Législatives: Jean-Luc Mélenchon a-t-il encore des chances de devenir Premier ministre? – BFMTV

La Nupes est arrivée en deuxième position dimanche soir au premier tour des législatives avec 25,66% des voix, talonnant Ensemble et ses 25,75%.

“La Nupes a franchi d’une manière magnifique le premier test qu’elle rencontrait”, s’est félicité Jean-Luc Mélenchon dimanche soir, à l’issue du premier tour des législatives. La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), alliance nouée après la présidentielle entre La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Écologie – Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF), a récolté 22,66% des suffrages exprimés et peut d’ores et déjà se targuer d’avoir quatre députés élus d’emblée. L’alliance talonne Ensemble, qui la devance d’une très courte tête avec 25,75% des voix.

Mathématiquement donc, la majorité présidentielle remporte la première manche. Mais en termes de dynamique? Ensemble pourrait ne pas obtenir la majorité absolue (fixée à 289 sièges) et se contenter de la majorité relative, avec des projections oscillant entre 260 et 295 sièges, selon un sondage Elabe pour BFMTV, L’Express et SFR. La Nupes, selon ces mêmes données, pourrait envoyer 160 à 210 députés au Palais-Bourbon.

Pour autant, du côté de la Nupes, on croit encore à un scénario qui verrait la coallition de gauche remporter un plus grand nombre de sièges qu’Ensemble, et Jean-Luc Mélenchon s’installer à Matignon.

“La majorité présidentielle est en passe de devenir la minorité présidentielle”, a lancé ce lundi le Premier secrétaire du Parti socialiste et candidat Nupes Olivier Faure sur France 2.

“Nous sommes dans une situation où la gauche peut l’emporter. Il y a d’immenses marges possibles, notamment chez celles et ceux qui n’y croyaient pas, qui ne pensaient pas que c’était possible. C’est possible”, a-t-il précisé.

Abstention record

Si les chiffres avancés par les instituts se confirment dans les urnes dimanche prochain, le 19 juin, cela serait une percée indéniable pour la gauche, laminée en 2017 avec l’irruption d’Emmanuel Macron, mais insuffisante pour prétendre à la majorité et envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon. Pour Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, cette hypothèse paraît d’ailleurs plus qu’incertaine.

“C’est un scénario très improbable. Pour être Premier ministre, il faudrait qu’il y ait une mobilisation très forte, massive, de nombreux électeurs qui ne sont pas allés voter au premier tour, qui iraient voter au second tour, et qui iraient voter pour les candidats Nupes”, pointe le journaliste sur notre antenne ce lundi matin.

“Ce n’est pas impossible, mais il faudrait qu’il y ait un élan qui soit spectaculaire. Avec une difficulté: c’est que le coeur de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et de la Nupes, ce sont les jeunes et les catégories populaires, notamment dans les grandes agglomérations. Or ce sont aussi les catégories qui s’abstiennent beaucoup; beaucoup plus que par exemple les retraités, qui ont voté largement pour Emmanuel Macron”, souligne encore Philippe Corbé.

Un avis partagé par Alain Duhamel, éditorialiste politique de BFMTV, qui ne croit pas en une arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Matignon.

“Il faudrait que toutes les projections de tous les instituts se trompent. Il manque tout de même 100 sièges à la Nupes”, analyse-t-il.

L’abstention a atteint des sommets dimanche soir, s’établissant à 52,49% des électeurs inscrits sur les listes. La Seine-Saint-Denis, département qui a largement voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle en 2017 comme en 2022, et aussi pour les candidats de la Nupes ce dimanche, fait partie des départements où l’on a le moins voté en ce premier tour.

Au sein de l’électorat global, 42% des 18-24 ans ont voté pour la Nupes dimanche, et 38% des 25-34 ans. Selon un sondage d’Ipsos-Storia réalisé pour France Télévisions et Radio France, les 18-24 ans et les 25-34 ans sont ceux qui se sont le moins déplacés lors de ce premier tour des élections législatives, comme lors de l’élection présidentielle. L’abstention pour ces catégories d’âge s’élève respectivement à 69% et 71%.

La projection des sièges à l'Assemblé nationale, au soir du 1er des élections législatives
La projection des sièges à l’Assemblé nationale, au soir du 1er des élections législatives © BFMTV

“Électrochoc de la présidentielle”

Dans la foulée du second tour de la présidentielle et la réélection d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième du scrutin, avait appelé, sur BFMTV, à être “élu” Premier ministre à l’issue des législatives. Une fois l’union de la gauche actée, la campagne avait été largement axée autour de ce thème.

“Il y a eu l’électrochoc de la présidentielle qui montre que séparés, on fait gagner l’adversaire et rassemblés, on aurait pu gagner”, analysait ces derniers jours auprès de BFMTV.com Sébastien Jumel, député communiste de la 6e circonscription de Seine-Maritime, candidat à sa réélection avec la Nupes et qualifié au second tour des législatives.

Dimanche soir, Manuel Bompard, candidat LFI à Marseille, a dénoncé une “manipulation” des chiffres qui viendraient selon lui du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. “Alors que la #NUPES réalise 6.101 968.voix (soit 26,8%), le ministère de l’Intérieur ne lui attribue que 5.836.202 voix (soit 25,7%) pour faire apparaître artificiellement le parti de #Macron en tête. Allô le Conseil d’État?”, s’est insurgé l’insoumis sur Twitter.

“Il y a des candidats de gauche, par exemple en Corse, Outre-mer, divers gauche, qui ne sont pas affiliés exactement Nupes mais qui siégeraient dans les groupes de la Nupes s’ils étaient élus à l’Assemblée nationale, donc la Nupes considère qu’elle est devant Ensemble, ce que conteste le ministère de l’Intérieur”, explicite ce lundi matin Philippe Corbé.

C’est le cas par exemple à La Réunion, où deux députés, Jean-Hugues Ratenon (LFI) et Karine Lebon (qui siège dans le groupe communiste) ont la nuance “DVG” pour “Divers gauche” et non “NUP” pour Nupes.

Mélenchon bat le rappel

Il y a une dizaine de jours, Emmanuel Macron avait, dans un entretien accordé à la presse régionale, écarté l’hypothèse d’une nomination de Jean-Luc Mélenchon à Matignon.

“Le président choisit la personne qu’il nomme Premier ministre en regardant le Parlement. Aucun parti politique ne peut imposer un nom au président”, avait-il assuré.

Dimanche soir, l’entourage du chef de l’État voulait apparaître confiant, tout en appelant à l’humilité. “La majorité tient. On a 500 candidats au second tour. Il ne faut pas apparaître alarmiste ou catastrophique”, indiquait-on à BFMTV. “L’appel à l’humilité est lié à la forte abstention, il n’est pas lié aux résultats qui eux sont considérés comme ‘encourageants'”, disait-on aussi. Officiellement, aucune fébrilité dans l’exécutif.

Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon a lui jugé que le parti présidentiel était “défait”. “La Nupes arrive en tête, elle sera présente dans plus de 500 circonscriptions au second tour”, a-t-il réagi, témoignant de son “émotion” et appelant à “déferler dimanche prochain”. Et s’engouffrer dans la brèche.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV

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