordé au Huffpost

Mais tous les scientifiques ne sont pas convaincus de leur efficacité. En Angleterre, où deux kits d’autotests seront distribués à chaque personne par semaine, des chercheurs redoutent même que ces derniers fassent plus de mal que de bien, peut-on lire dans la revue Nature. En cause: le nombre important d’infections que ces autotests pourraient être susceptibles de manquer.

Les autotests sont un peu moins sensibles 

Les tests réalisables à domicile sont en effet un peu moins sensibles que les tests PCR. Ces derniers, explique au Huffpost Jacqueline Marvel, chercheuse du CNRS au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI), sont considérés comme plus efficaces car ils parviennent à détecter le génome du coronavirus à partir d’une faible quantité de son ARN.

Le problème se pose plus pour les cas asymptomatiques. Pour ces derniers le taux de sensibilité peut descendre à 50%. Ce taux de détection est considéré comme acceptable par la HAS. Mais il signifie tout de même qu’un malade asymptomatique sur deux pourrait ne pas être détecté. Pour compenser ce manque de sensibilité, la HAS suggère de procéder à des tests en série.

Mais plus que les qualités techniques des autotests, c’est plutôt l’usage qui en est fait qui peut être parfois problématique, explique Jacqueline Marvel.

Une cause possible de faux négatifs est en effet leur mauvaise utilisation par les particuliers. “Il s’agit d’un problème de formation, pas du test en lui-même”, relève l’infectiologue. Un rapport publié par les autorités de santé britanniques a révélé que, pour certains kits d’autotests, le taux de faux négatifs pouvait s’élever à 21% quand le test était pratiqué en laboratoire, et à près de 42% quand il était réalisé par le patient lui-même. 

Un tracing qui repose sur l’usager

Le suivi des résultats pourrait d’ailleurs devenir une problématique en soi. Lorsqu’il est obtenu en pharmacie, le résultat du test est remonté directement aux autorités de santé. Dans le cas des autotests, la déclaration du résultat revient au patient. Et encore faut-il qu’une plateforme de déclaration des résultats soit mise en place.

En France, le tracing des cas positifs repose pour l’instant sur la réalisation d’un test PCR en cas de résultat positif suite à un autotest. En Allemagne, où ils ne sont pas tracés, les autotests ne sont même pas inclus dans le calcul du taux de dépistage officiel.

“Les autotests sont utiles, insiste cependant Jacqueline Marvel. S’ils ne constituent pas le test absolu, plus on testera de personnes, plus on sera en sécurité”. Mais pour que leur efficacité soit pleine, le “suivi et la formation des patients” seront essentiels.

La Haute autorité de Santé (HAS) a donné son feu vert au déploiement de ces autotests, mais dans son avis publié le 16 mars, elle précise que tout autotest positif doit ensuite faire l’objet d’une confirmation par test RT-PCR, notamment pour pouvoir le comptabiliser comme cas positif et pour caractériser un éventuel variant.

À voir également sur Le HuffPost: En Chine, les autorités manient la carotte et le bâton pour pousser à la vaccination

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