Le premier traitement oral contre le Covid pourrait arriver en pharmacie avant Noël – Les Échos

Publié le 27 oct. 2021 à 10:23

Après les vaccins, on a peut-être enfin trouvé un traitement contre le Covid qui marche et qui est facile à prendre. Les laboratoires pharmaceutiques Merck et Ridgeback Biotherapeutics ont développé une gélule qui suscite un immense espoir.

Le gouvernement américain en a commandé 1,7 million de doses en juin pour 1,2 milliard de dollars. La France s’est également positionnée. Comme l’a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d’une audition au Sénat, mardi, « 50.000 doses de ce médicament vont être livrées à la France à compter des derniers jours de novembre ou des premiers jours de décembre, c’est-à-dire dès que les traitements sortiront des chaînes de production ».

Cet antiviral baptisé Molnupiravir a deux grandes qualités. D’abord, les essais cliniques de phase 3 semblent concluants : 50 % de mortalité et d’hospitalisations en moins, après administration du traitement à des personnes à risque, non-vaccinées et infectées.

Une simple gélule à avaler

Deuxième avantage, le Molnupiravir est une simple gélule à avaler avec un verre d’eau. Autrement dit, il pourra être administré par des soignants en ville, contrairement aux traitements actuels qui sont injectés par voie intraveineuse ou intramusculaire à l’hôpital. « Nous comptons sur les médecins généralistes et les pharmaciens pour apporter ce traitement aux Français », explique-t-on au ministère de la Santé.

Depuis mars, l’Etat français a déjà passé commande de plusieurs traitements contre le Covid aux laboratoires Lilly, Roche, Regeneron, AstraZeneca. Ces anticorps monoclonaux sont destinés à être administrés à quelques milliers de personnes qui fréquentent l’hôpital. Ils seront par exemple prescrits à une personne greffée, à titre préventif.

« Nous avons été les premiers en Europe à distribuer les anticorps monoclonaux, mais sans parvenir à les diffuser largement. Avec ce traitement, nous espérons réussir à la fois en termes de précocité et de diffusion », indique le ministère de la Santé. Le cabinet d’Olivier Véran met également en avant un autre avantage du Molnupiravir : contrairement aux anticorps monoclonaux qui sont sensibles aux variants, cet antiviral devrait fonctionner avec les diverses mutations du Covid.

Le premier accès précoce en ville

Le gouvernement compte autoriser ce nouveau médicament via la procédure d’accès précoce, qui remplace depuis cette année les autorisations temporaires d’utilisation. Elle permet de ne pas attendre que l’Agence européenne du médicament (EMA) se prononce, même si celle-ci a ouvert une procédure accélérée d’examen ce lundi. Cette dérogation n’est accordée qu’aux traitements qui n’ont pas d’alternative.

Seules l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Haute Autorité de santé doivent au préalable donner leur feu vert. L’issue fait peu de doute. Le gouvernement espère que les autorités sanitaires françaises valideront la sécurité et le rapport bénéfice/risques du Molnupiravir avant la fin novembre.

Pour qu’il soit distribué en ville et non à l’hôpital, il faudra une dérogation aux règles de l’accès précoce, une autre première – un arrêté ministériel suffira. Les médecins libéraux prescripteurs et les pharmaciens devront aussi pour la première fois contribuer à une étude en vie réelle de ce traitement, en renseignant un registre des données cliniques.

Adultes, symptomatiques, infectés depuis peu

Reste à savoir quelles seront les indications de ce nouveau traitement. Il devrait a priori être prescrit uniquement pour soigner, et non à titre préventif, chez des patients à risque (30 à 35 % de la population). L’agence des maladies infectieuses ANRS-MIE estime qu’il ne faut pas réserver ce médicament aux non-vaccinés.

La commande de 50.000 doses peut paraître modeste eu égard à la reprise des contaminations un peu partout en Europe. « C’est une première commande, et nous avons choisi le volume », rétorque-t-on au ministère de la Santé. De plus, argue-t-on, seuls les adultes seraient concernés, qui plus est symptomatiques, en ville, et à un stade précoce d’infection (moins de 5 jours).

Quant au prix payé par l’Etat français, il n’a pas été révélé, comme toujours dans ce type de contrats. La facture américaine, 700 dollars par traitement, donne cependant une idée du tarif appliqué par Merck aux pays développés, dont la France fait partie.

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