« Le président doit répondre aux milliers de paysans français » : devant les préfectures, les agriculteurs manifestent à nouveau – Le Monde
Après les « feux de la colère » et des opérations de blocage, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) appellent à une nouvelle journée de mobilisation.
Ils n’en sont pas à leur première mobilisation. Après les « feux de la colère » en septembre et des opérations de blocage, début octobre, les agriculteurs redescendent dans la rue. Aux cris de « Macron, réponds-nous ! », à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA), les paysans ont rendez-vous devant toutes les préfectures, mardi 22 octobre, pour faire entendre leur détresse et demander au président de la République de les défendre contre les maux qui affectent un secteur en crise.
Dès lundi soir, environ 200 agriculteurs, venus à l’appel des Jeunes Agriculteurs de la Sarthe au centre-ville du Mans avec une quarantaine de tracteurs, ont déversé de la paille devant la préfecture de la Sarthe dont ils ont recouvert l’entrée avec une grande bâche.
Ras-le-bol
Pour les agriculteurs, les motifs de crispation sont nombreux : agribashing ou déconsidération du monde agricole et de ses pratiques, surtranspositions de règlements européens, accords de libre-échange, retards de paiement des aides européennes.
Le 8 octobre, 10 000 agriculteurs, selon la FNSEA, avaient déjà bloqué les grands axes routiers dans la France entière. Mardi, ils prévoient quelques opérations escargots, pas de blocage. « Ce sont des actions devant les préfectures pour lancer un appel au président de la République », a déclaré Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, principal syndicat agricole.
D’Arles à Epinal, de la Haute-Savoie à la Gironde, les paysans comptent interpeller chef de l’Etat affichant le mot-clé #SauveTonPaysan lors d’opérations de bâchage des bâtiments institutionnels. « Nous exigeons enfin une réponse du président de la République, réponse qu’il doit aux milliers de paysans français tant l’heure est grave ! », déclare la FDSEA de l’Hérault. « On ne peut pas intéresser des jeunes à venir dans cette filière-là avec un bilan qui est quand même très sombre », estime, pour sa part, Arnaud Gaillot, secrétaire général des JA.
Outre les intrusions dans les élevages des militants antispécistes ou les pressions sur l’utilisation de produits phytosanitaires, avec la mise en place de zones de non-traitement (ZNT) de pesticides, les agriculteurs déplorent, pour beaucoup, des revenus en berne, en partie à cause de la guerre des prix des acteurs de la grande distribution.
Une situation que devait régler au moins partiellement la loi Alimentation, censée ramener du revenu dans les fermes en rééquilibrant les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs.
L’aveu du ministre de l’agriculture
« Le compte n’y est pas » quant à la rémunération des agriculteurs, a affirmé lundi le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume lors d’un bilan de la loi Alimentation, qui devait rééquilibrer les relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs. « Il n’est plus possible que les agriculteurs soient rémunérés à un prix inférieur à ce que ça leur revient », a déploré M. Guillaume lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres.
La secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a pour sa part rappelé que les autorités contrôlaient l’application du seuil de revente (SRP) et de la limitation des promotions : « La DGCCRF effectuera 6 000 contrôles d’ici la fin de l’année, elle en est aux alentours de 3 500 aujourd’hui. »
Selon le ministre de l’agriculture, « il n’y a jamais eu autant (…) de conversion en bio » que depuis le vote de la loi il y a un an, et « 71 % de la restauration collective met des produits sous signe de qualité et des produits bio » dans ses menus.