Le risque d’une majorité relative pour Emmanuel Macron – Le Figaro

SONDAGE – Le souhait d’une majorité de Français (70%) pourrait se réaliser dans les urnes dimanche, selon notre sondage Odoxa Backbone Consulting pour Le Figaro. Ensemble risque en effet de n’obtenir qu’une majorité relative, sur fond de forte abstention.

À quelques jours du second tour des élections législatives, les Français sont partagés entre désintérêt et indécision. C’est ce que révèle un sondage Odoxa Backbone Consulting pour Le Figaro, qui prévoit une abstention aussi massive qu’au premier tour (53%). Et seulement une majorité relative pour Ensemble. «Cette configuration obligerait le gouvernement à devoir négocier avec les députés», décrypte Gaël Sliman, président d’Odoxa. Car 70% des Français ne souhaitent pas une majorité absolue pour le président, et seuls 32% aimeraient voir Jean-Luc Mélenchon à Matignon.

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Ce sondage souligne également le délitement du front républicain. Si les consignes données par les acteurs de la vie politique n’ont en réalité que peu d’impact sur le choix des Français, la possibilité de victoire pour le Rassemblement national ou pour la Nupes ne suscite guère d’élan mobilisateur. Il y a vingt ans, 82,21% des électeurs ont voté contre Jean-Marie Le Pen et donc pour Jacques Chirac. Désormais, les Français n’attendent plus que les partis éliminés au premier tour donnent une consigne pour le second. Lorsque Ensemble affronte le Rassemblement national (dans 108 circonscriptions), moins d’un Français sur quatre (24%) compte sur la Nupes pour appeler à faire barrage contre la droite nationaliste.

Le groupe LR pourrait devenir le «faiseur de rois»

Pourtant, les résultats du 19 juin sont loin d’être connus d’avance. À trois jours du vote, ce sondage confirme la nette progression des mouvements de gauche qui composent la Nupes (La France insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste et le Parti socialiste). Sur les 577 sièges à pourvoir, ils pourraient s’en approprier entre 179 et 225. La majorité présidentielle (LREM, MoDem et Horizons) en obtiendrait entre 252 et 292, soit à peine plus que la majorité absolue (289), dans le scénario le plus favorable. «Majorité absolue ou pas, Emmanuel Macron sera le grand perdant de ce scrutin», analyse Gaël Sliman.

La Nupes n’est pas la seule à pouvoir tirer son épingle du jeu. Les Républicains, s’ils ne devaient conserver qu’entre 42 et 62 sièges dimanche, pourraient obliger la majorité présidentielle à composer avec eux. «Cette poussée de la gauche pourrait forcer le président à “droitiser” sa politique en faisant de LR le “faiseur de rois” avec seulement une cinquantaine de députés», observe Gaël Sliman. Le RN pourrait également faire un retour en force à l’Assemblée. Cette étude lui prédisant entre 25 et 49 sièges, de quoi constituer un groupe parlementaire, pour la première fois depuis 1988.

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Selon ce sondage, le scénario le plus probable est qu’il manquerait entre dix et vingt sièges pour une majorité absolue à la coalition présidentielle. Dans nos colonnes, le politologue Jérôme Jaffré révélait déjà cette volonté de n’offrir qu’une majorité relative au chef de l’État, en renforçant les oppositions de droite et de gauche au parlement. Elle serait liée au fait que, le 24 avril, «une partie des électeurs a voté pour lui sous contrainte, car ne voulant pas voir Marine Le Pen au pouvoir». Ce vote «ne valait donc pas soutien politique» et les élections législatives viennent confirmer l’assertion du politologue. C’est la première fois depuis 2002 et l’inversion du calendrier électoral que le président n’est pas assuré de disposer d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Jusqu’à présent, les législatives n’étaient que la confirmation de l’élection présidentielle. Les Français, après avoir désigné leur chef, retournaient aux urnes pour lui donner une majorité et lui permettre de gouverner.

Prudence malgré tout, car les jeux ne sont pas faits. L’abstention, si elle risque d’être de nouveau très élevée dimanche, ne devrait pas dépasser le record des dernières législatives, où seulement 42,6% des inscrits avaient pris part au vote du second tour. Une baisse de la mobilisation moins élevée aujourd’hui, car les enjeux sont plus nombreux. L’abstention risque d’être la plus haute chez les Français sans proximité partisane (68%), mais également chez les sympathisants du RN (55%) et d’EELV (52%). Pour autant, seuls 32% des électeurs affirment s’intéresser «beaucoup au scrutin», soit un point de plus qu’en 2017. Un léger sursaut de participation est également attendu chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (-3 points d’intention de s’abstenir que les sympathisants d’autres partis). Principaux abstentionnistes le 12 juin (70%), les moins de 35 ans pourraient par ailleurs avoir un impact décisif sur la composition de la future Assemblée, s’ils se rendent aux urnes dimanche.


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