L’écrivain et éditeur Denis Tillinac est mort – Le Monde

Portrait de l’écrivain Denis Tillinac, pris le 14 juillet 2020 à Paris.

Un an, jour pour jour, après la mort de Jacques Chirac, l’un des compagnons de route de l’ancien président disparaît. L’écrivain Denis Tillinac est mort à l’âge de 73 ans, dans la nuit de vendredi à samedi, rapporte Le Point samedi 26 septembre. Son éditeur Albin Michel a confirmé au Monde qu’il est décédé durant la nuit alors qu’il se trouvait, comme chaque année, à la fête du livre « Livres en vignes », organisée dans le vignoble du Clos de Vougeot, en Côte-d’Or.

Journaliste à La Montagne à ses débuts, très attaché à la Corrèze, Denis Tillinac avait notamment suivi les campagnes électorales de Jacques Chirac, récit qu’il évoquait dans Spleen en Corrèze, paru en 1979. Denis Tillinac avait publié, en 2002, Chirac le Gaulois, aux éditions de La Table ronde, qu’il dirigeait. Il fut aussi le conseiller à la francophonie de l’ancien président. Les deux hommes s’étaient fâchés, lorsque Denis Tillinac avait soutenu Nicolas Sarkozy en 2007.

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Réactionnaire revendiqué, amateur de rugby, il fut aussi responsable d’une maison d’édition et a signé plus de soixante ouvrages (romans, récits, essais, nouvelles, poésies, etc.), dont son dernier, Dictionnaire amoureux du Général (de Gaulle), a paru aux éditions Plon (2020).

De nombreux prix ont jalonné la carrière : le prix Roger Nimier pour L’Eté anglais (Robert Laffont) ou encore le grand prix de littérature Henri Gal, récompense de l’Institut de France sur proposition de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre.

Chiraquien puis sarkozyste

Connu pour ses engagements à droite, Denis Tillinac fut d’abord chiraquien avant de devenir sarkozyste. En février 2004, il s’était décrit comme un « chiraquien impénitent » mais appelait à ne pas verser dans « l’antisarkozysme ». « Qu’il défie Chirac avec une certaine ostentation, c’est un fait, et aux approches des échéances capitales, s’il faut défendre Chirac contre Sarkozy, je le ferai », assurait-il.

Toutefois, Denis Tillinac affirmait que « la France a besoin d’hommes politiques intrépides ». « A certains égards (pas tous), Sarko me rappelle le joyeux hussard quadragénaire lâché au galop sur le plateau de Millevaches. Même énergie vitale », poursuivait-il, en faisant allusion aux débuts de Jacques Chirac en Corrèze.

En 2012, il avait tenté de convaincre Marine Le Pen de voter pour Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle, dans une lettre ouverte, et rapprochait le sort de Marine Le Pen et celui de Nicolas Sarkozy, « comme vous harcelé et méprisé par le système médiatico-mondain que vous dénoncez à juste titre ».

L’écrivain avait participé en 2016 à un rassemblement d’intellectuels et politiques à Béziers à l’initiative du maire, Robert Ménard, chargé d’une table ronde intitulée « Définir ce qu’est être de droite ».

« Homme de talents, de grande culture, chaleureux et fidèle »

« Un an, jour pour jour, après la disparition de Jacques Chirac, j’apprends avec tristesse celle de son grand ami Denis Tillinac. Je veux saluer le gaulliste, l’homme de fidélité et l’écrivain profondément attaché à la terre qui l’avait vu naître et qu’il savait si bien raconter », écrit le premier ministre, Jean Castex, sur Twitter.

« Denis Tillinac aimait la Corrèze, le rugby, la vie d’antan qu’il chantait en spleen dans ses livres. Il aimait Jacques Chirac et Bonaparte. Car il se revendiquait patriote », réagit dans un communiqué François Hollande, lui aussi ancien président de la République et attaché à la Corrèze. « Mais surtout il aimait écrire comme journaliste, puis comme auteur il savait faire partager ses passions. Nous n’avions pas les mêmes idées, mais nous pouvions avoir les mêmes sentiments. »

Pour Valérie Pécresse, ex-LR et présidente de la région Ile-de-France, « c’est un choc, une immense tristesse ». « Ton panache, ton amour de la France, ta fidélité vont tellement nous manquer », a-t-elle tweeté.

« Chiraquien de toujours, nous avons partagé tellement de merveilleux souvenirs. Homme de talents, de grande culture, chaleureux et fidèle, je perds aujourd’hui un ami très cher », réagit Christian Jacob, président des Républicains.

François Bayrou, président du MoDem, le qualifie d’« esprit chaleureux et passionné, amoureux de son terroir, de son pays et de sa langue ». Il « va beaucoup manquer à une certaine idée de la France et de la liberté de penser », écrit-il encore.

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Le Monde

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