Législatives 2022: crispations au PS après la main tendue aux Insoumis – Le HuffPost

via Associated Press
La main tendue de LFI au PS va-t-il faire exploser les socialistes?

POLITIQUE – “Je n’ai jamais été sur la ligne de la direction et d’Olivier Faure. Ça ne va pas changer, a fortiori avec cette ligne qui consiste à dire qu’on va chercher un accord avec LFI”. Interrogé par Le HuffPost, Stéphane Le Foll, ancien ministre socialiste, est plus que critique sur éventuel accord stratégique entre le PS et LFI aux élections législatives de juin 2022.

La veille, le Conseil national du PS avait pourtant acté l’ouverture des discussions avec les Insoumis. Et ces derniers sont en position d’ouverture: la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon veulent peser sur les cinq années à venir. Le député des Bouches-du-Rhône se rêve Premier ministre, et ce, quel que soit le vainqueur de la présidentielle.

Mais la route jusqu’à Matignon est semée d’obstacles, à commencer par la nécessaire obtention d’une majorité aux législatives des 12 et 19 juin prochains. Les Insoumis et leurs 17 sièges actuels dans l’hémicycle ont besoin de soutiens, et ils ont donc tendu la main à tous les partis de gauche.

Et ce PS inclus malgré un “couac de calendrier” qui a fait que Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée a fermé la porte, dans le JDD, dimanche 17 avril, alors qu’Olivier Faure se disait ouvert à la discussion dans Libé la veille. “On n’avait pas connaissance de cette interview quand Mathilde a parlé au JDD”, assure-t-on au QG des Insoumis. 

“La balle est dans le camp” du PS

“Bienvenue à tous ceux à qui le programme convient. S’il y a des socialistes qui disent qu’ils ont compris la leçon, qu’ils sont d’accord pour partir du programme de l’Union populaire, qu’ils sont d’accord pour que le camarade Mélenchon soit Premier ministre si nous gagnons, tout va bien” a déclaré, plus ouvert qu’à l’accoutumée, Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV le 20 avril. 

Les conditions sont posées. La France Insoumise veut proposer une “stratégie” aux autres partis, elle ne renoncera pas à son logo, mais surtout elle veut que son programme l’Avenir en Commun soit “la base sur laquelle on discute”. 

Au HuffPost, un Insoumis bien renseigné confirme que les discussions seront ouvertes avec le parti communiste, le NPA et EELV. Le PS? “On attend des éléments de clarification” aussi bien “programmatiques que politiques par rapport au quinquennat Hollande”. Traduction: les Insoumis veulent que le PS se positionne pour l’abrogation de la loi El Khomri et les rejoigne sur la retraite à 60 ans ainsi que la VIe République.

“La balle est dans leur camp”, juge ce responsable. Sur les autres sujets, Jean-Luc Mélenchon se dit prêt à discuter. “Déconstruisons là où il y a un désaccord. Regardons pourquoi. (…) Est-ce qu’il est surmontable? Est-ce qu’il n’est pas surmontable?” a encore ouvert la porte le chef de file du mouvement sur BFMTV. 

Le message a trouvé de l’écho dans le discours d’Olivier Faure devant les membres du Conseil national. “Nous avons de vraies différences, qui ne font pas obstacle à un accord entre nous”, a-t-il déclaré mardi soir, selon des propos rapportés par Le Figaro. “Si Jean-Luc Mélenchon veut être Premier ministre, il faut que la gauche gagne et pour gagner, elle doit être rassemblée”.  

Contre “le diktat de La France insoumise”

Le premier secrétaire du Parti a fait adopter mardi soir une résolution qui lui donne mandat “pour engager les discussions permettant de construire le rassemblement et d’aboutir (…) à des candidatures communes de la gauche et de l’écologie”. Comme une mise en garde, la résolution souligne qu’“il n’y aura pas de renaissance sans ruptures, dans nos comportements, dans nos organisations, dans nos propositions”. 

Le texte a recueilli l’approbation de 160 personnes sur plus de 300 membres. “Ça ne passe pas comme une lettre à la poste”, raille Stéphane Le Foll. 75 membres du conseil ont voté contre, 10 se sont abstenus, et 58 n’ont pas pris part au vote. Mais la majorité s’est prononcée pour suivre la stratégie d’Olivier Faure.

Stéphane Le Foll déplore qu’après l’échec cuisant d’Anne Hidalgo, “il n’ait même pas été question de savoir pourquoi on avait perdu”. Il étrille Jean-Luc Mélenchon qui ”à quatre jours de l’élection présidentielle, annonce que le résultat ne compte pas et que l’essentiel c’est le 3e tour, les législatives dans deux mois”. 

“Jean-Luc Mélenchon a préempté les législatives. Il n’y a pas grand-chose à discuter à partir de là”, estime-t-il. Interrogé sur un possible compromis de la part des Insoumis pour le PS, il assène: “il n’y en a pas un”. 

Il n’est pas le seul sur cette ligne. Selon un membre du conseil national, rapporté par l’Agence France Presse, deux courants se sont en réalité opposés au PS mardi soir. Celui de l’ouverture soutenue par Olivier Faure et “la ligne Hidalgo-Delga”, associée au courant minoritaire du PS, à rebours de la ligne Faure.

Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et candidate vaincue pour l’investiture du parti, abonde en ce sens : “Il ne faut pas nous soumettre au diktat de La France insoumise. Cessons d’être effrayés et menons les batailles avec nos valeurs”, a-t-elle déclaré, selon Le Figaro. 

“Plus aucune boussole”

“Ce parti n’a plus aucune boussole. Il est depuis le début dans une stratégie d’effacement et d’errements”, critique désormais Stéphane Le Foll. “La seule raison de faire une alliance avec LFI aujourd’hui, c’est de sauver les circonscriptions”, ajoute-t-il. Le PS en détient 29 à ce jour. Un autre relativise jusqu’à la portée de cet accord: “Si on suit leur logique, on se retrouve avec seulement 34 circonscriptions dans toute la France!”, déplore ce membre du conseil national, qui s’est opposé à la main tendue du parti vers les Insoumis.

“Il n’y pas de gauches irréconciliables et nous devons entendre la volonté des électeurs de gauche de nous rassembler”, bât en brèche Pierre Jouvet, porte-parole du PS, auprès du HuffPost

Chez LFI, on assure que “de toute façon la répartition des candidatures n’est pas le premier sujet”. “Ce qui compte c’est l’accord stratégique avec une ambition majoritaire. Ensuite l’accord programmatique et un accord sur toutes les circonscriptions, pas seulement sur une cinquantaine pour garder les sortants”, explique au HuffPost une source au sein du mouvement.

Les Insoumis veulent un candidat unique de l’Union populaire dans chaque circonscription. Pour décider qui envoyer, ils proposent un calcul à la proportionnelle basé sur les résultats de la présidentielle. Ce qui, sur la centaine des circonscriptions les plus gagnables, donnerait une dizaine de candidats aux communistes, une vingtaine aux écologistes et le reste – 70 – pour la France Insoumise. En attendant des discussions ouvertes entre les deux camps, le PS n’a pas été inclus dans ces calculs, imaginaires pour l’instant.  

À voir également sur Le HuffPost: La proportionnelle aux élections législatives, ça changerait quoi?

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