Le ralliement de Nicolas Bay à Eric Zemmour se concrétise sur fond de guerre ouverte avec Marine Le Pen – Le Monde
Nicolas Bay réfléchissait à la meilleure façon d’annoncer son départ, Marine Le Pen a tiré la première. Pour désamorcer l’onde de choc de la défection de l’un des plus hauts cadres du Rassemblement national (RN), la candidate a précipité, mardi 15 février, l’annonce du ralliement, certes attendu, à Eric Zemmour de l’eurodéputé, qu’elle accuse de « haute trahison ». Dans la soirée, le parti a publié un sévère communiqué dénonçant un « comportement parfaitement immoral » et une « duplicité indigne de la confiance placée en lui », pour justifier la décision de « le suspendre de son porte-parolat de campagne ainsi que de toutes ses autres responsabilités ».
Une heure auparavant, Nicolas Bay avait publiquement réclamé une réunion en urgence du bureau exécutif pour avoir « une explication franche » à propos de « la crise » traversée par la campagne. Le RN a coupé court à toute négociation et rendu publique la guerre sourde qui couvait depuis longtemps. « Nous avons eu confirmation que Nicolas Bay, profitant de sa présence dans les plus hautes instances de la campagne, transmet depuis des mois des éléments stratégiques et confidentiels à notre concurrent direct, Eric Zemmour », a indiqué le parti, en dénonçant « un véritable sabotage ». L’état-major du RN n’a pas indiqué de quelles informations il s’agirait.
Nicolas Bay a de son côté dénoncé « des accusations grotesques et grossières » et répondu qu’il n’était « associé à aucune décision » – il est vrai qu’il n’était même pas invité au bureau de campagne. « Il s’agit de calomnies auxquelles je répondrai de manière appropriée », a tranché l’ancien secrétaire général du RN. Son collègue eurodéputé Gilbert Collard, qui l’attend à Reconquête !, le mouvement de M. Zemmour, ironisait mardi soir sur ces accusations d’espionnage : « Le Rassemblement national fait semblant de chasser quelqu’un qui est parti pour sauver l’honneur. Je ne veux pas être cocu donc je quitte ma femme. »
Une place centrale au RN
Marine Le Pen avait préparé le terrain mardi matin, lors d’un déplacement à Villers-Cotterêts (Aisne) sur la francophonie. « Je voudrais demander à ceux qui opèrent la stratégie de la limace de bien vouloir accélérer leur départ », avait cinglé la candidate avec une sorte de rage froide. Elle avait, sans citer de nom, parlé du « sabotage » qui consiste à « rester des semaines et des semaines dans des instances, au cœur nucléaire » de la campagne, pour renseigner un concurrent politique : « C’est ça que j’appelle la stratégie de la limace, non seulement parce que la limace est lente, mais aussi parce qu’elle est poisseuse. »
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