Le second 1er-Mai syndical en temps de Covid-19, mais à nouveau dans la rue – Le Monde

Du muguet et des manifestations : pour la seconde année consécutive, les syndicats célèbrent samedi la Journée internationale des travailleurs à l’aune du Covid-19, mais la mobilisation sociale reprendra cette fois des airs plus classiques dans la rue.

La Confédération générale du travail (CGT) a appelé, avec Force ouvrière (FO), la Fédération syndicale unitaire (FSU) et Solidaires, à faire du 1er-Mai une « journée de mobilisation et de manifestations », « pour l’emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde ».

« L’an dernier, il y a eu de la frustration de ne pas pouvoir défiler. Nous reprenons nos bonnes habitudes », se réjouit le secrétaire général de CGT, Philippe Martinez, après un 1er-Mai 2020 confiné. Alors que la situation sanitaire reste délicate, « on n’est pas inconscients (…), on fait attention, on est masqués », a-t-il assuré, samedi 1er mai, au micro d’Europe 1.

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« Une mise en garde »

« Le président de la République ne peut pas dire, quand ça l’arrange, que le modèle social est important, avant de réformer pour tout casser », a taclé le secrétaire général de la CGT. Pour lui, Emmanuel Macron veut notamment « casser le code du travail » avec ses réformes, dont celle de l’assurance-chômage, dénonce le syndicaliste.

La CGT annonce près de 300 manifestations dans l’Hexagone, notamment à Nantes, Marseille ou Lyon. Les autorités s’attendent à environ 100 000 manifestants sur l’ensemble du territoire. En 2019, le ministère de l’intérieur avait comptabilisé 164 000 manifestants et les syndicats 310 000 personnes. « On ne s’attend pas à des mobilisations massives aujourd’hui. Ce qu’on voulait, c’était marquer le fait qu’on est là et qu’on sera là demain. C’est une mise en garde », a affirmé samedi le numéro un de FO, Yves Veyrier, sur France Inter.

A Lyon, où 3 000 personnes ont défilé, selon la préfecture, un bref affrontement a éclaté en début de manifestation entre un petit groupe de black blocs et des policiers. Des vitrines et panneaux publicitaires ont été endommagés, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse sur place. La préfecture a fait état de cinq interpellations.

A Marseille, sous une météo là aussi peu clémente, environ 3 500 manifestants, selon la préfecture, sont partis du Vieux-Port pour crier leur colère, notamment face à la réforme de l’assurance-chômage, tandis qu’à Rennes, ils étaient 2 000, selon FO.

A Nantes, la manifestation réunissait 3 750 personnes, selon la préfecture, qui a fait état de « quelques heurts » momentanés liés à la présence d’« une centaine de personnes de l’ultragauche ». Plus d’un millier de personnes défilaient aussi dans le centre-ville de Toulouse sous une pluie fine, avec une importante délégation de « gilets jaunes », tandis qu’ils étaient entre 1 600 (selon la police) et 4 500 (selon les syndicats) dans le centre-ville de Bordeaux, dans un ensemble hétéroclite et coloré.

A Paris, le cortège s’est élancé à 14 heures de la place de la République en direction de la place de la Nation, à l’appel des quatre organisations syndicales et des mouvements de jeunesse Union nationale des étudiants de France (UNEF) et Union nationale lycéenne (UNL). Les numéros un de la CGT et de FO défilent côte à côte. A l’occasion des cent cinquante ans de la Commune de Paris, la gauche radicale sera de la partie, annonçant un cortège « Commune en tête de manif ». Plusieurs centaines « gilets jaunes » manifestaient samedi matin dans le nord-ouest parisien, avant de rejoindre la place de la République.

De notre journaliste sur place, Cécile Bouanchaud.

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De son côté, la Préfecture de police de Paris a fait savoir qu’elle prévoyait un « dispositif adapté » pour parer l’éventuelle « présence d’éléments radicaux », sans préciser le nombre d’agents déployés. « Ce sera un dispositif conséquent », selon une source policière. En 2019, Philippe Martinez avait dû quitter le carré de tête, pris dans des affrontements entre la police et des black blocs.

« Pas l’alpha et l’oméga »

A un an de la présidentielle, certains responsables politiques de gauche ont aussi annoncé leur présence, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) à Lille, de Fabien Roussel (Parti communiste) dans la même ville puis à Paris, ou encore Olivier Faure (Parti socialiste) et Julien Bayou (Europe Ecologie-Les Verts), également dans la capitale.

Certains d’entre eux mettent en avant la contestation de la réforme de l’assurance-chômage qui doit commencer à entrer en vigueur au 1er juillet et est dénoncée unanimement par les cinq grandes centrales syndicales. Le secteur culturel, qui conteste la réforme, devrait d’ailleurs grossir les rangs après un départ du théâtre de l’Odéon, à midi.

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FO entend aussi montrer que « s’il faut monter au créneau contre un retour du dossier des retraites, on y montera ». Le syndicat lance la journée à Paris avec un hommage aux combattants de la Commune, devant le mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

Quasiment au même moment, la CFDT (Confédération française démocratique du travail) organise de son côté un rassemblement virtuel à travers des échanges sur Facebook avec des militants. « Vu les conditions sanitaires, on a fait le choix de faire de façon virtuelle encore cette année », a expliqué son secrétaire général, Laurent Berger, samedi sur Franceinfo. Il a dit assumer ce choix et déclaré que le 1er-Mai « n’est pas non plus l’alpha et l’oméga de la mobilisation syndicale ». « Je crois que le risque sanitaire est toujours réel, donc il faut faire gaffe », a-t-il ajouté, tout en assurant ne pas critiquer « le choix des autres ».

Alors qu’Emmanuel Macron a dévoilé, jeudi 29 avril, un calendrier du déconfinement en quatre étapes, qui devrait s’accélérer entre le 19 mai et le 30 juin, la CGT espère que ce 1er-Mai sera le début d’une montée en puissance des mobilisations. « D’autres journées d’action en mai et juin scanderont ce printemps offensif », prévient déjà Philippe Martinez.

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Le Monde avec AFP

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