Le premier ministre promet la création d’un commissariat au Plan – Le Figaro

Pour rebondir face à la crise, l’exécutif ressort le commissariat au Plan. Le premier ministre Jean Castex a en effet profité de son discours de politique générale, ce mercredi après-midi à l’Assemblée nationale, pour annoncer le grand retour de ce portefeuille censé «rééclairer l’action publique d’une vision de long terme». Pour lui, le commissariat a vocation à permettre «de planifier la politique économique et définira les gisements de croissance future».

Créé en janvier 1946 par le général de Gaulle – à l’initiative de Jean Monnet -, le Plan avait à l’époque pour mission de moderniser la France sur la base d’indications, et de distinguer l’Hexagone de l’économie planifiée des nations soviétiques. Ce portefeuille a connu son apogée sous la IVe République, lorsqu’il était censé établir les plans pour reconstruire le pays au sortir de la guerre. «Le mot “plan” avait un peu disparu du vocabulaire», a concédé le nouveau premier ministre, Jean Castex, sur RMC/BFMTV la semaine dernière, revendiquant ainsi sa filiation au gaullisme.

Une arme «contre la dictature de l’instant»

Le Plan a notamment permis la modernisation technologique de la France dans les années 1960 (aménagement du territoire, nucléaire mais aussi le Concorde ou le TGV) , avant de voir son influence ralentir en 1993, à la disparition des plans, sous la présidence de François Mitterrand. Alors que le gouvernement Chirac envisage sa suppression en 1986, l’ex-commissaire général au Plan Pierre Massé affirme : «Supprimer le Plan au nom d’un libéralisme impulsif serait privé le pouvoir d’une de ses armes contre la dictature de l’instant.»

Petit à petit, la France abandonne toutefois la planification pour se consacrer à l’analyse. Le Commissariat se transforme en 2006 en un Centre d’analyse stratégique, à l’origine de l’actuelle institution France Stratégie, sous la tutelle du premier ministre.

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Qui investira alors l’Hôtel Vogüé ? Jean Castex n’a pas exclu la nomination de François Bayrou. Si le président du MoDem en hérite, il succédera à Sophie Boissard, qui a remplacé Alain Etchegoyen en 2005 avant de prendre la direction du Centre d’analyse stratégique. Il compterait de nombreux prédécesseurs, parmi lesquels Jean-Baptiste de Foucauld, ancien conseiller de Jacques Delors, nommé par le gouvernement d’Édith Cresson en 1992.

Vivement critiqué par Jacques Chirac, ce dernier a été remplacé en 1995 par l’économiste Hervé Guaino, fidèle du Rassemblement pour la République (RPR) et future plume de Nicolas Sarkozy. Dans un grand entretien au Point le 30 mai dernier, l’ancien commissaire exhortait le gouvernement à remettre en selle l’institution gaullienne. «Je ne vois pas qu’au-delà des plans qu’on tire sur la comète pour le futur, on a pris la mesure de l’urgence à laquelle nous sommes confrontés » a-t-il affirmé, assimilant la crise sanitaire à la situation de l’après-guerre.

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