Le port du masque sera « systématisé » dans les entreprises à la rentrée – Le Monde

Des couturières travaillent dans l’atelier Dior à Paris, le 16 juillet 2020.

Cela fait quelques jours que les autorités publiques et sanitaires le laissaient entendre. C’est désormais confirmé : d’ici à la rentrée, le port du masque sera « systématisé » en entreprise dans « tous les espaces clos et partagés », a fait savoir la ministre du travail, Elisabeth Borne, mardi 18 août, à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux.

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« Il est nécessaire de systématiser, comme l’a préconisé le Haut Conseil de la santé publique, le port du masque dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés », comme les « salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces », a-t-elle déclaré à l’issue de deux heures de visioconférence avec les représentants syndicaux et patronaux. Le port du masque ne sera cependant pas obligatoire dans les bureaux individuels, a précisé le ministère à Reuters. Le protocole pour assurer la sécurité des salariés en entreprise n’imposait jusqu’à présent le masque que lorsque la distanciation d’un mètre n’était pas respectée.

La mesure sera consignée « dans les prochains jours » dans un « protocole national pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs en période de Covid-19 », en vue d’une application pour « la fin août », a encore expliqué la ministre. Considéré comme un « équipement individuel de sécurité », le coût du masque, chirurgical ou en tissu, sera désormais à la charge de l’employeur. En fonction de l’évolution sanitaire et des typologies de locaux d’entreprise, cette mesure pourra souffrir de dérogations après avis des autorités de santé.

Télétravail recommandé

Par ailleurs, des mesures spécifiques, à définir, seront applicables pour l’hébergement des travailleurs saisonniers et dans les abattoirs, qui se sont révélés des foyers de contamination cet été, a précisé Yvan Ricordeau, de la CFDT, présent à cette réunion avec le ministère qui s’est déroulée en visioconférence. « Des réunions vont commencer la semaine prochaine, a-t-il ajouté, se montrant satisfait de la généralisation du port du masque en entreprise. Pour soutenir l’activité, il faut donner des éléments de sécurité aux salariés. »

« Pas opposé » à cette mesure, Fabrice Angéi, de la CGT, s’interroge sur la « qualité des masques ». « Il faut une filière de production au niveau national, avec des masques de qualité qu’on peut contrôler, a-t-il suggéré. Les masques, ça ne fait pas tout, il faut aussi travailler sur les questions d’organisation du travail, de télétravail et de réduction du temps de travail. »

S’agissant du télétravail, « on va rester sur les règles d’aujourd’hui : télétravail recommandé dans les zones où le virus circule activement », a précisé Mme Borne, tout en incitant les partenaires à entamer et à accélérer une négociation sur le sujet.

L’exécutif est sur « une ligne de crête pas évidente à tenir », avait dit à l’AFP avant la réunion François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. « Il faut avoir un message de sensibilisation » et « en même temps éviter d’envoyer des messages trop anxiogènes qui viendraient gripper l’activité dont tout le monde a besoin ».

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Près d’un quart des « clusters » en entreprise

Les indicateurs statistiques de contaminations sont repartis à la hausse depuis le dernier protocole, inquiétant autorités sanitaires et gouvernement, qui craignent une deuxième vague susceptible de faire tanguer de nouveau le système hospitalier et l’économie. Devant les obligations de porter le masque à l’extérieur prises dans certaines villes, comme Paris et Marseille, plusieurs médecins militent pour qu’il devienne obligatoire dans les espaces clos que sont les entreprises.

Les protocoles actuels pour les lieux de travail « ne prennent pas suffisamment en compte » le risque de propagation du Covid-19 par aérosols (fines gouttelettes en suspension dans l’air expiré par les malades), déploraient une vingtaine de médecins vendredi dans une tribune publiée par Libération. Mardi, un collectif de professionnels de santé, C19, avait également saisi le Conseil d’Etat pour rendre le masque obligatoire dans tous les lieux clos, le domicile étant la seule exception à la règle.

Selon les derniers chiffres de Santé publique France, 24 % des « clusters », foyers de contamination, sont situés en entreprise (hors établissements médicaux).

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Le Monde avec AFP et Reuters

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