Le phare de Cordouan, « Versailles de la mer », classé sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité – Le Monde

Le phare de Cordouan à marée basse le 10 juin 2021.

En dix minutes et sans questions, signe d’unanimité, plus de quatre cents ans d’histoire sont entrés au patrimoine mondial de l’humanité. À 14 h 44, samedi 24 juillet, le phare de Courdouan, mis en service en 1611, a été inscrit sur la prestigieuse liste de l’Unesco. Cordouan : « Adopté ». A l’annonce souriante de Tian Xuejun, le président de cette 44e session du Comité du patrimoine mondial qui se tient à Fuzhou (Chine), via internet, la joie a éclaté dans un bureau de l’Unesco, à Paris.

Côte à côte, Pascale Got, présidente du Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde (Smiddest) et Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de la France à l’Unesco, ont exprimé « fierté et émotion », après cinq ans de travail pour porter cette candidature. « Votre reconnaissance offre un nouveau sacrement au phare des rois », symbole « politique, scientifique, historique et maritime », a souligné l’ancienne députée de la Gironde. « Maintenant, il va falloir tenir le rang. Cette reconnaissance universelle nous oblige pour des générations », insiste Mme Got, interrogée par Le Monde. Face à l’océan, au milieu de l’estuaire de la Gironde, le phare veille depuis des siècles sur le sort des marins. « Un roi de l’Atlantide [que l’on] dirait surgi du grand fond », écrit Vincent de Swarte dans Pharricide (Calmann-Lévy, 1998), sublime roman noir qui se déroule à Cordouan.

Lire aussi Les grandes villes d’eau d’Europe, dont Vichy, inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco

Derniers gardiens de phare

Qu’elle s’adresse à un public international ou restreint, la présidente du Smiddest – organisme qui recrute et paie les gardiens de Cordouan – n’oublie jamais de mentionner ces derniers représentants d’une profession éteinte avec l’automatisation des feux, achevée en 2019. Ce sont eux qui désormais, en plus de l’entretien des groupes électrogènes, du « ménage » du monument ou de quelques menus travaux, sont devenus les passeurs de mémoire de cet édifice unique, à l’attention de quelque 24 000 visiteurs annuels. Ceux-ci ne seront jamais plus nombreux. Lorsqu’on dit annuel, il faut entendre la belle saison, d’avril à octobre, et encore pas tous les jours, si la météo le défend.

Le gardien de phare Thomas Dalisson, 38 ans, prend congé de son collègue Nicolas Quezel-Guerraz, 43 ans, en quittant le phare de Cordouan au large du Verdon sur mer le 11 juin 2021.

C’est la marée qui commande. Descendante, elle découvre l’estran, le plateau rocheux sur lequel a été construit le phare, entre 1584 et 1611, et le peyrat, le chemin empierré qui mène à la poterne. Elle laisse voir en entier la muraille circulaire haute de plusieurs mètres, bouclier protecteur de Cordouan, et autorise l’entrée des admirateurs. Régis Margnier, 45 ans, adjoint au subdivisionnaire des Phares et Balises, gardien à Cordouan à l’âge de 20 ans, a eu « la chance » de participer à la campagne de 2004-2005 pour renforcer cette ceinture historique. « Des morceaux entiers avaient été emportés par la tempête de 1999 » précise l’ancien gardien. Plus de 130 « micro-pieux » ont été plantés dans le plateau rocheux et un espace a été aménagé entre la cuirasse de béton armé, sous la pierre, et le phare. « Depuis, il est réellement protégé. Avant, par gros temps, ça vibrait de partout », précise l’homme des Phares et Balises, qui gèrent toujours les feux des phares de France.

Il vous reste 33.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading